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Emilie Samain

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œuvres
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défis réussis
6
"J'aime" reçus

Œuvres

Emilie Samain

Ce jour-là, tu avais prétexté avoir oublié ton téléphone à la maison pour y retourner déposer ta lettre.  Comme d’habitude, j’étais d’humeur maussade. Comme d’habitude je ne voyais rien. Car comme tu l’as si bien écrit, il n’y avait que moi qui comptait dans ma vie. 
Tu te sentais seule avec moi. Tous les jours. Depuis tellement longtemps.
Tout était préparé. Une valise chez une amie. Je te déposerais à la gare comme d'habitude .Un train. Un dernier train, faisant semblant de t’amener au travail alors que tu avais démissionné la semaine précédente. Et puis la liberté, enfin.
Quelles pensées ont traversé ton esprit ces quelques minutes de trajet jusque la gare? Du soulagement? De l’impatience? J’aime penser qu’il y avait aussi du doute. Peut-être même des regrets. 
J’ai trouve ta lettre en rentrant ce jour là. Tu étais désolée, tu avais tenu ce que tu avais pu, mais ma froideur et mon égoïsme avait eu raison de tes sentiments .
Notre fils m’en a énormément voulu. Il m’a reproché ton départ. Ta vie, ton malheur quotidien, ça et tout le reste. Il savait que j’étais responsable. Ca fait un an maintenant que tu es partie avec lui. Et aujourd’hui, c’est le jour de nos retrouvailles. A tous les trois. 
Pas un jour sans que je ne pense à toi. Ta présence, ton parfum, ta peau, tes yeux... Même si ces dernières années, ils se détournaient sans cesse des miens quand ils se croisaient.  
J’ai compris mon erreur, bien au-delà de ce que tu pourrais croire. Je le paierai toute ma vie. On ne répare jamais vraiment ce qui est cassé n’est-ce pas? 
Mes mains tremblaient ce matin quand je me suis habillé. J’attends dans le salon, debout à la fenêtre, de vous voir enfin arriver. 
Je repense sans cesse à ce trajet vers la gare. Je me demande quelle est la dernière chose que tu t’es dite en sortant de la voiture. “Je regrette de l’avoir épousé”?  “Tout recommencer, enfin”? Ou bien comme je l’espère parfois :  “je pars jusqu’à ce qu’il ait compris son erreur et qu’il ouvre les yeux?” 
Je n’ai jamais cessé de t’aimer. J’ai juste oublié qu’il fallait le montrer. Que l’amour qu’on garde caché ne vaut rien. On finit par douter de l’existence de ce qu’on ne voit plus. 
Ce jour-là, comme tous lesjours, je t’ai déposée sans un regard à la gare, tout pressé que j’étais. 
Sauf que tu ne pouvais pas le prévoir, mais il n’y avait pas de train, il avait été supprimé, alors tu t’es dit qu’il suffisait d’attraper le bus qui passait deux rues plus loin. 
Il y a des choses qu’on ne peut pas prévoir. Comme une voiture qui brûle un feu rouge.
Si j’avais été un meilleur mari, tu aurais attendu le train suivant, pour aller au boulot. Tu as choisi le bus. Me quitter.
Je vois notre fils sortir de sa voiture, le visage fermé. Il ne m’a pas pardonné, qui le pourrait? Même pas moi. Il a enfin accepté qu’on se revoit, tous ensemble.
Il avance, et je te vois enfin, nichée au creux de ses bras, dans cette urne que j’ai choisie pour toi. 
Si je te prends dans mes bras, que je ferme les yeux, seras-tu là?
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Défi
Emilie Samain

Il n'y a plus d'heures et de minutes, il n'y a plus de temps. Plus d'horloge pour nous indiquer le moment de la journée. Notre vie est rythmée par les rituels. Il n'y a plus de dates non plus. Le soleil et les saisons sont notre unique façon de mesurer le temps.
Les premiers rayons de soleil me réveillent instantanément. Nous n'avons plus de rideaux qui nous permettraient de rester au lit plus longtemps. Nous n'avons pas besoin de l'aide d'un quelconque réveil pour nous lever, l'exemple de ceux qui n'ont pas réussi à temps à suffisamment marqué nos esprits pour que nors corps le fassent automatiquement au bon moment, tous les matins, par crainte de ce qu'il pourrait arriver.
Je me prépare avant de partir au boulot. La douche réglementaire de 4 minutes, brossage de dents compris, a fini par me pousser à couper mes cheveux très courts. C'était bien trop compliqué de les rincer. J'ai été l'une des femmes qui a eu les cheveux longs le plus longtemps au cours de sa vie. Parfois il arrivait que je ne prenne pas ma douche un jour, parfois même deux, pour pouvoir me laver les cheveux le lendemain. Plus maintenant. Le brosssage des dents le soir est limité à une minute.
Si les Hommes du passé avaient su ou compris vers quoi ils amèneraient l'humanité, auraient-ils changé quelque chose à leurs comportements? je ne pense même pas.
Je ne me plains pas, ou plus, sur ces règlementations sur l'eau. Car tous les matins avant de me rendre au boulot, je passe par mon havre de paix. Mon jardin. Je sors de chez moi, franchis les quelques pas de ma terrasse, et mes pieds foulent mon Eden.
Mon jardin est à mon image, un peu fou, un peu éparpillé, mais rangé à sa façon. Une herbe douce chatouille mes pieds. Les fleurs sauvages s'épanouissent partout. Il y a un poirier, un prunier, et un pommier qui se disputent le terrain. Au fond, mon espace potager est resplendissant. Je ne manque de rien, les légumes sont nombreux, et ne connaissent pas de maladies. Comme pour tout ici.
Je vais finir par partir en retard, je sens mon coeur qui accélère, arriver en retard, c'est ne plus arriver du tout. Je termine mon café et la lumière du jardin s'éteint. Elle se met en mode veille. Toute la journée, il recevra la quantité minime de luminosité nécessaire pour vivre et s'épanouir. Même chose, il sera alimenté par le réseau d'irrigation souterraine qui va amener la quantité d'eau précise pour survivre et s'épanouir. Rien de plus.
Je quitte ma capsule #3265 pour marcher jusqu'à l'immeuble de mon boulot. Marcher, car bien sûr, les moyens de transports polluants ont été supprimés, il y a longtemps. Trop polluants. Trop de risques d'asphyxie.
J'habite la ville #6784. Elle n'est ni mieux, ni moins bien qu'une autre. Il y a toujours le centre-ville où nous nous rendons travailler, comme avant. Nous avons toujours des dirigeants. Nous avons une certaine liberté. Nous pouvons nous rendre en navette sécurisée dans d'autres villes. Je travaille 5 jours sur 7, j'ai des vacances. Des amis et des voisins. Ma famille aussi, même si elle n'habite pas la même ville que moi. Je parle souvent avec eux via les écrans obligatoires qui surveillent nos conversations longues distances. Je leur rends visite de temps en temps.
Je ne manque de rien. Je me remets de ma séparation obligatoire du mois dernier. Pas trop de vie privée pour rester fonctionnel. Je suis en couple avec un homme que je peux voir un mois sur deux, selon des rituels fixés à l'avance.
J'ai toujours vécu comme ça. Je me demande comment était la vie avant.
Soudain un cri assourdissant me vrille les tympans, me faisant presser le pas. Le pauvre homme a du accumuler trop de retard. Si on n'a pas le bon rendement, si on ne respecte pas le rituels, nous sommes chassés de la ville. De la vie aussi.
La ville #6784, comme toutes les autres, est sous cloche. Composée d'un alliage spécial. Le ciel d'avant y est reconstitué à la perfection. C'est ce soleil qui rythment nos vies, et bien sûr la nuit aussi, quand sa programmation commence. On ne voit pas au travers de cette cloche. Parfois on oublie ce qu'il y a à l'extérieur. Sauf des jours comme aujourd'hui, quand il y a un retardataire. Quand il sera amené devant la Sortie, qu'il devra ramper dans le tunnel après que la porte ait été ouverte, qu'il devra cotinuer à ramper les 100m obligatoire avec les chocs électriques pour le faire avancer. Il aura le temps de trois respirations. Trois respirations avant que les portes vers l'extérieur ne s'ouvrent. Je frissonne rien qu'à y penser, et je presse le pas. Un de moins. Sa compagne désignée, et un enfant s'ils en ont un, comme le veut la loi, suivront. Ceux qui nous quittent laissent plus de ressources pour nous. Les ressources sont calculées au nombre près. Une personne de moins, c'est une naissance autorisée. Je me demande qui ils choisiront.
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Emilie Samain
Un léger thriller sous forme de nouvelle
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