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De grands saluts l’accueillirent. Il oublia tout momentanément, repris par cette chaude convivialité. Il était un des rares à être monté à Paris. Il dut expliquer sa nouvelle vie, inventant au besoin. Puis la conversation dériva, le laissant dans ses pensées, perdu entre ses deux amours.

De puissants bras sur ses épaules, sa tête frictionnée, ce qu’il avait en horreur, un rire inimitable :

— Guillaume !

— Ah, que je suis content de te voir ! Silence complet depuis un mois. Ça va ?

— Oui, absolument !

— Eh, camarade, pas à moi ! Il y a un truc qui ne va pas…

— Viens, je vais te dire.

Ils s’installèrent un peu plus loin, sur un banc qui surplombait la rivière. L’endroit où ils s’étaient tout dit, depuis si longtemps.

Lucas dit sa rupture avec Marie, à cause d’une autre rencontre. Il attaqua directement, en disant son attirance physique pour un homme. Tout dire. Au risque de perdre cette amitié si précieuse. Guillaume, à son habitude, affichait un grand sourire.

— C’est dur pour Marie. Je vais l’appeler.

— Et le reste ?

— Quel reste ?

— Que je sois amoureux d’un homme, que je sois gay…

— Ah, ça ? Mais je le savais depuis longtemps. On le sait tous ! Enfin, la petite bande.

— Comment ça ?

— Les parties de branlette devant les pornos, quand tu préférais nous mater ! Quand tu as voulu m’embrasser en me tripotant… On se demandait simplement quand tu allais le montrer.

— Mais je ne le savais pas !

— Que tu es pédé ou qu’on le savait ?

— Les deux…

— Tu es trop mignon ! Ne me dis pas que tu n’as jamais eu de proposition ! … Non ? Quel innocent ! Lucas, je t’adore. Viens, on va rejoindre les autres.

À peine entrés dans le café, Guillaume hurla à la cantonade, faisant lever la tête des autres clients :

— Eh, les gars ! Ça y est ! Lucas a fait son coming-out !

Comme ils étaient en pleine discussion, les réactions furent insignifiantes. Quelques sourires, quelques regards étonnés ou d’encouragement. Lucas n’en revenait pas. C’était si anodin que cela, de se dire homosexuel ? Il repensa à la phrase de Corentin : « Pas d’étiquette ! ».

Il se laissa aller, retrouvant l’ambiance de l’an passé, oubliant le présent. Il répartit un peu éméché, l’alcool ayant dissout sa culpabilité et le manque de l’aimé. Ils habitaient le même quartier.

— Tu sais, quand tu as voulu m’embrasser, j’ai failli craquer. J’avais eu une expérience un peu avant. La seule. Ça m’avait plu. Beaucoup. Mais tu étais trop bourré. Et puis, pour moi, tu es intouchable.

Lucas n’en revenait pas. Guillaume…

— On a tous essayé, enfin à peu près. Il n’y a que toi. Ton innocence et ta naïveté, plus ta beauté… tu es vraiment spécial.

Où donc avait-il vécu ? Il avait raté tant de choses ?

Devant l’immeuble de Guillaume, ce dernier le prit dans ses bras. Il le serra fort en murmurant : « Toi, je t’aime ! », achevant d’une petite claque derrière la tête avant de s’engouffrer dans le hall en lui lançant : « Bravo pour la boucle ! ».

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