XIAO YANYAN

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Je me souviens.

Xiao Yanyan (萧燕燕) était assise sur son trône d'impératrice douairière, vêtue de ses habits traditionnels et ses longs cheveux autrefois noirs étaient retenus en chignon.

Des parures de jade et des bagues multicolores ornaient ses doigts déformés par l'âge.

Vénérable, puissante, impériale.

Les courtisans et les eunuques s'inclinaient devant l'impératrice douairière, et même son fils, l'empereur Liao Shengzong craignait le courroux de sa divine mère.

Xiao Yanyan, impératrice et cheffe de guerre.

Et comme les autres, je m'inclinais avec ferveur.

Xiao Yanyan, née au sein de l'empire khitan, appartint à la dynastie Liao.

Une puissante impératrice et un redoutable chef de guerre.

Elle épousa l'empereur Liao Jingzong et, à la mort de celui-ci, elle prit la régence du vaste empire du Milieu. Son fils était trop jeune pour monter sur le trône.

Et sa mère se montra une exceptionnelle souveraine.

Elle fut aussi une brillante dirigeante militaire, elle mena personnellement sa propre armée.

Xiao Yanyan combattit ses ennemis et les écrasa, l'impératrice négocia la paix.

Et l'Empire chinois domina l'Asie.

Je me souviens.

Xiao Yanyan ne souriait pas, elle dominait l'assemblée de courtisans et de serviteurs, les regardant à peine.

Ses mains étaient croisées devant elle, lourdes de leurs bijoux et affaiblies par l'âge.

Autoritaire, impériale, vénérée.

Les dames de la cour entouraient l'impératrice douairière, et même l'impératrice en titre baissait les yeux devant sa mère devant les dieux.

Xiao Yanyan, épouse et mère d'empereur.

Et comme les autres, je l'entourais avec un profond respect.

L'Empire du Milieu et son trône attiraient les convoitises, la dynastie Liao était en conflit avec la dynastie Song.

Lors de son mariage avec l'empereur Liao Jingzong, la jeune impératrice Xiao Yanyan découvrit une situation difficile. Jingzong s’employait à mettre de l’ordre au sein de son gouvernement en congédiant les corrompus et les incompétents, en réformant tout : administration, stratégie militaire, taxes…

Seulement, l'empereur était de santé fragile.

Alors il s'en remit à son épouse.

Et la jeune impératrice Xiao Yanyan surprit les vieux conseillers, prêts à la manipuler et à la soumettre.

Une impératrice, dotée d'une intelligence vive et stratégique, d'une terrible clairvoyance et d'une autorité de fer.

La mort de l'empereur Jingzong ne fit que donner plus de pouvoir à l'impératrice qui devint veuve et impératrice douairière, au nom de son fils Liao Shengzong.

Je me souviens.

Xiao Yanyan était l'incarnation vivante du pouvoir et de l'autorité.

Ses yeux, sombres, se posaient sur le monde avec une gravité impassible.

Impériale, révérée, écoutée.

L'empereur, lui-même, s'inclinait pour vénérer sa mère et un instant sa main se posait sur les doigts croisés de celle qui lui donna la vie et protégea son trône.

Xiao Yanyan, cheffe de guerre et général vainqueur.

Et comme les autres, je la vénérais avec un amour de fidèle.

Un immense empire qui s'étendait dans les steppes mongoles, et l'est de la Chine, composé principalement de Chinois Hans, mais aussi de Mongols et des Toungouses.

Et tandis que l'impératrice douairière continuait à réformer son empire, elle se prépara à la guerre contre l'empereur Song Taizong.

L'impératrice leva une armée et prit elle-même le commandement d'une troupe de 10 000 cavaliers.

Ce fut une longue guerre, à 51 ans, Xiao Yanyan partait encore au combat à la tête de ses troupes, en compagnie de son fils Liao Shengzong.

La victoire fut complète et les Song s'inclinèrent devant l'empire Liao.

Ce fut enfin la paix.

Je me souviens.

Pour servir sa cour, l'impératrice prit un décret qui marqua l'histoire de la Chine et la vie de ses palais.

Xiao Yanyan ordonna la castration d'environ 100 garçons qu'elle avait capturés en Chine durant la guerre. Elle en fit ses eunuques personnels.

Tous de beaux garçons, âgés de moins de dix ans et destinés à servir la royauté.

Enfin, progressivement, avec intelligence et clairvoyance, l'impératrice rendit le trône et le pouvoir à son fils.

L'impératrice douairière Xiao Yanyan s'effaça doucement du pouvoir.

Sa mort fut calme et douce, et l'empire prit le deuil.

L'empire Liao, comme il se devait, mais aussi l'empire Song.

Car même l'ennemi respectait son vainqueur.

Et le vénérait.

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