Chapitre 1 : électrochoc

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- Vous en avez encore pour longtemps ? demandé-je, à bout de nerfs.
- Je ne fais pas le trafic ma petite dame. Me répond le chauffeur, se contrefichant de la situation.
- Je devais être à huit heures à la fac et il est huit heures et quart !
- Un petit quart d'heure ce n'est rien. Détendez-vous. Il y a des magazines à l'arrière.
- Me détendre ? Vous vous foutez de moi, c'est ça? Je vous signale que le service administratif de mon journal avait réservé un taxi depuis trois jours ! Vous n'aviez pas à être en retard !
- Les aléas du métier, ma petite dame.

Je me rends compte que le véhicule est arrivé au milieu de la rue située juste en face du bâtiment principal de l'université de Quantico. Malheureusement pour moi, il y a énormément des voitures les unes derrière les autres. Je décide qu'il est temps de faire faux bond à ce taximan flemmard. Je jette un coup d'œil par la fenêtre, tandis que la voiture vient de s'arrêter à l'un des nombreux feux rouges. C'est le moment. Je me dépêche d'ouvrir la portière et de m'échapper. Je me dirige vers le coffre du véhicule, attrape ma valise et me mets à courir. Comprenant la supercherie, le chauffeur de taxi sort et se lance à ma poursuite. J'accélère la cadence.

- Vous ne m'avez pas payé ! Voleuse ! Revenez ici tout de suite !
- Le Bay Mirror vous a déjà réglé ! C'est vous l'escroc ! hurlai-je en me retournant.

Je voulais qu'il voie que je suis déterminée à camper sur ma position. Mais il n'est pas de cet avis. À son tour, il accélère son rythme et me contraint à en faire autant. Les gens s'écartent pour nous laisser passer tout en nous regardant. Certains nous scrutent d'un air amusé, curieux et d'autres sont surpris.

Il ne va pas me lâcher ! Je ne suis plus qu'à quelques mètres du passage piéton qui conduit à l'entrée du bâtiment principal.

Trop tard. Je rentre dans quelqu'un, et le renverse tombant sur lui en trébuchant.
Par la force des choses, ma main droite frôle la sienne et déclenche mon pouvoir de prémonition. Je viens de voir cet homme se faire percuter par une voiture, et sa tête heurter violemment le sol. Il y a beaucoup de sang. Il faut à tout prix que j'empêche ça.

- Est-ce que tout va bien ?
- Pardon ? Lui demandé-je sous le choc de ma vision.
- Je vous demandais si tout allait bien. Me dit-il.
- Moi ? Oui très bien. Je vous remercie.

Il est plutôt mignon et il a son charme et... encore ce don d'empathie qui veut prendre le contrôle sur moi. Je lui réponds en rougissant malgré moi. Stop, Phoebe ! ressaisis-toi !

- C'est plutôt à vous qu'il faut poser la question, vous touchez le bitume !
- Oui parce que c'est vous qui m'êtes tombée dessus et que par la force de la gravité, vous vous retrouvez sur moi.
- Oh pardon. Je suis vraiment désolée, je vous libère.

Alors que je m'apprête à me relever, mon chauffeur m'attrape violemment par les épaules et me force à me redresser. J'émets un cri de douleur sous son geste.

- Vous me faites mal !
- Je n’en ai rien à faire ! Je veux mon fric !

Le type se prépare à me frapper et je mets mes mains devant mon visage pour éviter l'impact.
Il vient d'être stoppé dans son élan par ma victime qui lui a littéralement tordu le bras. Il sort ses menottes. Je suis tombée sur un flic, c'est bien ma veine !

- Relâchez-moi ! C'est elle qu'il faut arrêter ! Elle me doit deux cents dollars !
- Deux cents dollars ? Vous vous fichez du monde ! Et je vous ai déjà expliqué que ma rédaction vous a payé d'avance ! En plus vous êtes arrivé en retard, vous ne les méritez pas ! renchéris-je.
- C'est le trafic, je vous l'ai dit !
- Vous essayez de l'escroquer n'est-ce pas ?
- Mais qu'est-ce que vous racontez ?
- Je suis profiler. Je sais déterminer quand les gens mentent. La tentative d'escroquerie va chercher dans les deux ans, si vous n'avez pas de casier. Mais à vous voir, il doit être bien rempli.
- C'est elle l’arnaqueuse !
- Soit vous abandonnez, soit je vous arrête sur le champ. À vous de choisir. Qu'est-ce que vous décidez ? Lui demande-t-il en serrant un peu plus les menottes.
- C'est bon, j'ai compris !

Il le libère et l'homme repart vers son taxi, sans manquer de nous adresser un dernier regard noir. Les klaxons augmentent : il bloque la circulation, ce qui intensifie son humeur irascible.

- Il ne vous embêtera plus. Me dit-il avec un petit sourire.
- Vous êtes mon sauveur. Répondis-je de façon léthargique.

Mon pouvoir continue d'exercer son emprise sur moi, si bien que ça n'est que lorsqu'il s'éloigne de moi que je récupère le contrôle de mon corps et de mes émotions.
J'émets un soupir de soulagement. Je vais pouvoir reprendre le cours de ce que j'étais en train de faire. Bon, voyons il faut que je rejoigne l'université et... ma prémonition ! Avec ce tourbillon de sentiments, j’ai complètement oublié ma vision. Je jette un œil à la route et le taxi qui m'escortait est... en train de foncer droit sur lui ! J'abandonne ma valise et cours vers le passage piéton. Pourvu que j'arrive à temps pour empêcher ma vision de se réaliser !

- Excusez-moi ! Pardon, pardon ! Poussez-vous ou un innocent va mourir !

Je suis contrainte de bousculer les individus qui refusent de me laisser passer.
J'arrive une seconde après qu'il a commencé à traverser. Je me précipite sur lui, l'attrape et l'attire vers moi pour éviter l'impact.
Je me relève et constate qu'il est en état de choc. Je lui tends aussitôt ma main pour l'aider. Mon inconnu la saisit et nous nous retrouvons l'un en face de l'autre, les yeux dans les yeux. Mon regard se détourne de lui quelques secondes, le temps pour moi de reprendre mes esprits.

- Comment avez-vous su ?
- Une simple intuition.
- C'est drôle, mais je ne vous crois pas du tout. En tout cas, merci.
- Je vous aurais bien expliqué comment j'ai fait, mais je dois partir. Je donne une conférence dans moins d'une heure et j'ai rendez-vous avec la Doyenne de l'université. Je dois y aller ! lui dis-je en me dirigeant vers les marchés de la fac.

- Vous oubliez votre valise !

Il a totalement raison. Avec ce sauvetage, je l'ai zappée et laissée sur le trottoir d'en face. Je le remercie et me dépêche d'aller la récupérer et repars vaquer à mes occupations. Je sens le regard de cet inconnu sur moi. Pourvu que je ne le recroise pas. Non pas qu'il ne me plaise pas, au contraire, il est plutôt bel homme. Le seul bémol est en outre mon pouvoir d'empathie. Je suis heureuse de l'avoir, bien entendu. Simplement, ma difficulté à le maîtriser me fait craindre de me retrouver dans des situations embarrassantes. Encore plus lorsque je relate les faits de tout à l'heure. Je n'ai aucune envie que mon don prenne à nouveau le contrôle sur moi.

*

Alors que j'explique la théorie d'un célèbre profiler, la porte de la salle de cours s'ouvre et une tête familière pointe le bout de son nez : ma sauveuse de ce matin.

- Bonjour, je viens pour donner ma conférence. Je suis Phoebe Halliwell.
- Ravi de vous revoir, Mademoiselle Halliwell, entrez. Les élèves vous attendaient avec impatience. L'invité-je d'un signe de la main pour lui montrer qu'elle est la bienvenue.
- Je suis vraiment désolée, un petit contretemps m'a retardé. Me répond-elle en se dépêchant de me rejoindre.
- Je vous laisse la place, Phoebe.

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