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Le soir, en rentrant, Corentin ne put cacher son étonnement.

— Qu’est-ce qui se passe ? Tu es rayonnant ! Et pourquoi du champagne ? Je croyais que tu ne buvais pas…

— Une question à la fois ! D’abord, c’est : je ne bois plus. À la dernière soirée, j’avais un peu abusé, alcool et fumette. J’ai passé mon temps à vouloir embrasser Guillaume, mon meilleur pote. Ça a fini en rigolade, mais la force de cette pulsion ne m’a pas plu. Je… j’avais envie de lui avec une force incroyable. Je n’arrivais pas à me contrôler. J’ai mis ça sur le compte du mélange ! Le lendemain, Guillaume m’a traité de tapette, en rigolant. C’est la première fois qu’un truc pareil m’arrivait !

— Petit coquin ! Tu ne voulais pas voir tes envies profondes… Moi qui m’interrogeais sur ta nature…

— Tu crois que je suis vraiment gay ? Moi, je pense que c’est uniquement toi !

— Et quand tu fais le service, que tu joues le beau gosse, tu crois que c’est un scénario ? Ou tu joues une autre facette de toi ? La vraie ?

— Tu me bouscules ! Pour l’instant, il n’y a que toi !

En disant cela, il repensait aux caresses échangées amicalement avec Loïc et Mathieu, au sexe de Jean-Eustache, si impressionnant, à la chaleur de Samuel. Oui, uniquement Corentin, pour l’absolu, mais d’autres choses à explorer…

— Et le champagne, c’est pour fêter deux choses révolutionnaires pour moi. La première s’appelle Corentin ! La plus belle chose qui me soit arrivée depuis ma naissance.

— Tu es trop mignon.

— La seconde est d’avoir suivi tes conseils. Je me faisais tellement chier ce matin en amphi, que j’ai regardé les écoles d’acteurs. Il n’y en a pas beaucoup. Une me plaisait. J’ai mailé en envoyant une photo. Ils m’ont répond de suite !

— Nan ! C’est formidable ! Raconte !

— Ils venaient d’avoir un désistement. Ma gueule leur a plu. Moins compliqué que de trier dans les dossiers en attente ! Ils m’ont auditionné. Heureusement que j’ai une mémoire d’éléphant et que je me souvenais de textes du lycée. J’ai débité du Marivaux. Ils m’ont dit que j’avais été nul, mais que j’avais le don. Avec beaucoup de travail, c’était possible. Et ça colle ! Si tu savais comme je suis heureux !

— C’est merveilleux ! Je suis content pour toi ! Dis donc, toi, quand tu veux quelque chose, rien ne t’arrête !

— Tu le regrettes ? Je t’ai voulu.

— Oh non ! Je t’ai un peu forcé, mais après, je n’ai plus rien contrôlé !

— Le hic, c’est le prix ! J’ai calculé. Avec les soirées au club, je peux à peu près payer l’école. Mais je veux vivre avec toi. Il nous faut un studio un peu plus grand. Plus la bouffe, quelques sorties, je n’ai pas assez avec ce que mes parents me donnent. Ils peuvent facilement faire plus, mais il va falloir négocier l’abandon de la grande voie pour celle de comédien ! Je ne le sens pas trop. En plus, si je leur dis que c’est pour me mettre avec un mec, ça va pas le faire.

— Mais alors, pourquoi le champagne ? Tu as compris que pour moi, question fric, c’est comme pour la bagarre : nada !

— Je sais, Corentin. Ce n’est pas pour ça que je veux vivre avec toi ! Mais, écoute. Jusqu’à présent, ma vie était toute tracée et je devais suivre. Je ne maitrisais rien. Je ne manquais de rien, mais je n’ai jamais été moi. La chose la plus belle que tu as faite est de m’avoir révélé, de m’avoir obligé à faire des choix.

— Je n’ai pas fait grand-chose !

— Oh si ! Tu ne te rends pas compte. Je décide pour moi, maintenant. Donc, je t’ai dit oui, j’ai dit oui pour être comédien. Tu vois, je fonce. Donc, ce weekend, je rentre à la maison pour leur expliquer tout ça ! Tu viens avec moi ? Que je te présente !

— C’est peut-être un peu rapide ! Tu es incroyable, tu ne doutes de rien !

— Je t’ai, j’ai tout ! Je ne risque rien ! Et toi, ta journée ?

— Si tu savais comme tu m’inspires ! J’ai envie de réussir pour toi ! Pour que tu sois fier de moi.

— Mais je suis fier d’être avec toi.

— Non ! J’ai vu tes yeux quand j’ai parlé de faire une thèse. Je veux les revoir briller pour moi !

— Alors, champagne !

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