Réponse à "En 3019..."

de Image de profil de Emilie SamainEmilie Samain

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Il n'y a plus d'heures et de minutes, il n'y a plus de temps. Plus d'horloge pour nous indiquer le moment de la journée. Notre vie est rythmée par les rituels. Il n'y a plus de dates non plus. Le soleil et les saisons sont notre unique façon de mesurer le temps.

Les premiers rayons de soleil me réveillent instantanément. Nous n'avons plus de rideaux qui nous permettraient de rester au lit plus longtemps. Nous n'avons pas besoin de l'aide d'un quelconque réveil pour nous lever, l'exemple de ceux qui n'ont pas réussi à temps à suffisamment marqué nos esprits pour que nors corps le fassent automatiquement au bon moment, tous les matins, par crainte de ce qu'il pourrait arriver.

Je me prépare avant de partir au boulot. La douche réglementaire de 4 minutes, brossage de dents compris, a fini par me pousser à couper mes cheveux très courts. C'était bien trop compliqué de les rincer. J'ai été l'une des femmes qui a eu les cheveux longs le plus longtemps au cours de sa vie. Parfois il arrivait que je ne prenne pas ma douche un jour, parfois même deux, pour pouvoir me laver les cheveux le lendemain. Plus maintenant. Le brosssage des dents le soir est limité à une minute.

Si les Hommes du passé avaient su ou compris vers quoi ils amèneraient l'humanité, auraient-ils changé quelque chose à leurs comportements? je ne pense même pas.

Je ne me plains pas, ou plus, sur ces règlementations sur l'eau. Car tous les matins avant de me rendre au boulot, je passe par mon havre de paix. Mon jardin. Je sors de chez moi, franchis les quelques pas de ma terrasse, et mes pieds foulent mon Eden.

Mon jardin est à mon image, un peu fou, un peu éparpillé, mais rangé à sa façon. Une herbe douce chatouille mes pieds. Les fleurs sauvages s'épanouissent partout. Il y a un poirier, un prunier, et un pommier qui se disputent le terrain. Au fond, mon espace potager est resplendissant. Je ne manque de rien, les légumes sont nombreux, et ne connaissent pas de maladies. Comme pour tout ici.

Je vais finir par partir en retard, je sens mon coeur qui accélère, arriver en retard, c'est ne plus arriver du tout. Je termine mon café et la lumière du jardin s'éteint. Elle se met en mode veille. Toute la journée, il recevra la quantité minime de luminosité nécessaire pour vivre et s'épanouir. Même chose, il sera alimenté par le réseau d'irrigation souterraine qui va amener la quantité d'eau précise pour survivre et s'épanouir. Rien de plus.

Je quitte ma capsule #3265 pour marcher jusqu'à l'immeuble de mon boulot. Marcher, car bien sûr, les moyens de transports polluants ont été supprimés, il y a longtemps. Trop polluants. Trop de risques d'asphyxie.

J'habite la ville #6784. Elle n'est ni mieux, ni moins bien qu'une autre. Il y a toujours le centre-ville où nous nous rendons travailler, comme avant. Nous avons toujours des dirigeants. Nous avons une certaine liberté. Nous pouvons nous rendre en navette sécurisée dans d'autres villes. Je travaille 5 jours sur 7, j'ai des vacances. Des amis et des voisins. Ma famille aussi, même si elle n'habite pas la même ville que moi. Je parle souvent avec eux via les écrans obligatoires qui surveillent nos conversations longues distances. Je leur rends visite de temps en temps.

Je ne manque de rien. Je me remets de ma séparation obligatoire du mois dernier. Pas trop de vie privée pour rester fonctionnel. Je suis en couple avec un homme que je peux voir un mois sur deux, selon des rituels fixés à l'avance.

J'ai toujours vécu comme ça. Je me demande comment était la vie avant.

Soudain un cri assourdissant me vrille les tympans, me faisant presser le pas. Le pauvre homme a du accumuler trop de retard. Si on n'a pas le bon rendement, si on ne respecte pas le rituels, nous sommes chassés de la ville. De la vie aussi.

La ville #6784, comme toutes les autres, est sous cloche. Composée d'un alliage spécial. Le ciel d'avant y est reconstitué à la perfection. C'est ce soleil qui rythment nos vies, et bien sûr la nuit aussi, quand sa programmation commence. On ne voit pas au travers de cette cloche. Parfois on oublie ce qu'il y a à l'extérieur. Sauf des jours comme aujourd'hui, quand il y a un retardataire. Quand il sera amené devant la Sortie, qu'il devra ramper dans le tunnel après que la porte ait été ouverte, qu'il devra cotinuer à ramper les 100m obligatoire avec les chocs électriques pour le faire avancer. Il aura le temps de trois respirations. Trois respirations avant que les portes vers l'extérieur ne s'ouvrent. Je frissonne rien qu'à y penser, et je presse le pas. Un de moins. Sa compagne désignée, et un enfant s'ils en ont un, comme le veut la loi, suivront. Ceux qui nous quittent laissent plus de ressources pour nous. Les ressources sont calculées au nombre près. Une personne de moins, c'est une naissance autorisée. Je me demande qui ils choisiront.

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En réponse au défi

En 3019...

Lancé par La_Rêveuse_99

 Je vous propose un défi dans lequel vous devez imaginer comment vivrons les hommes en 3019. Votre écrit peut être de n'importe quel genre (poème, nouvelle...). Il n'y a pas de longueur limite.

 La seule condition : le narrateur doit être quelqu'un qui vit à cette époque (vous pouvez utiliser la première ou la troisième personne du singulier).

 Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me les poser dans les commentaires ;) !

Commentaires & Discussions

Un havre de paixChapitre2 messages | 4 ans

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