Chapitre 2 : la curiosité de l'héritière [Iris]

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La brune s’éloigne d’un pas rapide. Son visage ne me dit rien. Elle ne m’a jamais parlé avant ce matin, c’est une certitude.
Je rentre dans la cour entourée par mon petit groupe. Il s’est crée naturellement dès qu’ils ont appris que je suis une Hector, que c’est un bon plan de m’avoir de leur côté.

« Une reine est toujours entourée de ses serviteurs » comme dirait ma grand-mère. Comprenez « une reine est toujours entourée d’idiots manipulables qui tueraient pour elle ou, en l’occurrence, s’attaqueraient à une camarade juste parce qu’elle est sa route ».

Une Hector ne doit jamais laisser quelqu’un se mettre au travers de son chemin.

Je laisse mes pieds me porter de manière machinale. Mon esprit ne peut s’empêcher de repenser à cette fille. Je ne devrais pas, après tout je ne dois que m’attacher aux personnes de mon rang et aux garçons dont un pourrait devenir le père de mes enfants. Enfin, c’est facile à se dire. Mon cerveau lui ne se sent d’ailleurs pas d’humeur à m’écouter et repart sur elle.
Elle n’a jamais ressentit cette solitude quand on est encerclé de personnes. Elle a sans doute des amis avec qui elle partage ses secrets, avec qui elle passe ses journées à discuter…
Je retiens de justesse de montrer ma tristesse et ma jalousie. Il ne faut en aucun cas que mon masque d’Iris Hector se brise.
Mon cortège et moi nous retrouvons devant les casiers.

La veille routine reprends…

Ils s’activent pour enlever les cahiers de mon sac et les déposer dans la structure métallique. Je les observe s’affairer avec absence.

– Salut Iris !

Je sors de ma léthargie et me tourne vers lui. Ce blond aux yeux noisette pétillants de malice est mon partenaire d’entraînement au tennis. C’est sans aucun doute la personne qui se montre le plus amical avec moi. Si je pouvais me montrer sous mon vrai visage, je le ferais sans hésitation avec lui.

– Bonjour Raphaël, répondis-je d’une voix terne.

On ferme mon casier. Une camarde me tendt avec une révérence la clé. Je l’attrape, la gratifiant d’un « merci » qui semble la combler de bonheur.

– Tu as passé de bonnes vacances d’été ?

Autant que l’on puisse en restant chaque jour enfermé dans sa chambre à préparé le programme scolaire de cette année. Ou alors assister à des mariages aux allures de condamnations à mort ou à des bals où on sert d’accessoire de réussite à son géniteur.

– Merveilleusement bien, et toi ?
– De même.

Il rajoute quelque chose dans sa barbe. J’aurais adoré lui demander ce qu’il marmonnait mais montrer ma curiosité n’est pas autorisé.

– Bon, je vais voire dans quelle classe je me trouve. À toute à l’heure !

Non ! Je t’en supplie reste !

Exprimer ses sentiments est une forme de faiblesse. Les Hector ne sont pas des faibles.

Je le laisse partir sans broncher enfin, c’est ce que je laisse paraître. À l’intérieur, je ressens la solitude revenir.

Vivement la fin de cette année scolaire que Théodore et moi puissions-nous enfuir loin de cet enfer !

– Iris.

Je me tourne vers Tristan. Un de mes cousins de mon âge. Il est aussi entouré par un petit groupe. Par rapport à Théodore et moi, lui ne joue pas la comédie. Il est en complet accord avec la mentalité de notre famille. Je crois bien qu’il a compris que je ne suis pas comme lui. Après tout c’est à cause de lui si Jeanne s’est fait renvoyer du manoir. J’étais bien trop proche d’une servante à son goût et les rumeurs qui couraient à l’époque laissait croire que nous nous aimions. Ce qui était faux même si, des années après, je ne sais toujours pas mettre un nom à ce sentiment et cette attraction que j’éprouvais pour elle.
Comme d’habitude je prends sur moi pour ne pas montrer mon dégoût envers lui.

– Oui Tristan.
– Dans quelle classe es-tu ?

Et zut… Je ne suis pas allée vo…

– Je suis allée voire pour mademoiselle, réponds l’un de mes moutons. Elle est en TS1.
– Quel dommage, annonce-t-il. Je suis en TS2.

Je me fais violence pour ne pas montrer ma joie.
Je ne vais pas l’avoir dans mes pattes durant les cours, avec un peu de chance je pourrais même m’absenter à l’Antre lors des heures libres.
Rester éloigné des lieux qui me rappellent ma captivité m’éloigne de ma mort.

– Nous nous reverrons à la cantine et lors des récréations, annoncé-je par politesse.

La sonnerie vient mettre un point finale à la discussion. Je salue mon cousin et me mets en route pour le point de rendez-vous. Le groupe autour de moi réduit en fur et à mesure que nous nous approchons de la salle. C’est ainsi que je rentre accompagné de dix personnes.
Je croise son regard bleuté qui se dégage immédiatement du mien. La fille de ce matin ensuite semble marmonner quelque chose.
Je me force à porter mon attention sur mes camarades. Ils ne doivent pas voire que j’accorde de l’importance à ses réactions.

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