CHAPITRE 3

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Detroit, 19 oct. 2018

— James ! Au tableau !

Je sursaute, Monsieur Parish se tient droit comme un pique sur l'estrade, je regarde vite au tableau... La résolution d'une équation du deuxième degré, la réponse est sûrement quelque part sur mon cahier...

— Euh... On utilise la relation Δ=b²−4ac, Je crois ? Dis-je en baffouillant, et en priant que ça soit juste.

— Juste, mademoiselle. Mais vous passerez quand même me voir à la fin du cours.

Je n'en dis pas plus. Monsieur Parish est quelqu'un de très sérieux. Un prof âgé de 28 ans envrion, mathématicien de première classe, fort en tout, qui sait tout sur tout, cervelle assez remplie de tout ce qu'on peut imaginer.
Il est assez sérieux et ne convoque quelqu'un à la fin du cours que si ça en vaut vraiment la peine, donc soit je commence à faire des prodiges en maths, soit je suis en train de toucher le fond.

Déconcentrée, à griffoner sur mon journal intime, je lève la tête vers la fenêtre, en 4 jours, rien n'a changé, la ville est toujours aussi grise et le ciel, pareil. Aucune trace de soleil.
Aileen se tue à me répéter que ce sont les vaudous... Je ne suis pas sûre qu'elle aie 16 ans, elle.

La cloche sonne, tout le monde se lève et une masse de corps sort en trombe de la classe, seule moi, reste au fond et range soigneusement mes affaires. Je rejoins Monsieur Parish à son bureau, lui, qui ferme son livre de maths et enlève ses lunettes.

— Eh bien, Mademoiselle James, asseyez-vous devant moi. Dit-il en souriant.

Je tire une chaise en prenant soin de faire le plus de bruit possible rien que pour l'embêter, mais qu'est ce qu'il me veut à la fin ?!

— Je vous vois un peu tête-en-l'air, comme étourdie, sur une autre planète, Mademoiselle. Seraient-ce mes Maths qui ne vous intéressent guerre ?

— Non Monsieur Parish. Tout va très bien. Dis-je d'un ton calme.

— Allons donc ! Vous êtes ma meilleure élève ! et depuis peu, ce n'est pas que vous diminuez, mais c'est juste que vous ne suivez plus beaucoup en cours, vous connaissez toujours les bonnes réponses, je vous ne fait pas dire le contraire, mais quelque chose vous turlupine.

Je me mord la lèvre, assez anxieuse, ça se voit donc à ce point que je suis déstabilisée ?

— Je vous assure qu'il n'y a rien monsieur. Dis-je, avec une pointe de mensonge qui se sentait à des kilomètres.

— Serai-ce la météo, ces dernier jours, qui vous tourmente James ?

— Touché...

Je distingue un sourire vainqueur sur le visage de mon professeur de maths, il reprend :

— Je vois... Eh bien, moi aussi, ça me tracasse, figurez vous. Ce ciel n'est pas normal. Enfin, cette teinte...

— Effectivement...

— Mais, ne vous en faites pas, ça va passer. Ne laissez pas ce temps influencer vos études et troubler votre concentration. Entendu ?

— Oui Monsieur... C'est entendu. Soupirai-je avant de me lever et de quitter l'estrade.

— Une dernière chose !

— Laquelle ? Dis-je avant de me retourner à moitié.

— Vous êtes très intelligente, n'ayez pas peur du futur Mademoiselle James.

J'ai souri avant de sortir de la salle.
D'un pas lourd, je me traîne dans les longs coulloirs de l'établissement, il est midi, nous avons une heure de pause pour manger à la cantine.
Je n'ai vraiment pas d'appétit, j'ai comme qui dirait une boule dans le ventre, ou l'estomac noué... Bref utilisez l'expression que vous voudrez pour décrire mon état actuel.

Je me traîne vers la cantine. Mes amies, Thaï et Romane, sont assises dans une table. L'une d'elles me fait signe de les rejoindre.

— Bah dis-donc, il avait l'air de te vouloir quelque chose d'important, Cole ! Dit Romane.

— Cole ? Qui ça Cole ? Demandai-je perdue.

— Notre professeur de maths, pardi ! Repondit Thaï.

— Vous l'appelez par son prénom ?! C'est un peu mal poli Non ?

— On s'en fiche, qu'est ce qu'il voulait ? Reprit Romane.

— Il a remarqué que j'étais trop la tête dans les nuages ces temps-ci...

— Ouais, sauf qu'il n'y a pas de nuages. Marmonna Thaï en mangeant son sandwich.

Je m'asseois près de mes deux amies et sors un livre de mon sac.

— Tu ne manges pas ? Demandèrent-elles.

— Non merci, je n'ai pas specialement faim ajourd'hui...

— T'es malade ?

— Mais non...

Je plonge le nez dans mon livre. Mes deux copines parlent de je ne sais quel sujet bidon, sûrement les derniers ragots :

— Vous pouvez pas parler de quelque chose d'intéressant pour une fois ? Râlai-je.

— Mais tu connais pas les nouvelles ?! Delphine a posé pour Zara ! Dit Romane en feuilletant un magazine de mode.

— Qu'est ce que ça peut me faire franchement... Einstein n'a pas menti en disant que certaines personnes ont juste besoin d'une moelle épinière, ça leur suffit. Elle a juste besoin de quoi marcher comme une handicapée sur un podium et de poser avec un sourire plastique. Belle et idiote comme dirait si bien mon père !

— Mais regarde comme elle est jolie ! Elle a tellement de chance !

Je jette un vif coup d'oeil sur la page, c'est vrai qu'elle est belle dans ses vêtements "à la mode", mais ça ne me fait aucun effet. Chacun sa vie, et la mienne contient des livres, des livres et encore des livres. Des histoire et des films, de l'imagination aussi.
Je me fiche de paraître belle, j'aime vivre l'instant tel qu'il est. car chaque jour qui passe s'envole de nos vies et je dois la vivre. Donc oui, j'aime lire et passer mon temps à lire.

13h46:

En classe de français, Delphine et les deux pestes qui lui servent de mouchardes et d'amies, sont assises à l'arrière de la classe.
Elle se vante avec son magazine. Il a dû circuler dans tout le lycée, suscitant à la fois admiration et envie, elle était chouette, mais bof ! Cela lui montait à la tête de se voir imprimée sur du papier glacé. Elle la ramenait un peu trop et se croyait dispensée de marcher et d'agir comme tout le monde. Ses tenues, ses poses, ses mines, son déhanchement étudié... Franchement ridicule dans la cour du lycée ! Elle n'a pas l'air de s'en rendre compte. Il faut dire que bon nombre de filles s'empressent de l'imiter et de claquer sa démarche, ce qui flatte sa vanité.

La prof de Français, en train d'expliquer les règles du raisonnement inductif ainsi que sa structure, remarque tout de suite les élèves de derrière qui n'ont pas l'air de s'intéresser à son cours. Elle marche vers l'arrière et confisque le magazine en tant qu'élément perturbateur pour la classe. Elle lance d'un ton sec :

— Une tête en apparence bien faite, je vous l'accorde, mais vide de l'intérieur risque de vous causer, à l'avenir, de sérieux déboires. En revanche, l'instruction dispensée par l'établissement vous sera très utile si toutefois vous consentez à travailler pour en tirer profit !

Delphine ne répond pas, elle baisse la tête morte de honte, je suis sûre qu'elle n'a rien compris.

Elle y est allée un peu fort, la prof ! Je la soupçonne d'avoir ressentit de la jalousie. Il faut dire qu'elle n'est pas gâtée par la nature, la pauvre.

Notre heure de français se termine sans autre problème, Delphine s'est calmée depuis. Elle n'est même pas allée récupérer son journal. Il a fallu que la prof le lui rende.

— N'oubliez pas les exercices 5, 6, 7, 8 et 9 page 56 pour demain !

Super...

Bradley sort de la classe :

— Hé bah, On dirait que Delphine s'est fait engueuler par Madame de Sévigné ! Dit-il en la taquinnant.

— On t'a pas sonné Brad' ! Occupe toi de tes salades ! lui avait-elle craché.

Il s'éloigne en se tapant une barre. Je ne comprends pas son problème ! Toujours à se mêler de ce qui ne le regarde pas ! Il se croit le centre du monde, non mais. Même si j'ai eu envie de rigoler lorsqu'il l'a dit haut et fort devant tout le monde pour empirer le cas de Delphine, mais il reste énervant quand même !

Je sors du lycée bourdonnant pour rejoindre la voiture de mon père qui m'attendait déjà.

L'oreille collée sur son portable, il hurle à son interlocuteur :

— Ecoute moi bien ! JE suis résponsable de cette affaire c'est moi qui m'en occupe ! ... Non non ! Tu vas empirer son cas ! N'y touche pas !

Il me jette un regard et reprend :

— Je te laisse, on se rappelle plus tard. NE TOUCHE A RIEN !

Mon père raccroche. Je ne pose aucune question, leur soucis au travail restent au travail, je n'ai aucune relation avec.

— Désolée ma chérie... Tu as passé une bonne journée ?

— A part ce temps dégueulasse... Oui...

— Ne t'en fais pas, ça va aller dans quelques jours.

Je soupire, mon père démarre. Je pense aller courir cette après midi... Ou non je suis bien trop fatiguée...

à suivre...

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