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En sortant, Lucas fut surpris par son reflet. Le collant avec une jambe jaune et une jambe bleue les mettait en valeur, ainsi que son derrière, constata-t-il. Le petit pourpoint complétait harmonieusement, mettant en valeur son visage. Il ne s’était jamais regardé avec des yeux extérieurs. C’est vrai qu’il était pas mal de sa personne, avec sa belle chevelure châtain clair. Surtout, ses yeux bleus translucides ressortaient gaiment. Décidément, il devrait se déguiser plus souvent, songea-t-il. Endosser un autre personnage était trop plaisant. Il était heureux de toutes ces découvertes.

Ils croisèrent Joe. Aucun client n’était encore présent. En allant vers le bar, Joe accompagna Alex de sa main sur l’épaule.

— Alex, je t’avais interdit cette tenue ! Elle est trop ! Et bravo pour Lucas ! Il veut bien essayer ?

— Valentin, ici.

— Très bien ! Va pour Valentin ! Vous êtes tous les deux adorables, c’est bon pour la clientèle ! Un petit verre de bienvenue ?

Ils se mirent au bar. Valentin regardait avec de grands yeux le barman. Le crâne rasé, la trentaine, il était vêtu de cuir, laissant apparaître poils et tatouages. Lucas regarda cet individu et son accoutrement. Il n’aimait pas beaucoup ce look, dénotant une trop grande virilité. Pourtant, il affichait un grand sourire de bienvenue. La curiosité de Lucas fut excitée par ce contraste entre aspect physique rebutant et accueil chaleureux.

— Bonsoir, beau gosse ! Moi, c’est Fred, le barman qui concocte les cocktails ! Toi, c’est…

— Lucas, euh, non, Valentin. Je débute ce soir.

— J’avais compris. Tu es vraiment mignon. Dommage que tu ne sois pas mon genre ! La spécialité ici, ce sont les cocktails : il faut que tu apprennes leur nom, leur composition et que tu saches les reconnaître au premier coup d’œil.

Fred égrena toute la liste des compositions possibles et la façon de les distinguer. Lucas-Valentin ingurgita cette litanie sans difficulté, et à la stupéfaction de Fred, la récita presque complètement.

— En plus, il est doué ! Tu me plais ! On va bien s’entendre !

Lucas-Valentin rougit imperceptiblement. Il se demandait ce qu’il faisait dans cet accoutrement, gentiment dragué par un homosexuel, dans une boite d’homosexuels. Ce n’était pas son truc. Il y avait eu peu d’ambiguïtés et il savait au-devant de quoi il allait. Il ne craignait pas le contact physique, au contraire, mais il avait tacitement accepté de se faire toucher par des homos. Il avait loupé une marche.

Il regardait son collègue, sa silhouette si charmante. Sentant ce regard, Corentin le regarde avec les mêmes yeux que ceux qu’il avait eus en le besognant. Le souvenir de cet acte jaillit, libérant la jouissance qu’il avait refoulée. Immédiatement, une légère douleur lui signala la butée de son érection par le tissu. Que s’était-il passé ? Comment retrouver cet emportement ?

Il s’interrogeait encore quand un groupe de quatre hommes entra. Alex lui expliqua :

— Il faut leur laisser le temps de s’installer, mais ne pas les faire attendre. Il faut sentir le bon moment. Maintenant ! Viens, Val.

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