LAKSMÎ BAÎ

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Je me souviens.

L'Inde était si belle et si magique.

Au soir des jours de paix, on écoutait le chant de l'alouette et on regardait l'or du soleil se teindre de noir.

La rani de Jhansi écoutait aussi et ses yeux brillaient de contentement.

Sur ses genoux se tenait son fils, adoptif, puisque les dieux n'avaient pas voulu que le sien vive.

Et l'Inde était en paix avant les tourments de la guerre.

Lakshmî Bai, en marathi : झाशीची राणी लक्ष्मीबाई, était une guerrière et une reine accomplie.

Elle savait monter à cheval, elle savait se battre à l'épée, elle savait les arts martiaux.

Elle savait aussi la musique et la poésie.

Elle savait diriger les royaumes et diriger les armées.

Car Lakshmî Bai était une reine guerrière et une rani !

Je me souviens.

Les Anglais vinrent en Inde et se posèrent en conquérant.

Car la rani perdit son mari, le maharaja de Jhansi, un petit royaume situé en Inde du Nord, oublié des dieux et des hommes.

Le roi Gangadhar Rao mort, qui devait reprendre le royaume ?

La Compagnie britannique des Indes Orientales chercha à annexer les terres en prétextant l'absence d'héritier masculin direct pour le trône.

On offrit à la veuve du maharaja, une rente annuelle de 60 000 roupies en compensation de son départ.

De l'argent contre un trône !

Lakshmî Bai refusa fièrement : « Je n’abandonnerai pas ma Jhansi ».

Lakshmî Bai était une femme fière et une reine accomplie.

Elle avait conscience de ses responsabilités et entendait les assumer.

Elle avait un fils aimé, Damodar Rao, et entendait lui assurer le trône.

Elle avait charge d'un royaume et entendait lui assurer l'indépendance.

Car Lakshmî Bai était avant tout une reine et une femme libre !

Je me souviens.

L'Inde était déjà en proie à la guerre et à la révolte contre la colonisation anglaise.

Pour des cartouches de fusil lubrifiées de graisse animale, les soldats indiens, appelés Cipayes, s'étaient mutinés en 1857 contre la Compagnie anglaise des Indes Orientales.

Ce n'était pas qu'une histoire de cartouche mais une affaire de religion, un hindou ou un musulman devaient respecter des interdits alimentaires et ces balles étaient des camouflets pour les Indiens.

Ces fameux Cipayes étaient au départ quelques centaines de soldats mutins mais cette révolte s'était transformée en un soulèvement populaire.

L'Inde se rebellait contre l'Angleterre, on parlait de guerre d'indépendance indienne.

Lakshmî Bai prit les armes et rejoignit la rébellion indienne.

Elle devint le symbole de la résistance à la colonisation britannique.

Elle mena ses armées composées de milliers de fantassins et de cavaliers à la guerre.

Elle se battait avec une épée dans chaque main et les rênes de son cheval étaient glissés entre ses dents.

Car Lakhsmî Bai était la vivante réincarnation de Kali, la déesse de la guerre.

Je me souviens.

La rani de Jhansi rassembla une armée de volontaires composées d'hommes, certes, mais aussi de femmes. 14 000 femmes.

La bataille de Jhansi eut lieu le 25 mars 1858.

Ce fut une terrible bataille et elle se solda par un échec après deux semaines de siège.

La ville tomba.

Durant quatre jours, la ville de Jhansi subit le martyr des villes prises par l'ennemi.

Quatre jours d'incendie, de pillage, de meurtre, de viol, de massacre...

Un prêtre hindou, Vishnubhat Godse, laissa le témoignage de cet horreur.

Bien sûr, la vision anglaise est différente, seuls les combattants furent exécutés et les civils furent épargnés. 5000 morts furent comptabilisés.

Un soldat anglais témoigna qu'il avait reçu l'ordre de "n'épargner personne de plus de 16 ans, à l'exception des femmes, bien évidemment."

Qui croire ?

Lakshmî Bai perdit la bataille contre les Anglais.

Elle s'enfuit dans la nuit, son fils sanglé dans le dos.

Elle s'enfuit, la haine au corps et la désir de vengeance encore plus fort.

Elle s'enfuit avec deux de ses gardes, en se promettant de revenir avec une armée.

Car Lakhsmî Bai était une reine bafouée qui se jurait de se venger et de chasser le colonisateur de ses terres.

Je me souviens.

La rani fit cent cinquante kilomètres à dos de cheval pour rejoindre les autres princes rebelles.

On vit arriver cette femme, échelevée, sale et fatiguée, mais au courage indemne et à la volonté de fer.

A la forteresse de Kalpi, on accepta de suivre la rani de Jhansi et de reprendre l'offensive.

On attaqua la forteresse de Gwâlior.

Et on s'en empara !

Ce fut l'unique victoire de la rani de Jhansi mais elle marqua les esprits !

Lakshmî Bai perdit la vie durant la contre-attaque des Anglais à Gwâlior.

Elle reçut une balle dans le dos, tirée par un cavalier des Irish Hussars. La rani se retourna et voulut riposter, mais le cavalier la transperça de son épée et la tua.

Le général anglais, Rose, rendit hommage à son adversaire en affirmant que « la mutinerie indienne avait engendré un homme, et que cet homme était une femme ».

Car Lakhsmî Bai était une reine, une guerrière, un symbole, une femme...égale aux hommes...

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