CHAPITRE 2

5 minutes de lecture

détroit, 15 oct. 2018

— Zut !

Je regarde les magnifiques ratures sur mon cahier de sciences naturelles. J’ai dû rattraper un cours que j’ai loupé il y’a quelques jours. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi je suis si étourdie.

Nous sommes samedi. La semaine d’études s’est vite envolée avec rien de spécial à part mon magnifique quinze en histoire.

Cela fait plus de trois jours que je n’ai pas vu le soleil. Un temps gris tout collant de nuages crasseux plafonne sur Detroit. Je n’ai envie de rien faire.

Bizarrement j’ai l’impression que ce ne sont pas des nuages, que le ciel est vraiment gris...

Je referme mon cahier et dépose mon stylo dessus, puis descends au salon. Papa lit un journal, maman un livre, et Aileen regarde la télé.

Aileen et moi sommes sœurs. Elle a un an de moins que moi mais on est très proches quand même. C’est une jolie blonde aux yeux bleus saphir. Je la compare souvent à une poupée.

Je me dirige vers le canapé et saute à ses côtés. Cette gamine regarde encore Tom Sawyer.

— C’est quand que tu muris ? la taquinai-je.

— Ça va moi au moins j’ai pas un caractère de cochon ! répliqua-t-elle avec sang froid.

— Répète un peu pour voir !!

Je m’étais levée sur les genoux, elle s’apprêta à répondre quand la télé s’éteignit subitement. Les lumières aussi s’éteignirent en même temps.

— C’est sûrement une coupure de courant. Déclara mon père.

Il replongea dans sa lecture. Maman n’avait pas daigné lever la tête. Elle était trop enfoncée dans son livre.

Aileen se leva, j’ai compris qu’elle voulait monter. Je la suivis donc pour rejoindre nos chambres.

En montant derrière ma sœur, j’ai entendu papa dire :

— Tu as vu ça Veronica ?

— Quoi donc ? Avait dit maman d’un ton absent.

Je m’étais arrêtée pour entendre la suite :

— Cela fait quatre jours que le soleil n’est pas apparût partout dans le monde !

— Bizarre…

Prête à écouter la suite, une main se posa sur mon épaule :

— Abi ? Qu’est ce que tu fais ?

La voix de ma sœur me fit sursauter :

— Euh… Rien… Allez viens on monte…

Je suivis ma sœur dans le couloir et nous entrâmes toutes les deux dans ma chambre :

— Abi ? T’es sûre que ça va ? Dit-elle en s’asseyant sur mon lit rose pastel.

— Je trouve la couleur du ciel bizarre…

— Bah… Il fait moche c’est normal on est en octobre !

— T’as pas entendu papa ?! c’est comme ça partout dans le monde !

— C’est qu’il va pleuvoir partout dans le monde ! Ou alors les indiens et les vaudous ont fait une dance de la pluie qui va condamner le monde entier à vivre des jours sans soleil ! Arrête de te faire des films Abi ! t’es trop susceptible !

— Tu as sûrement raison…

Elle s’allongea en piquant un livre de son étagère :

— Je te dérange pas j’espère ?

— Fais comme chez toi…

— Wow ! Abigaïl James est agréable ! Sûrement un miracle ! Les vaudous ont réussi à te rendre gentille !

— Prends pas trop confiance non plus, microbe !

— Abigaïl est de retour…

Elle plongea dans son livre. Je me suis retournée sur ma chaise. Mon téléphone vibra sur mon bureau. C’est ma cousine Harley :

Harley : Tu as vu le temps qu’il fait ?

Moi : Ouais c’est comme ça partout…

Harley : On a une panne d’électricité.

Mon dos fut parcourut de frissons. Harley habite à Los-Angeles… C’est trop pour un hasard !

Moi : Nous aussi.

Harley : Ah bon ? C’est bizarre… Parce que ma mère est en argentine, et qu’elle vient de me dire que eux aussi ont une coupure de courant.

Moi : Tu as vu les médias ?

Harley : Ouais il paraît que c’est comme ça partout.

Moi : C’est assez inquiétant tu ne trouves pas… ?

Harley : Mais non Abi, ça doit sûrement être une panne générale dans quelques contrées d’Amérique !

Moi : J’espère que tu as raison…

Harley : Ne t’en fais pas. Allez bisous à la famille, je dois y aller plus de batterie.

Moi : D’accord… A bientôt. Bisou à la famille aussi…

J’ai fourré mon portable dans la poche de mon jogging. Aileen lisait toujours son livre :

— C’est comme ça partout dans le monde microbe !

Aucune réponse. Elle ne m’a même pas regardée !

Je me suis levée de la chaise et j’ai pris une écharpe. Elle se décida enfin à ouvrir la bouche :

— Tu vas où ?

— Hah ! Tu as retrouvé ta langue on dirait !

— Je ne t’avais pas entendue !

— Si t’as besoin de moi, je suis sur le balcon.

— Prends pas froid tu es moche quand t’as le nez rouge.

— Occupe-toi de tes sardines non mais !

19h39.

Je regarde le ciel et ce dernier se fait dévorer par le coton des nuages.

Donc ce ne sont pas des nuages qui lui donnent cette couleur triste… C’est sa couleur… Qu’est ce que ça peut bien être… Une perte de pigmentation ? Le reflet de la mer ? Et d’ailleurs, où est le soleil ?

Les voitures passent et disparaissent avec ce bruit insupportable du moteur. Les bâtisses de béton grisâtre s’étendent au loin. Les immeubles innombrables de Detroit se perdent dans l’horizon.

Les mètres et mètres de fils électriques s’étirent jusqu’au centre ville et quelques oiseaux s’étaient posés peu plus tôt… Ils sont silencieux et tristes.

Le vent souffla et me fit frissonner, cela fait plus de deux heures que je regarde par ce fichu balcon…

— Tu n’as pas froid ?

Je me retourne et fais face à ma maman, deux tasses de chocolat chaud aux mains.

— Non, non pas tellement…

— Toi aussi tu trouves ça bizarre ? Dit-elle en me tendant une tasse.

— Oui maman…

— J’ai un très mauvais pressentiment.

J’ai enfoui mes mains dans les manches de mon pull en me réchauffant avec la tasse entre les mains, sans rien dire. Maman reprit la parole :

— Tu me ressembles beaucoup Abigaïl, je me vois en toi à ton âge. Tu es courageuse, depuis que tu étais petite. Je me souviens qu’une fois, tu avais 5 ans, et tu es tombée de ton vélo, je prenais des photos de toi, mais tu ne m’avais pas vue j’étais assez loin. Tu t’es relevée toute seule, tu as versé quelques larmes, mais tu as repris ton vélo quelques minutes plus tard et tu as continué de rouler dans le parc.

— Ah bon ? je ne m’en souviens pas. Mais pourquoi tu me dis ça maintenant ?

— Juste pour te dire que si un jour ça tourne mal, n’arrête jamais de croire qu’il y’a encore un espoir ma chérie. Même si la route est close, fraye-toi un chemin au-delà de barrière.

— D’accord maman, promis.

On entendit la voix de papa crier à l’intérieur :

— Ah! la panne est enfin réparée !

Ma mère m’avait regardé en souriant :

— Allez, viens on rentre.

Je me suis levée de ma chaise et je l’ai suivie dans la maison. Ses paroles m’ont semblées comme un adieu. Maman a toujours eu ce sixième sens, celui de prédire les choses avant qu’elles n’arrivent et elle a toujours eu une très bonne intuition. Et on dit que j’ai hérité ça d’elle.

J’ai peur. Car maintenant je sais que quelque chose va se passer, et ce n’est sûrement pas quelque chose de bien…

A suivre…

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