MAGELLAN

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Je me souviens.

Le bleu profond de l'Océan et la course des dauphins.

Un peu pirate, un peu marchand.

Fernand de Magellan, Fernão de Magalhães en portugais, dirigeait son expédition de main de maître.

Tout en désignant les îles dans le lointain.

Les Moluques, les fameuses îles aux épices étaient le but principale de l'expédition.

Les merveilleuses îles où abondaient les richesses et où les femmes étaient lascives.

Rêve de marin et espoir de navigateur.

L'Espagne comptait sur son capitaine.

Bleu, bleu, si bleu.

Magellan parlait des commerçants Malais et du trafic du girogle et de la noix de Muscade.

Le projet que Magellan offrit à l'Espagne était de rejoindre les îles aux épices par l'ouest.

Prendre la route de Christophe Colomb et bifurquer vers le sud.

Glisser le long des côtes d'Amérique jusqu'au premier passage qui permettait de rejoindre l'Asie.

Etait-ce seulement possible ?

Magellan parlait avec conviction.

Qu'on lui offre un équipage et il ferait ce voyage !

Je me souviens.

Les jours si longs sur les caravelles et le rationnement des vivres.

Un peu fou, un peu illuminé.

Fernand de Magellan évoquait maintenant la possibilité de faire le tour du monde.

Tout en évoquant toujours le rêve des îles lointaines.

Rêve de marin et espoir de navigateur.

Les îles Moluques étaient-elles espagnoles ou portugaises ?

Il suffisait d'y aller et d'y planter un drapeau pour s'en rendre maître.

Et Magellan en parlait, les yeux brillants de plaisir.

Bleu était l'océan, noirs étaient les yeux du navigateur.

L'équipage comptait sur son capitaine.

L'équipage comptait aussi sur son second.

Juan Sebastián Elcano était son ombre.

Mais le second doutait et il n'était pas le seul à douter.

Le capitaine Magellan, boiteux et inépuisable, dirigeait et commandait.

Magellan, le navigateur et explorateur.

Et les flots des mers, si bleus, se fendaient devant la proue de ses navires.

Je me souviens.

La Terre était ronde, on le savait, mais le voir confirmé par le voyage fut un soulagement pour tous.

Même le capitaine, tout scientifique qu'il était, but un verre de vin de Malaga avec un plaisir visible.

L'été austral se terminait alors que Magellan se rapprochait du sud.

Il fallut hiverner en Patagonie.

Les hommes avaient faim, les hommes avaient froid, les hommes voulaient rentrer.

Ce fut la mutinerie de Pâques.

Il y eut des combats sur le pont, il y eut des morts, il y eut des mutins abandonnés sur les rivages de Patagonie avec une épée et un peu de pain.

Une flotte de cinq navires, Trinidad, San Antonio, Concepcion, Santiago, Victoria et un équipage de 242 hommes.

Le Santiago s'échoua et le passage du détroit, le détroit de Magellan, fut une terrible épreuve.

Un dédale de fjords, cernés de falaises "menaçantes", avec des eaux "sinistres", que les navires mirent un mois à traverser.

Au loin, les marins apparcevaient le continent mais c'était une "Terre de Feu", un pays de sorciers. Des fumées venaient de l'intérieur des terres, les hommes craignaient les attaques de monstres marins et de harpies maléfiques.

Les mers avaient différentes teintes, différentes profondeurs, différentes humeurs.

De la haute mer, recelant des monstres en son sein, d'un bleu devenu noir à l'eau des atolls, bleu-vert scintillant, d'une transparence de nacre...

Et les tempêtes brisaient les courages.

Je me souviens.

Bleu, si bleu, si beau, si calme. L'Océan Pacifique.

Mais l'équipage grondait.

" Nous ne mangions que du vieux biscuit tourné en poudre, tout plein de vers et puant, pour l'ordure de l'urine que les rats avaient faite dessus et mangé le bon, et buvions une eau jaune infecte, » rapporta Antonio Pigafetta.

Magellan ne perdait pas courage mais le scorbut et le béribéri diminuaient celui de son équipage.

Enfin, on arriva aux îles et le rêve paradisiaque devint réalité.

Les indigènes qui venaient à bord de leurs pirogues à la rencontre des marins accueillaient ces derniers avec le sourire et les chansons.

Les paysages idylliques, les épices abondantes, les oiseaux multicolores magnifiques à voir.

Les peuplades se convertissaient au christianisme et des messes furent dites pour la première fois dans ces terres de l'autre bout du monde.

Les îles Marianne, les Philippines, l’île d'Homonhon...

Soudain, le rêve paradisiaque se transforma en cauchemar.

Lapu-Lapu, le roi de l'île de Mactan, refusa de se soumettre aux envahisseurs et à leur religion.

Il voulait aussi venger le viol des femmes et le pillage des richesses auxquels se livraient sans retenue les nouveaux venus.

Magellan organisa une expédition contre ces indigènes nus et mal armés.

Soixante hommes en armures contre des indigènes armés de flèches empoisonnées.

Ce fut une défaite !

Magellan fut blessé par une flèche et mourut, avec six de ses compagnons, le 27 avril 1521.

Juan Sebastián Elcano reprit la mer avec les 113 hommes qui restaient de l'équipage et seulement deux vaisseaux purent s'échapper des Philippines, le Victoria et le Trinidad.

Ils arrivèrent à Séville en septembre 1522, en ayant ainsi achevé la première circumnavigation de l'histoire.

Un voyage de trois ans, de 1519 à 1522.

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