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Une question purement anecdotique, pour la forme.

Une question qui n’amena aucune réponse, n’en nécessita d’ailleurs aucune.

Une question posée, dite, exprimée, et puisqu'énoncée, tracassa Ivan.

Ivan qui s’imagina le pire, visualisa sa femme en sang, en train de gémir, devant lui agoniser.

Ivan qui déjà s’élançait vers elle pour la retenir, pour l’empêcher de se meurtrir.

Ivan en était là, à espérer que son geste, à elle, à venir, ne soit pas irrémédiable.

Irrémédiable, Ivana ne songeait absolument pas s'aventurer vers cette extrémité.

Irrémédiable, non, non, sûrement pas ! Juste continuer l’expérience, montrer son courage, et faire taire ces deux nigauds, ah ça oui.

Irrémédiable, donc non. Résolument non. Mais le cinéma, l’occulte, les contes, les légendes et le fantastique – qui elle le sentait régnait ici en ce moment – exigeaient toujours, dans de telles circonstances, du sang ! Pas des litres, mais au moins quelques gouttes. Alors…

« Pas des litres, ne te vide pas de tout ton sang, jeune et brave fille.

Pas des litres, je pourrais avoir besoin de toi à l’avenir, je ne réclame pas encore l’ultime sacrifice.

Pas des litres, apporte-moi seulement un peu de toi, pour me délivrer, pour que mon maléfice se rompe, pour que mes chaînes se brisent, puis ensemble… puis si tu le veux… si je le veux… oui, si je le souhaite, tant que tu me serviras de cette même ferveur, une place d’honneur te sera réservée à mes côtés.

Et nous ?

Et nous ?

Et nous ?

Et vous, n’y revenons pas, j’ai besoin de vous, tu le sais.

Et vous, vous serez toujours à mes côtés, nous sommes ensemble.

Et vous, vous êtes moi, et moi, Corbeau, je suis en vous, comme là je suis en toi. »

– Toi, Ivan, ces quelques mètres qui te séparent de ta femme, c’est peine perdue. Tu n’arriveras pas à les franchir à temps. Il aurait d’ailleurs fallu que tu sois moins pataud, un peu plus explosif, comme disent tous les bons commentateurs sportifs. Mais le sport et toi… enfin tu essayes, je note l’effort, Ivana sera touchée.

Toi, sacrée pierre, gorge-toi donc de ce qui va t’inonder ! Tu vas dans un instant recevoir le meilleur sang du monde, celui de ma petite sœur ! Alors ne me déçois pas, ne la trahis pas, fais naître un miracle, notre désiré prodige.

Toi, Ivana, sacré Ivana, petite sœur imprévisible, pendant qu’on se chamaillait, alors que je jubilais à l’idée d’entailler ton mari, toi tu te doutais qu’il réussirait à m’embobiner, à me retourner, pour ne pas dire à m’user, et que je redeviendrais sérieuse, alors…

– Alors j’ai préparé mon coup, je vous connais par cœur tous les deux !

Alors je suis allée, toute innocente, mine de rien, invisible, chercher mon splendide couteau rose à paillettes.

Alors… maintenant il est temps, ne pas se dégonfler, ne pas flancher, allez !

– Allez, allez, j’y suis presque, allez... au pire saute-lui dessus et stoppe-la dans sa folie !

Allez, Ivana, ne déconne pas, c’est ridicule, tu es ridicule, ne sois pas ridicule, retrouve tes esprits et ne commets pas l’impensable, c’est futile, inutile, absurde, une réelle connerie !

Allez, non… Oui, j’y suis ! Non, trop tard, si… si ! Saute nom de Dieu, saute ! Aïe !

– Aïe.

Aïe !

Aaaïïïeee !!!

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