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Les derniers pas dans la fraicheur de l’automne achevèrent de dégriser Lucas. En montant les marches du perron, il hésitait, ne sachant plus qui il était.

La maison était vide. Ses parents étaient dans le salon, sa mère à l’ordinateur, son père avec un livre dans un fauteuil.

— Alors, mon garçon, ce retour aux sources…

— Je suis aussi passé voir les copains au café.

— Très bien. Tu nous racontes ta vie à Paris ? Tu ne nous as presque rien dit.

— Surtout qu’il y a eu des changements par rapport au programme ! J’ai arrêté la fac pour une école de comédiens.

— Quoi ?

— Attendez ! Les cours ne sont pas intéressants et surtout, j’ai envie de devenir acteur !

— Ah, ça, c’est bien ! Tu te rappelles quand Lucas a fait son spectacle ? Les applaudissements ! On voyait que tu étais fait pour ça !

— Doucement ! C’est un changement important, c’est toute ta vie que tu choisis. Tu es sûr de toi ? Après seulement deux semaines de cours…

— Oh, oui ! Cela a été comme une révélation. Et puis, j’ai trouvé immédiatement une place dans une école, l’école Armand. Elle a bonne réputation.

— Ils t’ont pris comme ça, sur ta bonne tête !

— Tu ne crois pas si bien dire ! Il avait une place et ma photo a suffi ! Presque ! Ils m’ont fait passer une audition et ils m’ont pris !

— On t’avait proposé de t’inscrire au conservatoire…

— Oui, mais j’avais déjà trop d’activités ! Et je n’ai pas accroché avec la prof…

Il reprit l’explication donnée à Corentin, la plénitude après le spectacle de théâtre et l’envie, le besoin de revivre cette dépersonnalisation, de prendre le costume d’un autre.

— Mais, dis-moi, je croyais que ta vocation était d’être écrivain. Tu avais cette idée en t’inscrivant en lettres.

— Les deux ne sont pas incompatibles ! J’écris des choses, plutôt dans ma tête pour l’instant.

— Tu étais aussi doué pour ça ! Tu te rappelles quand tu faisais la course avec ton copain…

— Jérémie ? Oh, oui, je m’en souviens ! Sauf que lui est beaucoup plus doué que moi !

— Vous aviez les mêmes notes ! Loin devant les autres !

— Sauf que moi, je peinais, alors que lui, tu lui dis deux mots et il t’invente une jolie histoire ! Au point de vue imagination, il n’y a pas photo !

— Tu sais ce qu’il devient ?

— Le petit renard ! Nous sommes amis sur les réseaux.

— Le petit renard ?

— C’est le surnom qu’il se donne ! Remarque, avec son petit museau et ses yeux malins, c’est bien choisi. Il est en fac et il saute de petit copain en petit copain.

— Tu veux dire qu’il est…

— Complètement ! Du reste, ses histoires sont toujours des histoires d’amour entre garçons.

— Ah, je ne savais pas. Bon, pour ton changement d’orientation, il va falloir gérer tes grands-parents ! Déjà, ne pas faire ingénieur comme ton grand-père et comme moi, ils l’ont mal pris, mais comédien, ils vont avoir du mal à l’avaler. Tu ne leur en parles surtout pas ! Je me charge de le faire.

— C’est super ! Je savais que ça coincerait avec eux… Merci de leur faire avaler ça ! Il va m’en vouloir à mort… Il y a aussi un autre problème…

— Ah !

— J’ai trouvé un petit boulot, mais, même avec ce qu’il me rapporte, je ne pourrais pas payer l’école.

— Tu as trouvé quoi comme boulot ?

— Serveur, dans une sorte de club. Le truc, c’est d’être déguisé pour amuser le client. C’est comme ça que j’ai redécouvert le plaisir de jouer un rôle.

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