Chapitre 1

Detroit, 10 oct. 2018

— Abigaïl ? Réveille-toi ! Tu vas être en retard ! hurla ma mère.

Mes yeux peinaient à s’ouvrir. Je déteste qu’on me réveille tôt le matin ! Mon téléphone a eu beau sonner pendant une bonne trentaine de minutes, je ne m’étais toujours pas réveillée.

Dégoûtée, j’ai poussé ma couette, et je m’étais laissée tomber comme un mollusque par terre, quelques minutes plus tard je me suis relevée.

J’ai pris la première tenue qui m’était tombée sous la main, et je descendis en attrapant la lanière de mon sac, tout en traînant les pieds. Ma mère m’attendait déjà dans sa Jeep.

— Tu n’as même pas pris ton petit-déjeuner !

— J’ai pas faim maman…

Je m’appelle Abigaïl James. J’ai 17 ans et toutes mes dents. Ou pas. J’étudie dans un lycée normal comme toute personne normale, j’habite au Michigan, à Detroit. Je me fiche pas mal de mon physique. Je suis belle comme je suis. Une rareté dans la société. La majorité des personnes sont mal dans leur peau. Mais moi je suis rousse. J’ai les yeux verts comme ma maman. J’ai des tâches de rousseur parsemées un peu partout sur le visage.

— Ça va aller ma chérie ?

— Oui oui…

Je descendis de la voiture sans en rajouter. Elle baissa la fenêtre :

— C’est papa qui viendra te chercher plus tard… J’ai quelques heures de garde à l’hôpital ma puce.

J’avais haussé les épaules en me marchant vers le portail du lycée. Maman a démarré, puis j’ai vu la jeep noire s’effacer au loin.

Ma mère est médecin, mon père est avocat, le plus redouté de tout l’état. Il a déjà eu les plus gros dossiers à gérer et il travaille bien.

On ne va pas dire que je suis génie. Mais j’étudie bien. Je suis plus au moins la première de ma classe. J’aime lire, regarder les étoiles le soir, rester dans ma chambre et écouter du Bruno Mars, du Jaques Brelles, ou encore du Michael Jackson. Je sais, ces personnes sont complètement différentes mais je leur trouve un peu le même style.

Je pénètre le bloc d’études. Le bâtiment bourdonne de bruits de voix confus des élèves ponctués des cris d’appels et d’injonctions au silence vociférés par les surveillants.

Mon casier se trouve un peu plus au fond du prochain couloir. En m’approchant, j’aperçois Bradley Parker appuyé contre la porte de mon casier. Je toussote un peu rouge, et d’une petite voix :

— Je crois que tu es juste devant mon casier…

— ça te dérange peut-être ?

Je perds complètement patience :

— Ouais logiquement. Vu que mes affaires sont dedans et que j’ai un exposé dans quelques minutes. Donc vaudrait mieux que tu te décales.

— Ou sinon quoi ?

J’avais baissé la tête. Bradley est le pseudo « élève le plus populaire du bahut ». Il aime bien embêter les « Faibles » comme il les appelle. Surtout moi… Car je ne peux pas trop lui répondre yeux dans les yeux… Il m’intimide et j’ai peur parfois.

Je suis restée figée, les yeux rivés sur le bout de mes converses.

— C’est bon, « James ». dit-il en me dépassant. Je te fiche la paix cette fois. A bientôt ! murmura-t-il au creux de mon oreille.

Je me retournai à moitié en marmonnant :

— Imbécile…

J’ai ouvert la porte de mon casier et y ai prit tout ce dont j’avais besoin. La sonnerie venait de retentir, j’ai couru en classe.

J’ai ouvert la porte, et j’ai prit place. C’est partie pour deux longues heures et demie de cours insupportable chez Monsieur Parish.