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Il farfouillait dans les vêtements et fit tomber le plus petit : un pagne de Tarzan. Pour s’amuser, il le passa. Dans le miroir, il fut étonné du résultat. Les restes de bronzage soulignaient la parfaite harmonie qu’il contemplait.

Pris d’une impulsion, il sortit ainsi, vêtu de ce cache-sexe qui dévoilait ses fesses à chacune de ses enjambées. Il alla vers la première table et se présenta comme le nouveau serveur qui serait bientôt parmi eux. Il était heureux de l’effet produit, de l’admiration et des envies qui s’affichaient si clairement.

Alex se précipita vers lui et le tira par le bras.

— Qu’est-ce que tu fais ? Tu n’as pas à être là ! Kevin et Li sont furieux !

— Oh ! Je suis désolé. J’étais au bar et j’étais harcelé sans arrêt. En me déguisant, je suis dans un rôle, ce n’est pas pareil. Je m’en fiche et les acclamations me plaisent. Dis-leur que si j’ai des récompenses, elles seront pour vous trois. Moi, je ne veux rien !

— Lucas, il faut qu’on cause ! Tu es en train de faire n’importe quoi !

— Oui, il faut qu’on se parle, j’ai trop de questions. Bon, tu leur dis bien ! Je m’amuse, je ne prends pas votre job !

Alex s’éloigna, le regardant en biais, alors qu’il remontait sur les genoux d’un homme d’un certain âge, qu’on devinait homme de pouvoir. Valentin sentait la main dans son dos, l’autre qui remontait à l’intérieur de ses cuisses. Le sourire de l’homme frisait l’extase, alors que Valentin jouissait de la volupté du moment. Quand la main se posa sur son sexe gonflé, prêt à jaillir, il se défit gentiment, effleurant les lèvres de l’homme en lui susurrant un langoureux merci. Il sentit un billet glisser dans le fil de cuir qui lui servait de ceinture. Il quitta cette table et visa une autre, à l’opposé de la salle. Il avait besoin de redescendre sa tension et en profitait pour faire flâner son regard, choisissant celle qui suivra. Tant qu’à faire, autant viser des visages avenant et généreux.

Il folâtra ainsi toute la soirée, faisant des haltes au bar pour confier à Fred les billets et aux toilettes, tellement il dégoulinait, se retenant toujours juste au dernier moment pour ne pas éclabousser le client qu’il venait de chauffer à blanc. Il percevait le malaise chez Kevin et Li, la gêne chez Alex, sans vraiment arriver à comprendre en quoi il en était responsable.

Très satisfait de la soirée, il attendait dans les vestiaires quand les trois autres arrivèrent, après un peu de rangement. Son sourire tomba immédiatement sous l’apostrophe de Kevin.

— C’est quoi, ce cirque, petit puceau ? D’abord, viens ici !

Intimidé, Lucas s’avança vers Jean-Eustache quand ce dernier l’agrippa et lui roula un baiser avec force. On entendait les borborygmes de Lucas essayant de se défaire. Jean-Eustache le relâcha en le repoussant violemment.

— T’es un nul ! Tu nous chauffes toute la soirée et tu ne tiens pas tes promesses. Tiens, retourne-toi, je vais t’enfiler. Ton petit cul est trop tentant ! Allez !

— Jean-Eu, arrête ! Il donne sa recette. Il s’amusait.

— Toi, la tafiote, tu la fermes ! D’abord, ce fric, il revient à Li et à moi, puisque tu es d’accord avec ton petit puceau. Et puis, tu t’arranges toujours pour t’accaparer et sauter les petits nouveaux. Cette fois, c’est mon tour ! Allez, Valentin, en position ! Regarde, je suis prêt !

Li-Sébastien regardait, un mauvais sourire aux lèvres. Corentin était replié, terrorisé par ce qui allait se passer. Lucas ne savait pas comment se défendre contre cette agression, cette méchanceté incompréhensible. Il ne savait pas se battre, alors que Jean-Eustache lui retournait le bras pour l’obliger à se courber sur la table, tout en arrachant le lacet de cuir.

Lucas faillit hurler pour la torsion de son bras. C’est à ce moment qu’il sentit une pression sur son anus, comme si Jean-Eustache voulait le pénétrer. Il se mit à murmurer, puis à crier.

— Non, non, non.

Pourquoi Sébastien n’intervenait-il pas ? Pourquoi, surtout, Corentin ne le défendait-il pas ? Pourquoi tout avait-il basculé dans l’horreur ? Lucas ne voulait plus. Il voulait être loin, n’avoir jamais répondu à cette offre, n’être jamais venu. Il savait que dans quelques instants, il serait détruit. Il se mit à pleurer, attendant le coup fatal.

— Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? C’est quoi ces cris ? Kevin, qu’est-ce que tu fais à Valentin ?

Joe venait de pénétrer dans le vestiaire. Sa colère était terrifiante.

— Tu étais en train de violer Valentin ! Dehors ! Ne remets plus jamais les pieds ici.

Jean-Eustache relâcha sa prise, sans répondre.

— Et vous, Li et Alex, vous laissez faire ? C’est incroyable ! Dehors aussi.

Sébastien voulut ouvrir la bouche, puis se ravisa. Corentin était ratatiné par la peur.

— Et toi, Valentin, je t’ai observé ce soir. C’est toi qui as foutu le bordel. Il y a des règles ici. Ce n’est pas possible ! Grâce à toi, je vire la moitié de mes serveurs ! Quel fouteur de merde ! Tu as de la chance, j’ai besoin de toi. Mais fais attention, je te casse à la première erreur. Allez, foutez-moi tous le camp !

Il se retournait vers la porte quand Lucas dit :

— Monsieur Joe, je suis désolé. J’ignorais ces règles. Je ne voulais pas foutre le bordel. Nous étions en train de nous expliquer, c’est tout. Kevin jouait à me faire peur, c’est pour ça qu’Alex et Li ne disait rien !

— Hmm ! C’est vrai qu’avec tes conneries, on a fait une très bonne soirée. Et vous ?

— Nous étions en train de nous dire la même chose. Les clients ont apprécié et on en a profité. Nous étions en train de compter ce que Valentin avait récolté. Tiens, reprends-les, maintenant !

— Et vous, Alex et Li ?

— Tout va bien, Monsieur Joe.

— Bon, alors, filez ! Ne recommencez jamais ce genre de scène !

Une fois parti, Jean-Eustache se tourna vers Valentin.

— Toi, tu me plais de trop. ! J’ai trop envie de te sauter. Il n’y a qu’un vrai mec dans cette bande de pédés. Tu m’appartiendras bientôt. Trop bandant ! Ce soir, je te laisse. Ton fric, je le garde quand même.

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