Je descendai rapidement les escaliers après l’arrivée de ce mystérieux message de Nathanaël Courdec, un gars de ma classe avec qui je n’avais parlé que deux ou trois fois. Dans le salon, je vis ma sœur assise sur le canapé, les images d’un film sous-titré défilaient sur l’écran, mais son regard était rivé sur son portable. Je m’installai à ses côtés, elle releva la tête et me tendit son téléphone. Le même message que sur le mien y était affiché : « Salut, c’est Nathanaël Courdec, je me demandais si vous étiez partant pour fêter Halloween avec moi ? Je vous rassure, je ne fais pas ça par amitié, je sais que comme moi vous avez quelque chose à reprocher à Lucie Baschet. Je vous propose donc une vengeance, on doit préparer une fête pendant laquelle on lui fera la peur de sa vie. Alors c’est bon pour vous ? Rdv devant le lycée à 18h demain. ». Maëlle me regardait attendant de voir ma réaction.

- T’en fais pas sœurette, j’ai reçu le même.

Elle poussa un soupir de soulagement avant de froncer les sourcils. J’attendis quelques secondes qu’elle récupère son carnet et son stylo à bille bleu au bouchon mâchouillé. Elle écrivit quelques mots de sa belle écriture et me tendit le cahier. « On fait quoi ? ».

- On y va, ça serait bien de sortir pour Halloween ! m’exclamai-je.

« Mais elle sera là, je ne suis pas sûre de vouloir passer ma soirée avec Lucie… », inscrivit Maëlle.

- Je serai là, elle ne te fera rien, promis-je.

« Rien ne l’empêchera de me faire du mal à nouveau Seb’ ! »

- Si, moi.

« Elle est capable de tout, elle l’a fait une fois, elle le refera ! »

- Ecoute Maëlle, je sais qu’elle t’a fait énormément de mal, et justement c’est une occasion de te venger !

« Mais je ne suis pas comme ça Seb’. Je marche pas par la vengeance, personne ne mérite d’être seul, personne ne mérite ce qu’elle m’a fait, ce qu’elle a fait à Lilas, à Pauline et Emilie. Toutes ces personnes qu’elle a harcelées, pour des raisons futiles ou même sans raison : mon handicap, l’amour que se portent ces deux filles, et Lilas, c’était juste pour s’amuser, elle a brisé la vie d’une fille de 14 ans, c’est horrible. Je ne deviendrai J-A-M-A-I-S comme elle. »

- Je sais que tu n’es pas comme elle frangine, toi, t’es la meilleure, assurai-je.

« D’accord. »

- Pour ?

« Y aller »

- C’est vrai ?

« Hum… Mais je ne veux pas lui faire du mal. Ok ? »

- Ok !

J’envoyai la confirmation de notre présence à Nathanaël, avant de me tourner vers ma sœur et de la prendre dans mes bras. Le film qu’elle avait mis en pause reprit et on le termina ensemble, blottis l’un contre l’autre.