Chapitre 3 : Premier contact

7 minutes de lecture

« -Salut ! » me lança Michael. Quelques secondes s'écoulèrent avant que je parvienne à lui répondre, je ne m'attendais pas à ce qu'il soit ainsi. Une silhouette d'un mètre quatre-vingt cinq environ au regard bleu perçant, et au sourire charmant se tenait devant moi, sac à dos sur l'épaule et valise à la main.

-Salut ! Je suis Alba, la voisine !

-Je suis Michael, le frère ! »

À nouveau quelques secondes de silence s'installèrent, pas de ceux qui nous mettent mal à l'aise. On se dévisageaient mutuellement jusqu'à ce qu'il se mette à rire un peu nerveusement.

« -Excusez-moi, je ne m'attendais pas à vous voir arriver maintenant, j'ai été surprise. » ajoutais-je pour couper court à cet échange de regards plutôt étranges.

«- Mon train avait de l'avance ! Tu peux me tutoyer, je ne suis pas si vieux quand même !

Ma mère n'est pas là ?

-Un train en avance c'est rare ! Elle est encore dans sa salle de bain, Pauline se lave aussi.

-Et toi, qu'allais-tu faire ?

-J'allais m'installer pour la première fois dans le hamac. Il me fais rêver depuis que je suis arrivée.

-Je peux venir ?

-Oui viens.»

Je lui précédait le pas, il le suivit. Le hamac était trop étroit pour que nous nous y installions ensemble, nous aurions été bien trop proche l'un de l'autre et cette proximité aurait pu paraître ambiguë.

« Je peux te laisser la place ! » dis-je en me relevant aussitôt du hamac dans lequel je venais de m'asseoir.

« -C'est chez toi, je m'impose un peu !

-Non non, vas-y je t'en prie ! J'ai un très bon souvenir de toi tu sais !

-Ah oui ? Je suis vraiment désolée, je devais avoir huit ans j'ai un peu oublier des détails de nos précédentes rencontres.

-Tu étais si jeune. Cette fois tu n'oublieras pas j'espère !

-Non je n'oublierai pas. » acquiesçais-je un peu bêtement il me semble.

J'enchaînais aussitôt avec une question.

« -Tu vis à Paris il paraît, alors c'est comment la vie dans la capitale ?

-C'est fatiguant ! Cette maison m'avait manquer. »

Il s'alluma une cigarette.

« -Tu en aurais une pour moi s'il te plaît ?

-Et bien ! Bravo la jeunesse !

-Quoi tu te considères comme un vieillard du haut de tes trente ans ? Tu en fais parti de cette jeunesse. » répliquais-je avec un petite sourire au coin.

Il ne répondit rien, en tout cas pas avec des mots. Il me regarda en souriant. S'il n'avait pas été marié, j'aurai pu penser qu'il essayait de me séduire. Mais je pense qu'il avait ce genre de regard, ceux qui charment malgré eux.

« -J'ai trente-trois ans exactement je commence tout doucement à être un vieillard. La dernière fois que je t'ai vu tu prenais un bain avec ma soeur si je ne me trompe pas. »

Je me mis à rougir, enfin seulement à l'intérieur car avec ma couleur de peau, cela ne se voyait pas. Cette phrase précise avait pour but de me déstabiliser. Je compris son jeu tout de suite, sans vouloir vraiment me l'avouer, n'y pensant qu'à moitié. Je le rejoignais dans cette partie sans vraiment me méfier. Malgré tout une petite voix dans ma tête me rappelait qu'il me voyait comme une gamine, comme l'amie de sa petite sœur.

Nous fîmes interrompus par Alice qui enlaça son fils tellement fort qu'il failli finir compresser et étant donner sa carrure je peux vous assurez que ce n'était pas une mince affaire. Il avait le corps d'un homme qui s'entretient régulièrement mais ce n'était pas excessif, celui d'un homme tout simplement, son corps étant beaucoup plus développé que les ceux des garçons de mon lycée. Il ne ressemblait en rien à ceux que j'avais pu voir jusqu'à aujourd'hui, tous ceux qui ne m'avaient jamais intéressée.

Nous passâmes la soirée à rire tous les quatre. J'appris un peu plus à le connaître et lui de même avec moi. J'entendais les anecdotes de son enfance , j'avais l'impression de mieux le connaître. Pauline et Alice étaient euphoriques, je lisais sur leurs visages le bonheur qu'elles ressentaient de retrouver Michael. Nous montions nous coucher lorsqu'il nous entendit parler du film que nous allions regarder.

« -Je peux venir les filles ? » demanda t'il d'un ton un peu blagueur.

« -Alba ? M'interrogea Pauline comme si elle attendait mon approbation.

-ah oui ça ne me pose aucun problème. »

Nous avions un peu bu ce soir là, un très bon vin qu'il avait acheté en ville avant de venir. La bouteille n'avait pas fait long feu. Nous nous installâmes dans la chambre de Pauline pour cette fois et nous nous mettions tous d'accord pour un bon vieux film d'horreur. Le film avait débuté depuis quinze minutes, nous avions à peine eu le temps d'avoir peur que mon amie s'endormît. Elle s'était glissée dans son lit et avait succomber au sommeil. Je me retrouvais là, dans la pénombre éclairée par la lampe à lave, assise prêt de ce grand frère que je connaissais depuis à peine six heures. Nous nous étions posés à ses pieds, adossés contre son mur. Michael lui secoua le pied.

« -Dis moi quel est l'intérêt de mater un truc avec ce bébé ! » plaisanta t'il.

« -Elle ne sait pas regarder un film jusqu'au bout ! Tu veux l'arrêter là ? » demandais-je.

« -Non. Et toi ? » me demanda t'il à son tour avec cet air coquin qui lui allait si bien.

« -Certainement pas ! Elle me fait le coup à chaque fois, au moins je ne serait pas la seule à avoir peur.

-Tu crois que j'ai peur de ce genre de film ? Moi ?

-Un gros gaillard comme toi, sûrement pas ! » le taquinais-je.

« -En tout cas c'est bien la première fois que je regarde ce genre de programme dans un endroit aussi ancien, aussi grand. Je t'avoue que je ne suis pas rassurée ! Je sais que je ne vais pas fermer l'œil de la nuit.

-Je te tiendrais compagnie autant que possible !

-Merci pour ton soutien !

-Alors, Pauline est épanouie dans la vie de tous les jours ?

-Elle est génial, elle est très positive, c'est une vraie pile électrique. Elle est ma source d'énergie, je ne sais pas comment je ferais sans sa bonne humeur quotidienne.

-Tu ne te plais pas là-bas ?

-Ce n'est pas vraiment ça, j'adore vivre au calme, je déteste la foule, mais le lycée se trouve en ville et personne d'autre qu'elle ne m'a donné envie de tisser des liens. Elle sors du lot et elle est la seule véritable amie dont j'ai besoin. Elle est comme une sœur pour moi, ça dépasse la simple amitié. Mon but n'est pas de connaître le plus de gens possible, mais plutôt que chacune de mes relations soit profondément sincère.

-Je comprend. C'est un peu l'inverse de ma vie finalement ce que tu décris. J'ai pleins de potes, une femme génial, un appartement moderne idéalement situé, un travail qui me rapporte assez pour être à l'abri, pourtant, je ne connais pas de relation comme ça.

-Et avec ta femme ?

-Avec elle, c'est aussi bien que ça peut l'être dans une vie que l'on nous dicte de vivre. En fait notre relation est superficiel. On se croise, on voyage, on va au restaurant, mais je crois que je commence à m'ennuyer de cette vie là. Je suis en pleine réflexion. Tu veux qu'on aille se fumer une clope ?

-Je te suis. »

Je m'installais dans le hamac et lui resta debout encore une fois. Il reprit la discussion là où il l'avait laissé.

« -J'ai menti à ma famille. J'ai prétexté que Jenna avait une affaire importante mais ce n'est pas vraiment ça. La vérité c'est qu'on lui en a effectivement proposé une durant notre lune de miel, Jenna est avocate. Elle s'apprêtait à refuser mais je lui ai demandé de l'accepter.

-Pourquoi ?

-Il y a un peu moins d'un an que nous nous sommes mariés et pour te dire la vérité j'ai l'impression que je regrette. Je lui ai parlé de mes doutes, on s'est gravement disputés, et elle est repartie de son côté à Paris. Je ne voulais pas inquiéter ma mère, j'ai préféré lui raconter une version moins dramatique. »

Je me demandais pourquoi il se confiait à moi de la sorte. Je le sentait si triste à cet instant, moi qui l'avait trouver jovial jusqu'à maintenant. Il avait brisé sa carapace et je découvrais sa faiblesse.

-Je suis désolé je ne m'étais vraiment pas doutée. Tu n'as pas peur que j'en parle à Pauline ?

-Je ne pense pas que tu sois ce genre de femmes. »

Je senti ma gorge se nouer et comme un léger vertige traverser tout mon corps, ressemblant à une bouffée de chaleur. C'était la première fois que quelqu'un m'identifiait ainsi. J'étais la petite jeune, la jeune fille, la demoiselle, la gamine, jamais je n'avais été la femme.

Il s'aperçut que j'étais troublée et tout en souriant il termina en me disant.

« -On le termine ce film ? »

Ce que nous fîmes, et comme deux enfants totalement innocent, nous plongeâmes dans un profond sommeil à moitié assis au bout du lit de mon amie.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Madamelouve47 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0