IMHOTEP

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Je me souviens.

Le Nil resplendissait au soleil, joyaux précieux sous les rayons du Soleil.

Hâpy caressé par les mille mains bienfaisantes de Râ.

Resplendissant et magnifique.

Un joyaux précieux entouré de deux émeraudes étincelantes.

Les terres fertiles d'Egypte.

Geb.

Et au-dessus de lui, s'étirant sur toute l'étendue du ciel.

Nout.

Le soleil parcourait le corps de Nout et le monde vivait une nouvelle journée.

Le chantier avançait bien. Loin du Nil et déjà dans le désert.

Loin d'Hâpy et sur le territoire de Seth.

Là où les libations des divinités devaient être édifiées, entre le monde des vivants et le monde des morts.

Ainsi l'avaient décidé les dieux.

Imhotep, vizir et architecte du roi Djéser, contemplait le chantier et souriait.

Oui, le chantier avançait bien et pharaon sera content.

Je me souviens.

Les Libations des divinités étaient une révolution dans ce monde stable qu'était l'Egypte.

Un monde de gestes millénaires et de coutumes inchangées.

Et voilà, qu'à Saqqarah, aux portes du désert, le roi Djéser se faisait construire un gigantesque complexe funéraire avec des temples et des chapelles, et avec une pyramide.

L'oeuvre d'une vie pour un dieu vivant !

Naturellement, le roi en chargea son plus proche conseiller.

Et Imhotep s'inclina devant les ordres de son dieu et souverain.

La crue du Nil montait inexorablement et le peuple était en liesse.

Le limon noir allait fertiliser les champs et permettre à la vie de continuer.

Une année sans famine !

Khnoum,« le maître de l'eau fraîche », le dieu des cataractes, avait ouvert la caverne de Hâpy, à Elephantine, libérant ainsi l'inondation en libérant le dieu du Nil.

Hâpy, le dieu au corps noir, était vénéré en ce jour béni entre tous.

Geb se couvrait de l'eau du Nil.

Râ faisait resplendir de mille couleurs chatoyantes les champs submergés.

Et les prêtres entamaient de longues cérémonies de remerciement.

Je me souviens.

Imhotep, "celui qui vient en paix", édifia la première pyramide à degrés du monde.

Architecte, vizir, médecin, philosophe.

Le roi Djéser le faisait présenter ainsi : « Le chancelier du roi de Basse-Égypte, le premier après le roi de Haute-Égypte, administrateur du grand palais, noble héréditaire, grand prêtre d'Héliopolis, Imhotep, le constructeur, le sculpteur ».

En son honneur et par amitié, le roi fit graver ces mots sur le socle de ses statues.

Honneur et récompense.

Les deux hommes s'étaient si longtemps côtoyés.

Le pharaon venait parfois sur le chantier, impressionné par l'importance des travaux et la délicatesse de sa pyramide.

Imhotep souriait en entendant l'éloge de son roi.

" Imhotep, chancelier du roi de Basse-Égypte, sous-ordre du roi de Haute-Égypte, chef de grand domaine, chef des pât, grand des voyants (grand prêtre d'Héliopolis), maître artisan des sculpteurs et des maçons »

Ce qui l'amusait le plus était qu'on le désigne comme le "Fils de Ptah" et " Fils de Sekhmet."

Imhotep se souvenait de ses parents, simples humains dans l'ordre général des choses.

Pas des dieux et des déesses.

Le pharaon visitait le chantier avec enthousiasme, sachant qu'ici se retrouverait sa dépouille et qu'ici serait assurée son immortalité.

Les semaines passaient et la crue était haute.

On se souvenait de la famine que le roi Djéser avait combattue.

On remerciait le dieu-pharaon d'avoir reconstruit un temple au dieu Khnoum, sur l'île d'Éléphantine, à la première cataracte.

Par son temple, le roi avait mis fin à une famine de sept ans qui sévissait dans toute l'Egypte.

Du moins, c'était ce qui se racontait...comment savoir la vérité ?

Je me souviens.

Imhotep choquait et impressionnait par ses idées nouvelles.

Il utilisait de la pierre et non des briques en terre cuite !

Il utilisait des colonnes dans l'architecture !

Il inventait la pyramide à degrés comme "demeure d'éternité" pour son roi !

Le complexe du pharaon Djéser devait durer éternellement, à l'image du roi et nul ne devait oublier son nom !

Et par extension, son architecte, Imhotep.

Imhotep était aussi un médecin. On le voyait comme le fondateur de la médecine égyptienne.

Cela le faisait sourire, aussi, et lever les yeux au ciel.

Imhotep recevait ses patients, assis en tailleur sur le sol. Il portait un rouleau de papyrys déroulé sur ses genoux et il tenait un calame dans sa main gauche.

Imhotep, le scribe, concentré et attentif, les yeux levés sur son interlocuteur, attendait.

Puis, le médecin agissait : auscultation, diagnostic, traitement...

Beaucoup de magie encore mais aussi des observations anatomiques !

Je me souviens.

Imhotep devint un dieu.

Fils des dieux et récompensé pour ses oeuvres.

Grand-prêtre, il avait réformé la religion égyptienne et introduit le mythe d'Osiris.

La triade d'Abydos prit de l'ampleur dans la population égyptienne : Osiris - Isis - Horus.

Des dieux et des pharaons, des dieux et des pharaons du monde vivant et des Champs d'Ialou.

Ainsi, le pharaon, vivant, devenait éternellement roi sous la protection d'Osiris, de sa femme et de son fils.

Imhotep devint un dieu, associé à Thot, dieu de la connaissance et de l'écriture.

Gageons que cela le fit sourire encore davantage.

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