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Lucas le suivit, les yeux rivés sur son derrière. Comment un cul, de garçon, pouvait-il lui faire autant d’effet ? Ce devait être cette tenue si bizarre. Elle forçait le regard sur cette croupe. Ce qui la rendait mignonne était sa petite taille, plus jolie que celles des filles. Cet Alex était un mystère. Lucas était attiré par cette énigme.

— Bonsoir messieurs ! Avant de prendre votre commande, laissez-moi vous présenter Valentin, notre nouveau serveur.

— Ah, très bien. Bonsoir Valentin. Tu es presque aussi charmant que ce garnement ! Approche-toi, Alex.

L’homme assis passa sa main sur les fesses d’Alex. Lucas ressentit une profonde et inexplicable jalousie.

— Tu peux prendre la commande, s’il te plait ? Je reste un moment avec eux.

Déjà, il était assis sur les genoux de l’homme, dont la main se devinait progressant sous la jupe minuscule du garçon-fille. Avec son petit bustier échancré, les manches bouffantes soulignant la finesse de ses bras, il était à croquer, avec son immense sourire. Il plaisantait avec ces clients. Ses manières étaient empreintes de grâce, car il y mettait une douce féminité.

Pourquoi Lucas eut-il l’impression que cette danse avec un autre lui était destinée ? Pourquoi était-il remué si profondément ? Pourquoi, soudain, tout cela devint essentiel, reléguant Marie au fond de ses pensées. Pourtant, il l’aimait. C’était facile avec elle et ce le sera toujours. Un regard de Corentin assorti d’un mouvement de menton le ramena auprès des clients.

Lucas nota dans sa tête ces noms inconnus, les plaçant déjà devant chaque convive. Il se retournait vers le bar quand il sentit une main le retenir. Il fit un pas en arrière. Une main se posa sur ses fesses. Il ne put retenir un frémissement pour cet attouchement inattendu. Il se souvint de la main de Joe, froide et désagréable, des conseils d’Alex, non, de Corentin. Il se força à reprendre le contrôle de son esprit puis de son corps. Peu importait le responsable, le sexe, l’âge de celui qui le touchait. Se concentrer uniquement sur le ressenti, sur ce que l’autre exprimait par ce geste. Il fut surpris, ayant finalement perdu l’habitude de ces caresses qui le ramenait à sa petite enfance. Objectivement, c’était agréable. Même, il avait envie de se perdre, d’aller plus loin dans cette sensation qui commençait à le faire vibrer. Cela lui déclencha une érection qu’il fit tout pour oublier et la dissimuler. L’homme disait à son ami.

— Pas d’accord ! Je trouve Valentin aussi charmant qu’Alex. C’est son premier soir, mais bientôt il sera aussi ouvert que notre belle soubrette.

Aucune réponse ne vint, vu que la soubrette embrassait goulument l’ami en question. La main relâcha Lucas qui put aller chercher les verres au bar. Fred l’accueillit d’un clin d’œil.

— Je crois que tu vas te plaire ! J’ai vu ta réaction ! Tu aimes ça ?

De quoi parlait-il ? De son attitude ou de son érection ?

— Je ne sais pas. C’est nouveau. Mais, oui, je trouve agréable d’être apprécié par d’autres.

— Fais quand même attention. Tu vas être forcément invité à suivre l’un ou l’autre. Tu as l’air trop innocent. Refuse. C’est trop dangereux et tu n’es pas payé pour ça.

— De toute façon, je retrouve Alex après le service.

— Ah le salaud ! Il m’a toujours répondu non. Et toi, dès le premier jour, tu l’emballes.

— Non, je crois que c’est juste en copain…

— Juste en copain avec Alex ! Tu ne vas pas être déçu du copinage ! Tiens ! Tu as bien repéré les cocktails ?

— No problemo, lui lança-t-il avec, lui aussi un clin d’œil.

Décidément, ils étaient tous gentils et prévenants ici ! Si c’était juste une main sur ses fesses, c’était bien payé. Il pensa qu’il allait se plaire. De toute façon, jamais il n’embrasserait un inconnu sur la bouche ! Trop dégoutant ! Alex l’avait déçu en le faisant.

Ce dernier se tenait debout, toujours assisté d’une main secourable dans son entre-jambes pour le soutenir. Quand Lucas se pencha pour poser le premier verre, une autre main se posa sur sa cuisse intérieure. La surprise faillit lui faire basculer le plateau, mais son habileté récupéra la situation. La main attendit le dernier verre pour remonter vers son pubis.

— Désolé, j’ai failli tout te faire renverser ! Approche !

Il n’osait pas regarder l’homme. Pourtant, cette main était agréable et douce. Heureusement qu’Alex lui avait fait passer ce slip, « pour ne pas faire de plis sous les fesses ». Il lui avait aussi positionné le pénis vers le haut, en lui expliquant :

— D’une part, tu seras plus à l’aise si tu bandes, et d’autre part, cela se verra mieux ! Et puis, tes testicules sont plus facilement accessibles.

Il n’avait rien répondu. Corentin avait accompagné ses paroles d’un simple frôlement sur ces parties sensibles qui avait alors déclenché une tornade dans la tête et le sexe de Lucas, tandis qu’Alex s’était éloigné. Lucas n’avait pas compris alors pourquoi et à qui ses testicules devaient être accessibles. Maintenant, il comprenait beaucoup mieux. Pour autant, il était encore incapable de dire s’il allait se laisser faire ou courir vers la sortie. La sensation était trop agréable, mais approchait trop d’un interdit mal défini.

La main en remontant toucha donc les testicules, provoquant à nouveau une décharge de sensations violentes et inconnues. Lucas se sentait gonfler, le tissu se tendre sous la pression. Il n’avait qu’une crainte. La main continua son ascension pour couvrir son membre. Tout ceci lui paraissait anormal, mais le plaisir montait, trop agréablement pour s’esquiver. Sa seule préoccupation était de savoir quand et comment cela allait se terminer, conscient que cela ne dépendait plus de lui.

— Voilà du bon service, qui répond vite et bien !

Lucas sentit un papier glissé dans sa ceinture, tandis qu’une petite claque le libérait. Il répartit vers le bar avec Alex qui sortit un billet de sous sa jupe. Lucas attrapa le sien. Ils avaient le même. « Autant que Gaspard en une soirée complète », se dit-il, heureux de ce premier gain. Son sourire de fierté attira un baiser discret d’Alex.

— Tu es vraiment craquant quand tu souris !

Fred les regardait, amusé. Lucas était perdu, affolé par ce qu’il venait de vivre et de ressentir, perturbé par le désir de recommencer, se sentant happé vers un monde plus fort, mystérieux et pas forcément permis.

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