Andréa - XV

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01h18

Une fois sortie de la maison, je me rends sous le barnum afin de vérifier si Solal a rejoint ses nouveaux copains de buverie. Ce n’est pas le cas. Je descends ensuite les escaliers menant au sous-sol et je ne suis pas surprise de constater qu’il n’est pas là non plus. J’espère qu’il n’est pas malade dans un coin comme Nino. Je décide d’aller vérifier dans la tente que nous avons monté quelques heures plus tôt. Munie de la lampe torche de mon smartphone, j’évite de marcher sur quelque chose de louche.

Au loin, une chouette hulule. Je n’ai pas peur car je préfère la nuit au matin. Cela me donne l’impression d’être seule au monde lorsque tout le monde est endormi. Mon père m’a souvent répété que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt mais j’ai toujours apprécié écrire avec les rayons de la lune. Les mots semblent couler le long de mes bras avant d’atterrir sur le clavier. Cette sensation de vide autour de moi me grise et je suis capable de m’inventer des histoires pendant des heures.

Le ciel est dégagé et les rayons de l’astre lunaire décroissant viennent éclairer une drôle de forme sombre allongé sur la pelouse. Je m’approche silencieusement avec la lueur du flash de mon téléphone.

— Andréa ?

— Solal ? Est-ce que ça va ?

Son grognement me fait comprendre que la réponse est mitigée. Je préfère ne pas relever.

— Qu’est-ce que tu fais ? demandé-je un peu hésitante.

— Je regarde les étoiles.

Je lève la tête et remarque une pluie de petits points lumineux dans le ciel.

— Tu peux venir si tu veux.

Je suis contente de cette invitation. Sans me soucier de la rosée tombée au crépuscule, je m’allonge aux côtés de mon petit ami et nous restons ainsi, sans parler quelques secondes. À moins que ce ne soit quelques minutes. Quelques lueurs se déplacent dans le firmament, sans doute des avions ou des satellites.

L’infiniment grand et l’infiniment petit ont toujours été des sujets passionnants pour moi. Les grandes étendues me font de relativiser sur notre place en ce monde, sur nos soucis. C’est un peu comme regarder la mer, cela m’apporte la sérénité dont j’ai besoin maintenant. Je regrette de n’avoir aucune connaissance en astronomie.

— J’aurai aimé connaitre certaines constellations pour t’impressionner, chuchote alors Solal, rompant ainsi le silence.

Un sourire se dessine sur mon visage. Je ne réponds rien car j’ai peur de briser ce moment. Il n’y a aucune rancune, ni la moindre trace d’animosité dans sa voix.

— Comme toi tu m’as impressionné, toute à l’heure, en cherchant à plaquer le chien.

Je pouffe de rire et lui aussi.

— Vu le résultat, j’aurai eu besoin de cours particuliers d’un expert.

J’aime lorsque c’est ainsi entre nous. Fluide, facile, complice. Nous nous taisons de nouveau. Une voiture et quelques bribes de voix viennent perturber le calme de l’obscurité.

— Je suis désolé pour mon comportement. J’ai merdé. J’ai été jaloux.

Je ne dis rien. Doucement, il se tourne vers moi et se rapproche. Il ne regarde plus le ciel. Je sens son regard sur moi. Je reste immobile. Je le laisse continuer.

— J’ai voulu te piquer pour te blesser. Emma est celle qui m’en a donné l’occasion. C’était nul de ma part. Quand je t’ai vu avec lui, j’ai compris qu’il n’y avait rien entre vous. Je suis sincèrement désolé.

Il prend appui sur son coude et place sa tête dans sa main. Je l’entends respirer, son odeur me parvient légèrement. La distance qui nous sépare se fait encore plus mince. Je quitte alors le firmament des yeux et même si la pénombre nous enveloppe, je distingue les traits de son visage, doucement illuminé par la lune.

— Je suis désolée de t’en avoir voulu pour ton départ en Australie. Tu avais besoin de ce voyage. J’ai voulu te faire savoir à quel point ton départ m’avait fait souffrir. C’était injuste. Je suis contente que tu sois là.

Solal approche alors ses lèvres des miennes. Il s’arrête à quelques millimètres. Mon cœur manque un battement. Son souffle caresse ma peau et le bas de mon ventre se contracte délicieusement. Je réduis alors l’espace entre nous au néant, embrassant avec tendresse mon amoureux. Ce baiser conclut alors notre réconciliation, pour mon plus grand bonheur.

Dans un mouvement agile, je bascule et m’allonge sur son torse. Notre étreinte s’enflamme. Les baisers se font plus appuyés, plus intenses. Solal se redresse et je me retrouve à califourchon face à lui.

— On va vraiment faire ça dans la pelouse ?

Je marque un temps d’arrêt pour reprendre mon souffle. Mon cœur bat la chamade. J’hésite avant de lui chuchoter à l’oreille.

— Personne ne nous voit.

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