03h33

— Cccchhhhuuuutttt ! Vous allez la réveiller !

Neige est dérangée pour cette arrivée bruyante. Elle quitte mes bras brusquement pour se réfugier sous le lit.

—Tu fais plus de bruit avec ton « chut », s’agace une voix féminine.

J’hésite à ouvrir un œil. Je pourrai faire celle qui n’a pas entendu. Je pourrai reprendre ma nuit là où je l’ai laissé. J’opte de suite pour cette option. Mais c’était sans compter sur Eliott.

— Tu dors ?

Je décide de ne pas répondre. Surtout ne pas ouvrir les yeux.

— Tu dors ?

Et comme je ne pipe toujours pas un mot.

— Tu dors ?!

Cette fois-ci, le ton est monté de quelques décibels.

— Mais enfin si elle ne te répond pas, c’est qu’elle dort, déduit Clara.

— Ce que tu peux être idiot. Tu en connais beaucoup des personnes en train de dormir qui vont te dire « oui oui, je dors » ? continue Emma.

— C’était pour être sûr, se justifie mon meilleur ami contrarié.

J’entends alors un poids mort s’abattre sur le sol de ma chambre. Le bruit semble amorti par une surface en plastique. Un matelas gonflable ? Puis quelqu’un se met alors à grogner.

— Désolé mec. Tu me fais une petite place ?

J’identifie le mécontent comme étant Rudy. Franchement, je compatis. J’espère qu’Eliott ne ronflera pas durant la nuit.

On lance un projectile sur ce dernier car il se met à râler. Il semblerait que ce soit son sac de couchage. Une fermeture éclair s’ouvre ensuite dans un bruit aigu et si emblématique.

Emma et Clara s’affairent autour de mon lit. Elles quittent la pièce à tour de rôle Sans doute pour se changer. Je remarque que personne ne se brosse les dents. Les gros dégoutants.

Au bout d’un certain temps que je ne peux pas quantifier (car on perd la notion du temps lorsqu’on a les yeux fermés), je sens la couette se soulever à ma droite puis à ma gauche. Le lit s’affaisse un peu sous le poids des deux nouvelles arrivantes.

Les lumières s’éteignent. Dans le noir, je ne peux m’empêcher de sourire. Ma nuit va pouvoir reprendre. Du moins, c’est ce que j’ai cru jusqu’au moment où les premiers vrombissements d’Eliott se firent entendre.