GALILEE

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Je me souviens.

Les nuits d'Italie, si belles et si intenses.

Les milliers d'étoiles et la lune, merveilleux corps céleste.

Et vous. Galilée.

Dessinant, pestant, installant mieux la lunette astronomique, pestant, dessinant puis m'appelant avec fébrilité.

" Là, là ! Vous devez voir ! Là !"

Hélas !

Je ne voyais que la merveilleuse lune et les corps célestes, et les étoiles, et la Voie Lactée.

Et vous étiez tellement déçu.

Maître. Un peu d'indulgence !

Galileo Galilei fut un mathématicien, un géomètre, un physicien, un astronome.

Il fut aussi un professeur d'université, un philosophe, un inventeur, un humaniste.

Il fut avant tout un Italien.

Amoureux de son pays et de ses nuits magiques, il observait de sa lunette astronomique les étoiles et restait fasciné par le Ciel.

Homme de la Renaissance, homme de science, homme en avance sur son temps.

Homme tout court.

Qu'en dites-vous, maître ?

Je me souviens.

Les lectures et les traductions, si tard dans la nuit ou si tôt le matin.

Les milliers de pages et les milliers d'observation pour en arriver à une conclusion.

Imparable !

Et pourtant. Galilée.

Prouvant, démontrant, pestant, installant mieux la lunette astronomique, examinant, pestant, calculant, puis m'appelant avec fébrilité.

" Voyons ! Vous devez bien comprendre ! Faites un effort !"

Hélas !

Je ne voyais que des dessins de systèmes solaires et je n'arrivais pas à comprendre.

Vous vous penchiez sur la feuille couverte de dessins et vous m'expliquez encore et encore.

" Ca, c'est le système géocentrique, le système de Ptomélée. Selon Platon et Aristote, la Terre est ronde et elle reste immobile au centre de l'univers. Ca, c'est le système héliocentrique, le système de Copernic. La Terre tourne à la fois sur elle-même et autour du Soleil car le Soleil est au centre de l'univers."

Vous vous taisiez et blanchissiez, conscient de ce que vous veniez d'affirmer.

Oui, maître. Je vous croyais sur parole.

Je me souviens.

« Moi, Galileo, fils de feu Vincenzo Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé devant les très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute hérésie dans la chrétienté, ayant devant les yeux et touchant de ma main les Saints Évangiles, jure que j'ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai, et avec l'aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Église catholique et apostolique affirme, présente et enseigne. Cependant, alors que j'avais été condamné par injonction du Saint-office d'abandonner complètement la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la Terre n'est pas au centre du monde et se déplace, et de ne pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée de quelque manière que ce soit, par oral ou par écrit ; et après avoir été averti que cette doctrine n'est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures, j'ai écrit et publié un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamnée et la présente par des arguments très pressants, sans la réfuter en aucune manière ; ce pour quoi j'ai été tenu pour hautement suspect d'hérésie, pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde, et est sans mouvement, et que la Terre n'est pas le centre, et se meut. J'abjure et maudis d'un cœur sincère et d'une foi non feinte mes erreurs. »

Abjuration, hérésie, menace de torture, menace du bûcher.

Le tribunal de l'Inquisition mit fin à toutes ces rêveries.

L'Eglise et la science...

Giordano Bruno, un astronome émérite, mourut sur le bûcher pour ses idées. Un univers infini et animé en perpétuel mouvement ! Attaché nu, la bouche bâillonnée pour qu’on ne pût entendre ses cris, Bruno se détourna du crucifix qu’on lui tendait.

Vous, mon maître, avez choisi d'abjurer.

Maudit soit celui qui osera vous juger !

Je me souviens.

L'emprisonnement pour le reste de votre vie, vous, le "prisonnier d'Arcetri". La perte de vos yeux, devenus aveugles de trop de nuits étoilées, fut le dernier drame de votre vie.

Même si, maître, je sais les tourments qui vous prenaient d'avoir dû abjurer.

Vous êtes maintenant considéré, et ce depuis 1680, comme le fondateur de la physique, et cette science s'est imposée comme la première des sciences exactes modernes.

Peut-être n'avez-vous pas dit le fameux aparté "E pur si muove !" - « Et pourtant elle tourne », car cela vous aurait fait condamner aussitôt au bûcher comme relaps aux yeux de l'Eglise, mais vous l'avez pensé, maître.

De toute la force de votre âme.

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