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Lucas était rouge de confusion. Encore hier soir, la vue d’Alex embrassant un homme l’avait révulsé et il était sûr de ne jamais l’imiter. L’homme, ce soir, était jeune, un regard amical. Soudain, il avait eu envie de ses lèvres. L’autre avait accepté avec bonheur. Sentir les poils de la barbe, le picoter avait décuplé le plaisir de Lucas. Le regard ravi quand ils se sont détachés le troubla. Il n’était qu'un client. Lucas devait se maitriser.

— J’ai adoré ! Mais j’ai merdé ! Je me pensais dans d’autres bras et je suis venu très vite.

Corentin jugea inutile de lui demander de préciser l’image qui l’avait fait monter.

— J’ai vu quand tu t’es déshabillé ! Tu as dû sentir le sperme toute la soirée. C’est un bon excitant pour les clients. Plein de belles phéromones !

— Il a dû croire que c’était grâce à lui, car il m’a glissé un billet de cinquante !

Ils étaient à la porte du club.

— Corentin, tu as dévié la conversation. Je…

Il avait l’air si perdu. Corentin en avait tellement envie.

— Bon ! Je veux bien encore cette nuit…

— Mais après ? Pendant le mois prochain ? Quand on se verra plus au club ?

— Il faut aussi que j’avance mes études. Lucas, je crois que ce serait bien que nous fassions un break. Il faut que tu réfléchisses à ce que tu es en train de faire et de changer dans ta vie…

— Tu as raison. Mais je ne peux pas tout seul. J’ai besoin de ton aide. J’ai vu que tu étais pris les trois soirs de ce weekend. Est-ce que je pourrais venir te chercher chaque soir ?

Le cœur de Corentin s’accéléra à la folie. Ce n’était pas son plan. Penser que chaque soir, il retrouverait Lucas le fit monter au paradis. Tant pis pour le break, tant pis pour tout ! Ne plus jamais le quitter !

— Si tu veux…

Lucas lui tourna la tête, l’arrêta sur le trottoir. Son visage rayonnait. Corentin n’était pas sûr de l’adéquation entre son esprit, son envie, son corps, mais ce qu’il y lisait aurait emporté n’importe quel indécis. Ne pouvant se retenir, il se mit sur la pointe des pieds, les yeux fermés, la bouche tendue vers son ange. Lucas ne s’attendait pas à une telle offre abandonnée. Contrairement à la veille, pas une seule fois Corentin n’était venu déposer un bisou à la commissure de ses lèvres. C’est vrai qu’il y avait eu plus de monde, mais il avait attendu, déçu. Devant ce visage à lui offert, oubliant son sexe, mu uniquement par un sentiment qui le transcendait, Lucas le rejoignit. Ils échangèrent un long baiser, scellement d’un accord implicite. Corentin avait cessé de lutter contre l’impossible, Lucas avait accepté le risque de tout perdre pour l’idéal qu’il tenait sous ses lèvres.

À peine arrivés, encore pleins de ce baiser, ils se dévêtirent pour se glisser dans le lit. Lucas se saisit de ce petit corps pour retrouver l’étreinte du matin. L’odeur de Corentin l’affolait. La frustration des caresses de la soirée le taraudait. Il oublia toutes ses réticences et interrogations pour couvrir le corps de Corentin de milliers de petits baisers. Cette peau blanche, dépourvue de poils, ces petits membres, tout était merveilleux. Lucas, dans sa frénésie, remontait régulièrement au visage, pour retrouver sa bouche, jouer avec les boucles de ses tempes. Corentin se laissait porter, se délectant de chaque mouvement de son admirateur.

Lucas avait basculé, caressant ses jambes qu’il trouvait si parfaites. Il remontait vers la partie qu’il avait ignorée, malgré la forte tension sous le tissu. Le boxer de Lucas était face au visage de Corentin qui n’avait encore esquissé le moindre geste. Pendant que Lucas couvrait ses jambes de dévotions, Corentin posa sa main sur le membre de Lucas. Ce dernier se redressa dans une vibration extrême de tout son être.

Corentin en profita pour reprendre le contrôle. Il sentait Lucas perdu dans son exploration, butant sur son sexe érigé sous le tissu. Il bascula Lucas et lui fit glisser son boxer. Lucas se tendit dans un gémissement.

— Non, non, ulula-t-il

— Excuse-moi…

— Non, non…

Corentin comprit cette double négation. Devant ce sexe magnifique, il se pencha, le prit délicatement dans sa main. Lucas répétait sa litanie en le poussant vers lui.

Corentin le caressait doucement, laissant Lucas accepter pleinement son plaisir. Sa bouche se referma tendrement.

— Oh… non, non…

Lucas abandonnait, ivre de ce plaisir enfin retrouvé. Corentin parcourait de sa langue le gland et le prépuce de Lucas, titillant son frein, entrainant des non non de plus en plus fort.

Soudain, il enfourna ce bâton jusqu’à la garde, à s’en faire vomir. L’avoir totalement en bouche, le posséder complètement ! Lucas accompagnait d’un lent mouvement des reins, répétant son envie.

Corentin déploya tout son savoir-faire, devinant les moments de détente et de reprise, emmenant Lucas sur de nouveaux sommets. Que c’était bon de le sentir se donner ainsi !

Lucas se sentit partir, exploser dans un orgasme splendide, se vidant de toute son énergie. Épuisé, il s’affala, avant d’ouvrir les yeux, rayonnants de béatitude. Corentin affichait le même état.

— Oh, qu’est-ce que tu m’as fait ?

— Rien ! Un peu d’amour…

— C’était mille fois plus fort qu’hier !

— Merci ! Mais tu étais plus réceptif ! Tu sais que non, ça veut pas dire oui ?

— Non, car tu m’as emmené dans un monde qui n’est pas le mien !

— Dans ton monde dont tu ne veux pas encore.

— Tu veux dire que je suis comme toi…

— Lucas, ne cherche pas à te coller une étiquette. Ça ne veut rien dire ! Tu as aimé ?

— Oui ! Mais parce que c’était toi !

— Oh ! Tu es trop gentil !

— Mais non ! Tu me fais un effet extraordinaire. J’ai envie de toi, de ton corps. Tu sais…

— Oui ?

— C’est dur à dire ! Quand je t’ai vu apparaître, c’est comme si je te connaissais depuis toujours, que je t’avais attendu, sans te connaitre ! Tu m’as demandé de t’aider à te déshabiller ! J’ai vu tes jambes, si belles ! J’ai eu une érection. Voilà ! Je te l’ai dit ! Et puis tu m’as…

— Sucé ?

— Oui ! Tu m’as sucé et c’était comme naturel, évident ! J’étais comme drogué ! Le reste n’avait plus aucune importance ! Plus tes petits baisers. Ce que c’était merveilleux !

— Lucas… J’ai ressenti la même chose !

— Mais toi, tu as l’habitude, tu es…

— Un pédé ?

— Oui ! Enfin, ce n’est pas ce que je veux dire…

— Je comprends ! Mais ce que je veux te dire, c’est plus que ça ! Des mecs qui me font bander, c’est courant. Toi, ce n’est pas bander, c’est beaucoup plus…

— On peut s’aimer si on est deux mecs ?

— Bien sûr ! L’amour n’a rien à voir avec le sexe ! Viens !

Ils se blottirent l’un dans l’autre, cédant à la fatigue et à trop de paroles.

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