Chapitre 1 : en quête d'inspiration [ Léanne ]

7 minutes de lecture

Un monde en guerre, des batailles épiques, une princesse au caractère bien trempée et sa domestique au destin incroyable. Chaque pause, chaque fois que je m’ennuyais en cours, je me laissais aller dans cet univers. Certaines fois même je jetais deux trois mots sur mes cahiers. Sauf durant les cours de math en troisième. Cette veille mégère semblait prendre un malin plaisir à lire à voix haute ce que j’écrivais…. Grrr…
Ça me manque.
Enfin pas l’autre sorcière des théorèmes mais l’époque où j’avais mon monde. Depuis que j’ai finis la troisième tomes, signant la fin de ma trilogie, c’est la panne sèche.
Je pousse un soupir, mes yeux rivés sur les touches de mon synthé.
Un jour peut-être je commencerais une nouvelle histoire.

Bip !

Mon attention retombe sur mon portable laissé à l’abandon sur mon lit. Je me lève de mon tabouret et parcoure le peu de distance qui me sépare de lui ( à peine trois pas ). Je l’attrape tout en me laissant tomber sur ma couette.

« Imaginarium
Vous avez un nouveau message privé de TheIceFox »

Je m’empresse de rejoindre le site. Là un petit « 1 » bleu m’attends près de l’icône d’une enveloppe. Je me retrouve ensuite sur le chat.

TheIceFox : Hey : ))))) !!!!!! Alors tu as réussis ?

Je connais Aya ( aka TheIceFox ) depuis la quatrième. Nous étions dans la même classe et avons vite sympathisé. Malheureusement son père a été une nouvelle fois muté et elle a dû changer d’établissement. On se voit de temps en temps IRL. Le reste du temps on discute via la messagerie d’Imaginarium, une sorte de réseau social pour l’écriture.

MusicPrincess : Tu me l’as déjà demandé hier et non, je n’ai toujours pas vaincue le néant.

Le « néant » est le surnom que nous avons donné à mon blocage.

TheIceFox : Tu aurais pu avoir un élan d’inspiration :D
MusicPrincess : Je vois pas trop comment…
TheIceFox : Écoute ma petite nana, il n’y a pas trente six mille solutions. Si tu veux vaincre ce joli désert créatif, il faut que tu observes le monde qui t’entoure °^° ! J’ai crée Espions et secrets à partir d’un garçon qui s’énervait au téléphone !!!
MusicPrincess : Je suis censée trouver de l’inspiration quand Raph en serviette beugle à 9 heure du mat’ avec sa brosse à cheveux comme micro ?

Cette simple vision d’horreur a le don de me donner des frissons de dégoût. Une fois passé, je remarque qu’Aya est horriblement silencieuse. Ce qui n’est pas du tout son genre.

Oh non… Et si cela l’avait inspiré ? ! Et si en ce moment même elle en gribouillait les grandes lignes dans son carnet ? !

MusicPrincess : Je t’en supplie Aya, n’en fais pas une histoire !!!
TheIceFox : Hein ? Quoi ? Non. Bien sûr que non.

Sa réponse est bien trop simple pour quelqu’un comme elle. Puis, tel un souvenir refoulé, l’évidence me revient à l’esprit : ma meilleure amie aime mon insupportable demi-frère.

MusicPrincess : Tu pensais à lui juste vêtue d’une serviette, n’est-ce pas ? (-_-)

Une bonne grosse minute passe avant qu’elle n’envoie un message.

TheIceFox : Non.
TheIceFox : …
TheIceFox : Enfin peut-être que oui…
TheIceFox : Est-ce que par hasard tu saurais s’il est encore célibataire ?
TheIceFox : Juste pas curiosité hein.

Je pousse un soupir.

MusicPrincess : bien sûre, juste par « curiosité ».
MusicPrincess : Non, je sais pas. Il n’est pas du genre à me dire quand une fille lui a tapé dans l’œil. Et encore moins s’ils sont ensemble.

Il se méfie toujours d’Eliot et moi. Enfin sauf quand il a un doute sur la personne. Là il me la présente et si je flashe sur elle, il la laisse immédiatement tombée. Il paraîtrait que je ne tombe amoureuse que d’énergumènes. C’est juste n’importe quoi !

TheIceFox : Dooooonc soit il n’a personne dans le visu soit il pense qu’il n’a pas besoin de vérifier si c’est une énergumène… : /
MusicPrincess : Hé ! Mes exs ne sont pas des énergumènes !
TheIceFox : Le poète qui ne parlait qu’en vers et qui noyait ton casier de poèmes de trois kilomètres de long (•-•).
MusicPrincess : C’était romantique.

Quand il m’a demandé mon avis sur ceux-ci et que j’ai juste répondu « c’est joli », il s’est vexé. Je n’avais pas de bonnes critiques, de sens artistique, d’intelligence poétique suffisante pour comprendre ses textes selon lui.
Il m’a larguée dans la soirée qui a suivit.

TheIceFox : Le gothique qui habitait près d’un cimetière et dormait dans un cercueil (•-•).
MusicPrincess : Il n’a jamais fait de mal à une mouche.

Très attentionné… et déprimant. Chaque déclaration d’amour avait un lexique très centré… mort. J’avais rompu avec lui après avoir rencontré sa famille. Oui, ça ne se fait pas mais rencontrer la famille Adams en vrai, ça m’a fait flipper.

TheIceFox : La romancière qui pensait tellement à son histoire qu’elle se mettait dans des situations pas possible pour pouvoir écrire un truc réaliste (•-•).
MusicPrincess : Ces histoires sont vraiment super.

Ça aurait été juste bien qu’elle ne se soit pas mis avec moi juste pour ses écris…

TheIceFox : Le comédien qui te faisait tourner en bourrique pour savoir s’il avait un bon jeu (•-•) .
MusicPrincess : Il en avait un très bon.

Il a même cru que je jouais bien la comédie quand je lui ais lancé le contenu d’un verre et que j’ai annoncé que tout était finit entre nous.

TheIceFox : La folle du sport qui a voulu changer toutes tes habitudes et te nourrir de cocktails vitaminée immonde (•-•).
MusicPrincess : Ça partait d’une bonne intention !

Mais honnêtement je ne pouvais pas tenir la route et bon, un jour, on a décidé de tout arrêter.

TheIceFox : Le délégué à qui tu servais plus de poupée qui devait sourire en publique et qui ne pensait qu’à sa « carrière politique » (=_=).
MusicPrincess : Et sinon, pour en revenir à mon néant, comment je peux m’inspirer de ce qui m’entoure ?

Non, vraiment je n’avais pas de quoi défendre cet ex. Il était affreux en tous points.

TheIceFox : * applaudit * magnifique changement de conversation mademoiselle Levèfres (u-u) .
TheIceFox : Demain c’est la rentrée, tu pourrais toujours t’inscrire dans un club. Par exemple, si tu prends le tennis, tu pourrais en apprendre les règles et écrire une histoire sur ça :D .
TheIceFox : Oooooooh ! Ces majestés du tennis ou Jeu, set et love ou Échanges entre amants (♥w♥) ! Ça ne t’inspire pas ?????

Je lèves les yeux au ciel. Aya peut inventer tout et n’importe quoi à partir de… à partir de n’importe quoi justement. Elle touche à tous les genres sans aucun problème, de même qu’elle peut jongler avec trois histoires en même temps.

MusicPrincess : Non, pas du tout. Je vais essayer de suivre ton conseil et de m’inscrire à un club. On verra bien.

– À TABLE ! hurle la voix de ma mère au rez-de-chaussée.

MusicPrincess : Bon, le devoir m’appelle.
TheIceFox : À toute ~ (^w^~) ! Tu as intérêt à me donner des nouvelles demain soir °^° !
MusicPrincess : J’y veillerais.

Je lâche mon portable et m’étire tel un chat. Après un instant à fixer le plafond, je me redresse, quitte ma chambre et descends l’escalier. Dès que j’eus atteins les marches visible depuis la salle à manger, je fus accueillis par les propos plein de gentillesse du chanteur du dimanche :

– Et bah enfin l’autre feignasse se ramène !

Je le foudroie du regard. Il soutient mon regard avec un air de défi.

Qu’est-ce que je haïe ce mec…

Mon beau père, Carter, pousse un soupir tandis que ma mère sors de la cuisine ouverte, une casserole dans les mains.

– Raphaël, Léanne, pas de dispute ! annonce-t-elle en posant le plat sur la table.

Je lance un dernier regard méchant à mon demi-frère et descends les dernières marches qui me sépare du sol. Je m’installe à côté des jumeaux. Ils tiennent leurs couverts dans leurs petites mains, fixant avec avidité la casserole. Maman avait à coup sûr préparé ces fameuses pâtes maison au saumon. Raphaël s’installe en bout de table, loin de moi, et nos parents prennent place en face des deux affamés.

– Ce soir, pas de musique après vingt-et-une heure, annonce-t-elle en servant les derniers arrivant de la famille. Nora et Aurélien ont besoin de sommeil.
– Demain nos petits anges entrent dans la cour des grands ! rajoute Carter.

Ils lâchent leurs couverts pour lever bien haut les bras.

– On devient des grands ! s’exclamèrent-ils à l’unisson, tirant un sourire attendrit de la part des deux adultes.

Je pouffe tandis que mon demi-frère lâche d’un ton désinvolte :

– Vous rentrez juste en primaire.

Nos parents le fixe avec un air fatigué.

– Quoi ?
– Et si on a des problèmes avec les autres enfants, ajoutent les jumeaux qui n’avait pas fait attention à l’échange, on aura qu’à appeler Eliot et il s’en occupera !

Les deux adultes soupirent.

– Il faut que j’ai une discussion avec lui, déclare mon beau père.

Ça a l’aspect d’un mémento mentale fait à voix haute.

– Sinon, à part nos deux petits bouts de choux, qui est prêt pour la rentrée ? lance ma mère avec enthousiasme.

Et le silence qui en suit décape son air joyeux. En même temps elle aurait dû se douter que Raphaël et moi n’allions pas faire une ola.

– Aucun de nos adolescents n’est visiblement motivé, soupire-t-elle.
– Comment peut-on être motivé à passer l’année du bac ? lâché-je.
– Surtout quand on risque de tomber dans la même classe que l’autre là, rajoute mon demi-frère.
– En plus.
– Vu ce que vous avez fait en seconde, ça m’étonnerait que le lycée soit assez cinglé pour le faire, réplique ma mère.
– C’était vraiment rien, conteste Raphaël.

Elle lui fait de gros yeux. Elle ouvre la bouche mais finit par se raviser. Elle prend une grande inspiration et finit par annoncer avec le ton le plus calme possible :

– Rien ? Vous avez provoqué une BATAILLE de stylo. Le pauvre prof ne savait plus où se mettre.
– On a peut-être un peu exagéré, concédé-je.
– Et tout à commencer à cause d’elle, lâche mon insupportable demi-frère.

Je me tourne d’un coup vers lui.

– Oh mais le sal…

Je me retiens au dernier moment de l’insulter devant nos parents.

– C’est toi qui a commencé !

Nous nous fusillons du regard. Carter pousse un soupir.

– Quand est-ce que vous finirez par bien vous entendre ?
– Ça n’arrivera jamais papa, réponds Nora.
– Il faut arrêter d’espérer, rajoute Aurélien tel un philosophe.

Puis à l’unisson, en tendant leurs assiettes vers la casserole, ils demandent :

– On peut en avoir encore ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Angeldiary ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0