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Avant toute réaction, Alex l’avait enlacé et lui avait posé deux baisers sur chaque joue. Cela était fait avec naturel et fraicheur. Quel accueil chaleureux !

Alex rayonna et lui prit gentiment la main, exactement comme lui faisait Marie. Conquis, il suivit son nouveau mentor. Ils montèrent à l’étage, Lucas toujours nu, mais Alex semblait ne pas y attacher d’importance. Heureusement qu’ils ne croisèrent personne. Lucas avait perdu tout repère, s’en remettant à son guide.

Ils pénétrèrent dans un vestiaire, assorti d’une énorme penderie : les fameux costumes ! Il fut étonné du nombre et de la variété de costumes. Il ne s’était jamais déguisé et cette abondance lui donna follement envie de changer de peau.

Aussitôt, tout en restant volubile, Alex commença à se dévêtir.

— Tiens, aide-moi ! J’adore ce slim, mais il est difficile à mettre et à retirer. Vas-y doucement pour ne pas le détendre.

Il était fait d’une sorte de cuir synthétique, fin et souple. Il n’avait jamais vu et touché une telle matière, une seconde peau si douce. En le retirant, il découvrait de fines jambes couvertes d’un duvet à peine visible. Il s’écarta, laissant Alex achever son déshabillage. Son ossature frêle, ses membres gracieux, sa figure souriante, laissaient Lucas sans voix. Aucun de ses camarades n’avait cette légèreté.

— Tu me trouves beau ?

— Oui ! C’est bizarre, car c’est la première fois que je…

— Oui ?

— Je ne sais pas. J’ai du mal à le dire.

— Je comprends ! Merci quand même !

Lucas ne comprit pas l’allusion. Alex était maintenant complètement nu. Lucas ne pouvait écarter son regard, étonné de l’absence de poils sur le pubis, ce qui en faisait un objet étrange. Hormis ce détail troublant, Alex ressemblait fortement au type de fille qu’il préférait.

— Dis donc, tu es lent à venir, mais tu es aussi lent à dégonfler ! Tu sais que tu es un des plus beaux mecs que j’ai rencontrés ! Je peux ?

Peux quoi ? Lucas ne comprit pas la question et ne répondit pas. Aussitôt, Alex posa sa main sur son pénis, à moitié dégonflé maintenant. Lucas ressentit une grande douceur, emprunté de gentillesse. Incapable de repousser cette bienveillance, il se laissa faire, goutant la sensation plaisante qui montait doucement. Il ferma les yeux, troublé par ce qui se passait en lui et autour de lui. Un changement lui fit ouvrir les yeux. Alex avait mis son sexe dans sa bouche et le fixait de ses yeux rieurs. Il était comme ivre, hypnotisé par ce regard fascinant. L’impression décupla. Toujours incapable de comprendre et de résister, il se laissa transporter, avant d’exploser à la limite de la douleur. Alex l’accompagna jusqu’au relâchement.

— Merci, Lucas ! Extraordinaire ! Pour ça, tu réagis vite ! Un peu trop. Ça fait longtemps que tu ne t’étais pas vidé !

La victime, encore assommée et essoufflée par la puissance de ce qu’il venait de vivre, perdu dans ces yeux débordant de reconnaissance, se taisait toujours, ayant perdu contact avec la réalité.

Lucas éprouvait le besoin de se reprendre, dans ce tournis de mots et de sensations trop nouvelles pour lui. Il était là pour se déguiser, servir des homosexuels qui allaient le tripoter. C’était le challenge qu’implicitement il avait accepté depuis son appel à cette entreprise. Plus de la curiosité : il connaissait l’homosexualité, de nom, mais sans aucune idée de ce que cela signifiait. Découvrir ces gens et ce qu’ils avaient de particulier le stimulait, comme pour chaque nouvelle chose.

Ce qui venait de se passer était anormal, il le savait, mais le fort plaisir ressenti et la gentillesse en avaient fait un moment merveilleux. Il le rangea soigneusement dans un petit coin de sa mémoire désireux de le conserver précieusement, sans avoir à y penser.

— Eh, coco ! Il faut nous préparer ! Tu regardes et tu choisis comment tu veux apparaître ! Au fait, il te faut un surnom ici. Moi, c’est Alex. Toi, le nom de l’amour : Valentin ! Ça te plait ? C’est joli. Tu es OK ?

— Va pour Valentin ! Mais alors, Alex, ce n’est pas ton prénom ?

— Corentin, IRL ! Ni Coco ni Tintin, s’il te plait !

— J’aime bien. C’est joli comme prénom !

— Et moi, je te plais ?

Lucas se sentit rougir. Cette question, il ne voulait pas se la poser. Corentin l’avait accueilli simplement, sans question. Il ne l’avait pas flatté d’emblée comme faisaient tous les autres. Surtout, il lui avait apporté un plaisir inconnu. Il ignorait qu’on pouvait porter un sexe à la bouche. Il ignorait le plaisir incommensurable qu’on pouvait donner ainsi. Corentin avait agi avec un naturel émouvant. Il avait un physique masculin, mais dénué de virilité agressive. Ses formes minces, si proches des formes féminines, étaient plaisantes. Son comportement laissait penser à une amitié franche et ancienne. Oui, Corentin lui plaisait. Mais pouvait-on dire à un autre garçon qu’il vous plait ? Lucas cherchait une expression positive et attachante, mais déjà Corentin, ou Alex, manipulait les cintres.

— Ce soir, je vais prendre celui-là. Tu as réfléchi au tien ? Je te verrai bien dans quelque chose de mignon. Spiderman ? Non, non, non… Tiens, une tenue de page du Moyen-âge ! Tu veux essayer ?

L’idée le séduisit. Enfant, il avait souvent rêvé sur ces garçons du Moyen-âge, en collant et pourpoint. Ce qu’ils étaient mignons ! Sa volonté réapparut. Autant aller au bout de cette expérience ! Il pouvait arrêter si cela dépassait l’acceptable, se rassura-t-il. Le costume sentait assez mauvais.

— Ils sont lavés de temps en temps ?

— Je ne sais pas. En tous les cas, tu mets un slip en dessous !

— Mon boxer ?

Corentin éclata de rire.

— Ta ceinture de chasteté ? C’est débandant ton truc. Attends ! Je vais te passer un des miens, j’en ai toujours plusieurs. Tiens, regarde !

— Mais c’est minuscule ! C’est trop fin. C’est un truc pour les filles ! Tu es petit. Ce n’est pas ma taille !

— Tu fais du combien en pantalon ?

— Du S, ou du 38. Limite 36 !

— Comme moi. Passe-le et essaie de le déchirer en bandant et reviens me voir ! Allez ! Enfile !

Lucas ne pouvait lutter. Il enfila ce petit bout de tissu. C’était confortable et il était bien maintenu, malgré le reste d’érection qui ne parvenait pas à faire disparaître. Jamais il n’avait été tendu aussi longtemps.

— Bon, tu sais que tu vas avoir des tonnes de mains sur toi. Laisse-les fureter, accompagne-les, prend du plaisir avec !

— Je n’ai pas l’habitude…

— Justement, ne pense pas à qui les donne, juste au plaisir qu’elles te donnent.

— D’accord ! C’est quand même nouveau pour moi, tout ça !

— Ne t’en fais pas ! Laisse venir. Accepte de découvrir, je pense que tu ne seras pas déçu !

— Si jamais je ne supporte plus…

— Continue, en pensant à des choses agréables !

— À toi ?

La spontanéité de sa sortie étonna Lucas. Alex partit d’un éclat de rire.

— Tu es trop cute ! Tu sais que tu me dragues…

— Non, non, je ne voulais pas te gêner ! Ne va pas croire…

— Bien au contraire !

Il finissait de s’ajuster quand il leva les yeux. Devant lui, une charmante soubrette le regardait. Sa jupe s’arrêtait dès ses fesses qu’on devinait petites. Il-elle était croquante.

— Eh ! Ferme la bouche ! Je te fais tant d’effet ?

— Excuse-moi. Tu es…

— Oui ?

— Belle ! Je veux dire beau. C’est incroyable ! Tu es…

— Désirable ?

— Oui ! Enfin, je veux dire non. Je trouve cette transformation extraordinaire. On te prend vraiment pour une fille, jolie, mignonne…

— Désirable ? Une fille…

— Oui, c’est ce qui me trouble. Tu es un mec !

— Tu en es sûr ? Cela a de l’importance ?

— Bien sûr !

— Pourquoi ? Tu dois connaitre le sexe avant d’être attiré par quelqu’un ?

— Ben oui ! Garçon-fille, homme-femme…

— Tu m’amuses ! Naïf et un peu con. Mais tellement craquant ! Tu sais où tu es, ce que tu vas rencontrer…

— Je suis peut-être con, mais je ne suis pas idiot. Oui, je sais que je vais être au milieu d’homosexuels qui vont me lorgner.

— Et apprécier un beau morceau de choix !

— Je vais être payé pour !

— Donc, tu es prêt à te vendre…

— J’ai compris, je te dis ! Oui, mais c’est mon image que je montre et que je vends, pas moi, pas mon corps !

— Si tu es clair dans ta tête ! Tu sais que tu es hyper bandant dans ton costume.

— Super ! Si je te plais, je vais aussi plaire aux autres. C’est ce qu’il faut, non ?

— Lucas, tu es con ou tu joues avec nous, avec moi ?

— Non, pas du tout ! J’ai du respect pour toi. Désolé.

Corentin s’approcha.

— Quel curieux personnage ! Tu me fais craquer ! Complètement ! Je vais te soutenir et t’aider ce soir. Mais je voudrais…

— Oui ?

— Lucas, quoi qu’il se passe, après, tu… on…

Lucas comprit. Il n’était pas habitué à ce genre de déclaration, mais il avait envie d’approfondir cette relation étrange, de connaitre ce garçon ambigu, mais si gentil.

— Oui, je veux bien. Même très bien.

Corentin caressa sa joue du bout des doigts. Puis, sans réfléchir, il esquissa un baiser sur les lèvres de Lucas. Surpris, ce dernier n’esquiva pas, sensible à cette première marque d’amitié, oubliant d’être choqué par le genre de ces lèvres.

— Bon ! Tu le sens ? Tu es prêt ? On y va ? Dernier conseil : laisse les mains te parcourir, partout. C’est sans importance. Essaie d’en profiter, c’est agréable. Et si jamais tu ne supportes plus, tu la retires gentiment, en envoyant un petit baiser. OK ?

— Oui.

Lucas déglutit. Cette fois, c’était parti. Pour quoi ? Il l’ignorait, mais il se sentait prêt. Avec un immense sourire, il acquiesça. Il serait parti n’importe où avec son nouvel ami.

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