Perle

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Etendue dans l’herbe, Elsa regarda l’aube se lever, pâle et rose dans la lumière du matin. Finalement, elle n’avait pas osé fermer les yeux, de peur de se réveiller dans son lit, de se retrouver dans son quotidien banal. Pourtant, elle se trouvait dans un monde qu’elle ne connaissait pas, en compagnie de parfaits inconnus. Alors, pourquoi ? Tu l’as dit. Ta vie est banale. Comme celle de la plupart des humains sur cette terre. Oui, mais cette fois, elle avait l’occasion de vivre une vie exceptionnelle, Elsa le sentait.

Toute la nuit, la jeune femme avait réfléchi. Il fallait qu’elle trouve le déclencheur, c’était ce qu’Alice avait dit. Pour tromper l’ennui qui la gagnait, Elsa s’était mise à compter les étoiles. Et, au bout de la mille cinq-centième, elle avait compris. Il lui manquait quelque chose. C’était limpide, maintenant. En y songeant, c’était même logique...Un double.


    - J’ai compris, murmura-t-elle pour elle-même.


Elle se leva et franchit le cercle de feuille, en direction de la rivière, laissant le campement endormi et silencieux.

Elsa dévala la colline avec précautions. Elle prit garde à ne pas perdre l’équilibre, la pente abrupte menaçait de la faire tomber à chaque pas.

Sans qu’elle sache pourquoi, elle avait toujours aimé le contact de l’eau vive et tumultueuse. Grâce à cela, elle était de bonne humeur.



Elsa s’approcha du cours d’eau, pataugeant dans l’humus et retroussa les jambes de son pantalon avant de s’asseoir sur un gros rocher plat émergé sur la berge. Ses pieds menus trouvèrent l’eau glacée avec délice, et elle laissa ses pensées divaguer. Contemplant les branches tombantes du saule, Elsa se demanda comment un arbre pouvait se sentir, à rester immobile tout ce temps. Comment pouvait-il croître dans les environnements les plus hostiles, résistant à n’importe quel élément. La nature est bien faite. Elle observa un moineau au plumage bigarré se poser sur une souche, tremper son bec dans l’onde claire et secouer ses plumes avant de s’envoler vers d’autres cieux qu’Elsa ne verrait sans doute jamais.


Lentement, la jeune femme se pencha lentement vers la surface miroitante et contempla son reflet comme si c’était la première fois. Sa gorge se serra. Cela faisait si longtemps...Elle se trouva encore plus étrange que la dernière fois. Elsa n’était pas belle, à proprement parler. Ni même jolie. Mais elle n’était pas quelconque, elle le savait. Les pommettes de son visage pâle et anguleux saillaient, ses lèvres semblaient disproportionnées, charnues et rosées, figées dans une moue surprise à laquelle répondaient ses grands yeux noirs, ourlés de fins cils bruns. Du bout du doigt, elle démêla ses cheveux qui ondulaient jusqu’à ses épaules en de subtiles vagues grises et se détourna de son reflet.

On aurait dit une petite vieille.

Depuis quand ? Ça avait commencé un été, quand une mèche de ses cheveux châtain aux reflets roux, s’était subitement décolorée, la laissant avec une couleur gris perle qui s’était étendue à sa tête entière en quelques mois à peine. Et maintenant, ses cheveux blanchissaient d’année en année. Cinq ans que tu as ces cheveux. C’est long, cinq ans.

La jeune femme se replongea dans son reflet et se raidit brusquement.


   - Ne bouge pas, ordonna soudain une voix caverneuse derrière elle.

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