Iris - XVII

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09h 47

J’ai chaud. J’étouffe. Je suis prise en sandwich par Emma et Clara. Je n’en peux plus. Trop de chaleur humaine tue la chaleur humaine. J’ai besoin d’air. Je peux à peine bouger tellement mes amis sont proches de moi. Je sens la respiration chaude d’Emma sur mon visage. J’hésite à lui souffler mon haleine du matin sous son nez. Ça pourrait servir de vengeance pour le trouble qu’elle a mis hier en tentant de séduire le petit copain de ma sœur. Au moment où je réfléchis sérieusement à la question, je sens Clara s’agiter derrière moi. Je me retourne vers elle en sautant un peu sur le matelas. Les yeux de mon amie rouquine sont grands ouverts.

— Faut que j’aille aux toilettes, chuchote-t-elle.

Malheureusement, pour elle, il va être difficile de sortir de la pièce sans marcher sur nos deux autres acolytes. Eliott et Rudy sont endormis sur un matelas gonflable au pied de mon lit. Je me redresse doucement pour les observer. Clara fait de même. Et nous ne pouvons nous retenir de rire en constatant que les deux jeunes hommes se tiennent dans les bras l’un de l’autre, en position cuillère. Nous auraient-t-ils cacher leur coup de foudre ?

— Ils sont mignons, articulé-je silencieusement.

Clara craque sous le poids de la blague à leur faire.

— Debout là-dedans ! hurle-t-elle.

Les deux beaux au bois dormant se réveillent alors en sursaut. Lorsqu’ils se rendent compte de la position dans laquelle ils se trouvent, ils s’éloignent rapidement. Mon rire et celui de mon amie explosent. Nous ne pouvons plus nous contenir. J’entends Emma grommeler à côté qu’elle veut encore dormir mais je l’ignore.

— Alors il y a eu rapprochement cette nuit ? demande Clara avec un air malicieux.

En forme dès le matin, Eliott se rapproche de nouveau de Rudy, puis pose sa main sur son épaule.

— Et ça n’était pas pour lui déplaire, annonce-t-il d’une voix suave.

— Ooooouuhhhh, réponds-je en chœur avec Clara.

— Tu n’es pas vraiment mon genre Eliott, plaisante Rudy.

Mon meilleur ami prend alors une moue boudeuse puis croise alors les bras sur sa poitrine.

— Puisque c’est comme ça, je te quitte !

Ainsi s’achève l’histoire d’amour la plus brève que le monde n’ait jamais connu. Je suis contente de voir que tout le monde est de bonne humeur dès le réveil. Sauf Emma. Mais je ne suis pas vraiment surprise. Je l’informe qu’elle peut rester dormir encore un peu tandis que nous nous partons en quête du petit déjeuner, que je sais déjà copieux. Mon ventre crie famine. Je ne suis apparemment pas la seule à en juger par les bruits de grenouilles parvenant à mes oreilles.

Nous traversons le couloir à pas de loup et à la queue-leu-leu. Puis une fois arrivés, sur la mezzanine, nous évitons tant bien que mal la personne dormant sur un matelas. Le sac de couchage lui recouvre le visage. Je ne sais pas de qui il s’agit. Je place mon index sur ma bouche, une fois arrivée devant l’escalier pour signaler à mes amis de ne pas faire de bruit dans l’escalier. Madga, Lou et Aline dorment en bas, dans le salon. L’escalier étant en bois, il faut faire preuve de bonne volonté pour éviter qu’il ne craque de trop sous notre poids. Puis nous traversons la maison. Mes amis sortent s’asseoir sous le barnum, un à un. Pendant ce temps, Mamie sort des toilettes puis ouvre doucement la porte de la salle de bain. Elle ne m’a pas vu. Je la rejoins au bout de plusieurs grandes enjambées. Enfin aussi grande que mon mètre soixante me le permet.

— Mamie, qu’est-ce que tu fais ? la questionné-je.

Ma grand-mère sursaute au son de ma voix.

— Euuhh… Je voulais me laver les mains, ment-elle pour reprendre bonne contenance.

— Il y a un lavabo dans les toilettes.

Mon interlocutrice ne répondit rien. La curiosité est définitivement un vilain défaut.

— Tu n’as pas vu ? J’ai mis un post-it, l’informé-je en croisant les bras sur ma poitrine. Il y a quelqu’un qui dort ici, c’est pour éviter de le déranger.

— Mais enfin c’est écrit bien trop petit ! Il est minuscule ton bout de papier ! Tu sais bien que je ne peux pas lire les pattes de mouches, ce n’est plus de mon âge ! s’agace alors Mamie.

Elle a saisi la perche que je lui avais tendu. Je décide de lui laisser le bénéfice du doute même si je ne suis pas dupe. Contente d’avoir pu sauver les apparences, ma grand-mère sort de la maison, la tête haute. Une fois la curieuse disparue de mon champ de vision, je pose ma main sur la poignée de la porte puis appuie dessus. Je passe ma tête dans l’entrebâillement de la porte.

Ça me rappelle la blague que j’aime faire à ma sœur lorsqu’elle est aux toilettes ou dans la salle de bain et que j’imite Jack Nicholson dans Shining en appelant « Danny ». Je pouffe de rire en revoyant les visages horrifiés de mon aînée.

Nino est toujours sous la protection de Pikachu. Il n’a pas bougé d’un pouce. Je décide de m’avancer légèrement afin de vérifier qu’il respire encore. Je fais un pas dans la salle de bain puis un second. La couette se soulève légèrement à un rythme régulier. Je suis soulagée. Le jeune homme risque d’avoir une migraine carabinée à son réveil. Heureusement Maman a fait le plein d’aspirine et autres comprimés. Et je suis sûre qu’Andréa a une de ses tisanes étranges sous le coude pour soigner la gueule de bois.

Mon ventre se met alors à faire de bruyants gargouillis. Plaçant une main sur ce dernier, je m’éclipse en essayant de ne pas me faire remarquer.

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