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Jour deux


Je rencontre ce soir le groupe de discussion autour de la frangipane. J'ai un peu le trac, je me demande s'ils vont apprécier ma frangipane - j'en ramène un peu pour leur montrer -, si cela se trouve ils n'acceptent pas tout le monde.

Je connais l'existence de ce groupe par un amateur de frangipane qui habite à trois kilomètres de ma maison avec trois pièces - je compte en construire une quatrième pour la frangipane de secours de la frangipane de secours. Cet homme s'appelle Niego.

Niego n'aime pas les automobiles, mais au moins il aime la frangipane. Quand je lui parle, il serre toujours un peu de frangipane dans le creux de sa main ; il lui parle parfois, l'appelle son enfant, bébé frangipane ; je souris souvent, parce que je suis impressionné. Jamais je n'avais vu une relation si intime avec de la frangipane.

Comme il a vu que j'aimais la frangipane, il m'a invité à rejoindre le groupe. Il m'a dit qu'ils se réunissaient tous les samedis. On est samedi. Il y a une réunion ce soir. J'ai le trac.

J'ai endimanché ma frangipane, parce que je ne veux pas qu'on se moque d'elle. Je lui ai passé une cravate violette avec un noeud rose, surmonté d'une seconde cravate verte avec un élastique marron qui soutient un noeud papillon fuchsia. Elle est belle, ma frangipane.

J'ai pris le taxi et mis ma ceinture, ainsi que celle de ma frangipane. La dernière des choses qu'on voulait, c'était un accident.

Lorsque je suis arrivé à la rue Frangipane, près du boulevard Frangipane dans la ville de Frangipane, je me suis lissé les cheveux en arrière et j'ai craché par terre. Je tenais ma frangipane dans le creux de ma main, comme Niego. Je le vis d'ailleurs entrer juste avant moi, il avait ramené beaucoup de frangipane.

Une fois à l'intérieur du bâtiment je me suis assis dans le cercle. Les membres avaient toutes sortes de frangipane à la main, de grosses comme des petites, je les regardais toutes parce que j'aime ça.

Ce qui semblait être le leader prit la parole et nous demanda de nous présenter chacun. Il y avait Bob, Bob, Marc, Natalie, Linata, Linette, Marc, Bob. Et bien sûr Niego. Et bien sûr moi-même.

Je dus montrer ma frangipane à tout le monde. Ils partagèrent tous un grand sourire, soit parce qu'ils étaient contents, soit parce qu'ils se moquaient de moi.

Je crois qu'ils se moquaient de moi. Ils regardaient ma frangipane avec condescendance.

On verra bien qui a la meilleure frangipane quand je vous aurai tous volé votre frangipane.

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