Chapitre 1

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Nas contempla avec satisfaction les affaires éparpillées au sol. Une bouteille d’eau, un MP3, une trousse de premiers secours - quoique selon lui demander que chaque élève en apporte une était un peu excessif -, un sandwich soigneusement emballé dans de l’aluminium, et une boîte en plastique avec quelques fruits. Plus qu’à trouver un sac à dos pour tout mettre dedans, et il serait paré pour cette sortie. Il s’assit un instant sur le parquet grinçant de sa chambre, contemplant les murs blancs et les posters accrochés au dessus de son bureau. Sur sa droite se trouvait son armoire en bois, que le temps n’avait pas laissée indifférente. Le vernis était parti de ça et là, laissant apparaître les aspérités du bois. On pouvait voir des vêtements dépasser en désordre des tiroirs, et, sur les portes étaient épinglés des dizaines de dessins de personnages qu’il faisait pendant son temps libre. La pièce n’avait pas vraiment changé depuis son enfance.

Le jeune guyanais entendit sa mère l’appeler avec impatience depuis l’étage du bas. Il se leva, attrapa le premier sac à dos qui lui passait sous la main, un grand sac noir délavé de randonnée auquel pendaient divers porte-clés. Il s’empressa d’y entasser toutes ses affaires, et ajouta un imperméable au lot. Le jeune garçon descendit des escaliers quatre à quatre, espérant ne pas faire patienter sa mère trop longtemps. Celle-ci l’aattendait dans l’entrée du vaste appartement.

C’était une femme d’âge mur, comme en témoignaient les ridules au coin de ses yeux et de sa bouche. Elle se tenait droite dans ses talons hauts, paraissant ainsi encore plus grande qu’elle ne l’était déjà. Ses cheveux bruns grisaillant étaient tirés vers l’arrière en un chignon soigné. Les cernes bleuâtres sous ses paupières témoignaient de longues heures de travail, malgré l’anticerne qu’elle s’acharnait à mettre pour les camoufler. Elle était habillée d’un tailleur strict et d’une jupe droite.

Elle jeta un œil nerveux à sa montre alors que le jeune garçon mettait ses chaussures.

- Dépêche toi, je vais être en retard !

Nas ne broncha pas, noua ses lacets et s’empressa de sortir de l’appartement pour monter en voiture aux côtés de sa mère. Elle avait toujours fait passer sa carrière avant sa famille, qui ne se composait se toute manière que de lui. Il avait eu beaucoup de mal à la convaincre de l’emmener à cette sortie en forêt tropicale. Le collégien prenait habituellement le bus pour aller en cours, mais sans grande surprise, aucun bus ne faisait la liaison entre la ville de Cayenne et la lisière de la forêt. Et le fait que la grande femme ne trouvait que peu d’intérêt à faire une randonnée dans un endroit qu’il connaissait déjà très bien, comme tout ceux de son âge lorsque l’on habitait en Guyane, n’avait pas facilité les choses.

Le moteur se réveilla dans un ronronnement saccadé, et sa mère appuya sur la pédale d’accélération. L’imposante voiture de fonction s’engagea sur les routes de la ville. Nas contemplait le paysage par la fenêtre, perdu dans ses pensées. Devant lui défilaient des palmiers de toutes tailles, des habitations modestes, des hôtels, des grandes place… Et au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient du milieu urbain de Cayenne, la végétation se faisait plus présente. La route rétrécissait alors qu’ils allaient de village en village, les habitations se faisaient plus grandes, avec parfois de grands terrains voir des piscines. Quelques panneaux indiquaient des chambres d’hôtes. Le jeune garçon aurait aimé habiter dans une de ses grandes maisons de campagne, loin des bruits de la ville avec uniquement le pépiement permanent de la forêt pour troubler le calme ambiant. Non pas qu’il ne sente mal dans leur appartement huit pièces en centre ville, mais les balade en forêt qu’il avait l’habitude de faire avec ses grands parents lui manquaient. Quand que sa grand-mère fut retrouvée morte d’une crise cardiaque dans son salon, la maison de campagne reculée où il venait passer ses week-ends fut vendue et son grand-père parti s’installer en maison de retraite. Depuis, il avait perdu le contact avec la nature.

Ils s’engagèrent dans une allée forestière peu entretenue. Le terrain accidenté fit ressentir des secousses à Nas, si bien qu’il dû s’accrocher à la poignée pour ne pas se cogner contre la portière. La peugeot noire arriva finalement dans un parking englouti par la verdure, duquel partait plusieurs sentiers de randonnée. Le collégien repéra un attroupement à l’entrée d’un des chemins, et reconnu immédiatement sa classe. Il attrapa son sac à dos, salua rapidement sa mère et descendit du véhicule. Il entendit celui ci quitter le parking alors qu’il rejoignait le groupe. Il croisa le regard d’Evan, qui lui fit un signe de la main. Il lui sourit en retour et s’empressa de le rejoindre.

Evan était son ami d’enfance. Son père travaillait dans la même entreprise que la mère de Nas, et ils se connaissaient donc depuis le primaire. C’était un garçon espiègle, impulsif et de nature à se rebeller sans cesse pour tout et n'importe quoi. Il avait le teint brun foncé, et des cheveux très courts et crépus.

- Prêt pour une sortie palpitante ? Plaisanta son ami.

- M’en parle pas !

Nas aurait aimé poursuivre la conversation, mais il fut interrompu par ses professeurs réclamant le silence pour faire l’appel. Alors que ceux ci appelaient un à un les élèves de la classe, Nas inspira à plein poumon l’odeur humide de la forêt. Autour de lui tout n’était que nature, baignant dans la lumière douce et verdâtre filtrée par les feuillages. Les troncs d’arbre de tailles et de couleurs variés formaient des rayures irrégulières, entrecoupées par de nombreuses lianes et autres racines de plantes épiphytes. Des insectes bourdonnaient près de ses oreilles, couvrant parfois momentanément le gazouillement continu des oiseaux tropicaux. Il dû à plusieurs reprise chasser des moustiques qui voletaient un peu trop près. Une fois l’appel terminé, le groupe s’engagea sur un sentier glissant. Il avait plut durant la nuit, et le terrain était encore boueux.

Les deux enseignantes semblèrent se concerter un instant, puis firent volte face pour intimer au groupe de s’arrêter.

- Pour rappel, commença Mme Farosse, professeure de SVT.

Le jeune garçon entendis Evan soupirer près de son oreille. Ni lui ni son ami n’aimaient les soi-disant « rappels » qui pouvaient durer longtemps.

- Il est interdit de cueillir quoi que ce soit, poursuivit l’enseignante, de toucher ou nourrir les animaux, et de sortir du sentier !

Elle chercha des yeux les regards approbateurs des élèves,avant de reprendre la marche. Heureusement, ça n’avait pas été trop long.

Nas connaissait déjà la forêt. Il avait tellement de souvenirs de balades sur ces sentiers irréguliers et ombragés. Il s'y rendait depuis son plus jeune âge et l'humidité ambiante ainsi que les branches feuillues lui étaient familières. Bref, il n’en était pas à sa première balade en Amazonie. Alors il était compréhensible que lui et sa classe ne montrent que peu d’enthousiasme à l’idée de quitter l’établissement pour ça. Y emmener une classe de primaire aurait été bien plus approprié.

C'était bien sûr cette merveilleuse Mme Farosse qui avait eu cette idée brillante. Cette institutrice en SVT avait le don de plonger les élèves les plus toniques dans une somnolence abyssal. Il était commun que les étudiants sortants de sa salle n'aient pas retenus un traître mot du cours.

Et bien sûr, pour obtenir chez les élèves une lassitude parfaite, il suffit d'ajouter Mme Svajna comme accompagnatrice. La petite enseignante en art, matière qui, selon Nas, n'a rien à faire au programme, aux joues rondes et aux courbes généreuses conservait sur son visage une expression de joie exagérée. Elle était d’un enthousiasme tellement permanent qu'on doutait souvent de sa véracité. Cette femme rondelette au regard perçant s'extasiait sur absolument tout ce qu'elle voyait depuis qu’ils s’étaient engagés sur le sentier. À tel point que le jeune garçon retînt un éclat de rire lorsqu'elle s'exclama devant un morpho; un papillon bleu métallisé commun dans la région.

Il se contempla quelques instants sur les grands arbres qui défilaient sous ses yeux, ne parvenant plus à se concentrer sur les explications des professeurs. L’avantage de la marche était que cela lui permettait de rêvasser, de s'imaginer en guerrier courageux et de vivre dans sa tête des aventures bien plus captivantes que cette sortie. Le collégien regretta de ne pas avoir pris de plus grosses chaussures, sa paire de adidas commençait à se salir sérieusement, et le logo disparaissait derrière la terre qui les recouvrait progressivement. Ils s’arrêtèrent à plusieurs reprises pour contempler tantôt une plante dont Mme Fjara énumérait les propriétés, tantôt pour regarder le vol d’un insecte coloré. Ils marchèrent plusieurs heures sur le même sentier.

La matinée fut longue, et il ne put retenir un soupir de soulagement, lorsqu'ils débouchèrent enfin sur une petite clairière, que la végétation n'avait tout de même pas omis de cacher au soleil. Les professeurs annoncèrent le moment qu'il attendait tant; le déjeuner.

Il chercha Evan du regard parmi le désordre de ses camarades en quête du meilleur recoin pour s'installer. Il le repéra assis sur un rocher. Il s'approcha le sourire aux lèvres et s'installa nonchalamment au pied de la pierre. Son ami lui rendit son sourire.

- On a intérêt à profiter, c'est notre seule distraction de la journée, fit Evan dans un soupir, sans se détourner de son sandwich déjà bien entamé.

Nas rit légèrement.

- M'en parles pas. La forêt ça me vas, mais ces deux profs c'est vraiment le pire combo.

Il déballa machinalement l’emballage qui entourait son sandwich.

- Le singe et le paresseux.

Les jeunes garçons éclatèrent de rire.

- Le paresseux EST un singe Evan !

L'intéressé haussa un sourcil.

- Mouais...

Il retint un nouvel éclat de rire devant l'expression de son ami. Celui ci changea de sujet.

- Au fait, ça te dis le jeu de la cuillère ? fit il en montrant le couvert qu'il tripotait machinalement depuis le début du repas.

Nas soupira.

- Tu vas pas ressortir ton jeu idiot !

Mais son ami n'attendais pas de réponse, et la petite cuillère tournais déjà sur la roche, dans un crissement désagréable. Le jeune garçon soupira d'agacement lorsqu'il vit la cuillère s'arrêter sur lui, et leva les yeux au ciel devant le sourire triomphant d'Evan.

- Donc, je te donnes un gage ! Fit le garçon espiègle d'un ton malicieux.

Nas remarqua à son air malin que son ami venait d'avoir une de ses fameuses idées. Il se mordit nerveusement le lèvre inférieure. Quand le jeune garçon avait quelque chose derrière la tête, c'était rarement brillant. Le genre d’aventures téméraires qu'il valait mieux éviter de faire si l'on ne voulait pas d’ennuis. Il écouta à peine Evan qui faisait durer le suspens lorsque celui ci déclara finalement:

- Tu dois t'aventurer dans la forêt !

Nas ne savais pas si il devait éclater de rire, ou s’énerver. On lui répétait depuis tout petit de ne pas sortir des sentiers battus, car la végétation est tellement dense une fois que l’on s’y enfonçait qu'il est impossible d'avancer rapidement, mais également car beaucoup d'endroits se ressemblent, et y retrouver son chemin relève donc de l'exploit. Remarquant l'hésitation du jeune garçon, Evan ajouta pour le convaincre:

- Allez c'est quelques mètres !

- J'aimerais bien t'y voir... Marmonna t'il entre ses dents.

- Bah tu vas m'y voir !

À ces mots, Evan se leva précipitamment, traversa la clairière d'un pas assuré et ne s'arrêta pas devant la barrière de végétation. Il la traversa. Et disparut.

* *

*

- Evan ! Cria Nas, sans trop savoir comment réagir ni comment son ami avait pu être assez irréfléchis pour s'aventurer ainsi à travers l'épais tissus vert. Il se leva brusquement, décidé à aller le chercher.

Il était sans doute le seul à pouvoir raisonner Evan, et il valait toujours mieux que ce soit lui qui le ramène plutôt que les enseignants. Il couru vers l'endroit où son ami avait disparu et s'y engouffra à son tour. Il se hâta de s'enfoncer assez afin que ses professeurs ne puissent plus le voir. Il se crispa en entendant leurs réprimandes, étouffées par la végétation et le pépiement d'oiseaux. Ils ne tarderaient pas à se lancer à leurs poursuite si il ne se dépêchait pas de ramener son ami.

Il progressait prudemment au sein de la flore luxuriante. Non pas qu'il soit particulièrement effrayé, il tenait simplement à prendre des repères afin d'être en mesure de retrouver son chemin, les épais feuillages ne lui laissant qu’un champ de vision limité. Les grands arbres autour de lui le faisaient se sentir tout petit, et les feuilles qui lui fouettaient le visage étaient presque menaçantes. En dehors du sentier, la forêt était bien plus impressionnante.

- Evan ! Tu vas te faire tuer si tu te dépêches pas de revenir !

Cela devait faire huit fois qu'il répétait la même chose sans succès. Il poussa un profond soupir. Son ami était sûrement rentré. Après tout, c'était bien son genre de faire ces blagues stupides. Il se força à sourire, et décida qu'il était vain de continuer ainsi à chercher à l'aveuglette. Evan pouvait être impulsif, voir idiot quand ça lui prenait. Il balaya une dernière fois du regard le paysage restreint que lui offrait les denses feuillages de l'Amazonie. Autour de lui se trouvaient des buissons et branchages aux formes biscornues, quelques fleurs colorés et des lianes assez épaisses pour soutenir trois fois son poids. Il se décida finalement à faire demi - tour. Du moins il s'y prépara. Mais il se prit le pied dans une racine, manquant de tomber, et se rattrapa sur une branche avoisinante.

- Foutues chaussures ! Pesta t'il.

Les plantes qui ralentissaient sa progression étaient déjà bien gênantes, et ses chaussures qui se dégradaient de plus en plus n’y arrangeaient rien. Le rouquin se remit rapidement sur pied et se mit en marche vers le reste de sa classe. Ses yeux suivaient les repères qu'il s'était fixés. Ici un entremêlement de lianes, puis un arbre aux immenses racines, cette plante aux fleurs d'un rose vif, cet arbuste à l'allure biscornu...

C’était une bonne chose d’avoir pris tout ces repères. Les mémoriser l’avait peut être ralentis, mais il n'aurait jamais pu retrouver son chemin sans cela. Les yeux plissés, il détaillait chaque partie de la végétation avec attention. Les environs ne lui semblaient plu du tout familiers. Il réfléchis un moment, et revînt sur ses pas. Encore un lieu différent. Il ne parvenait plus à retrouver l’arbre aux racines larges et plates qu’il avait vu quelques minutes plus tôt. De sa teinte métis habituelle, son visage devînt blême. Il était même persuadé d'avoir senti ses cheveux roux pâles se hérisser. Son sang ne fit qu'un tour, et la panique s'empara de lui. Il se prit la tête entre les mains et se laissa tomber sur un vieux tronc.

- Oh non...

Ça pour être stupide c'était stupide. On lui avait pourtant bien dit de ne pas s'aventurer dans la forêt ! Il le savait très bien ! Le cœur du jeune garçon battait à vive allure.

Il se leva, jeta des coups d’œil tout autour de lui dans l'espoir d'apercevoir quelque chose de familier, avança de quelques mètres, se rassis et recommença. Ce manège dura une bonne dizaine de minutes, le temps qu'il retrouve calme et soit en mesure de réfléchir posément. Autour de lui se trouvaient de nombreux arbustes qui semblaient dressés sur leurs longues racines, autour desquelles serpentaient toutes sortes de plantes grimpantes. Il sentait l’odeur nauséabonde de déjections animales à quelques mètres de lui, et pouvait entendre les cris de singes hurleurs au loin.

Il devait bien y avoir un moyen de retrouver un chemin ou une trace de la civilisation. Il déposa son sac au sol, tripotant machinalement ses nombreux porte clés, les yeux perdus dans le vide. Comme si il s’était déconnecté de la réalité. Il regarda ses doigts, et se rendit compte que ce qu'il utilisait pour calmer ses nerfs était d'une utilité cruciale.

Parmi les nombreux porte clés achetés de part et d'autres avec son argent de poche, se trouvait une boussole miniature. Il se sentais tellement bête. La majorité des villes de Guyane se situaient sur la côte, à l'est de la forêt ! Une bouffée d'espoir envahi sa poitrine. Le rouquin ne pût réprimer un sourire.

Mais la vérité le rattrapa rapidement. C'était une piste instable, il lui faudrait peut être plusieurs jours pour atteindre une ville. Il poussa un profond soupir. Si seulement il était juste resté dans la clairière... Non. Il ne pouvait pas revenir en arrière alors ces pensées étaient inutiles ! Le jeune garçon émis un rire sarcastique, laissa l'aiguille de l'instrument se stabiliser et se mit en route d'un pas qu'il voulait assuré.

Il marcha pendant une durée indéterminée, vagabondant dans ses pensées et pestant à plusieurs reprises. Ce n’était vraiment pas son jour de chance. La forêt autour de lui avait beau s’étendre sur des kilomètres, il se sentait comme confiné dans une petite pièce verte. Les feuillages autour de lui étaient presque oppressants.

Il jeta un œil à ses chaussures, de plus en plus noires et remarqua une sorte de vers accroché à sa cheville. Le jeune garçon grimaça. Une sangsue. Il s’accroupis, Inspira profondément, attrapa l’animal gluant avec deux doigts, et tira d’un coup sec.

- Aïe ! Gémit il alors qu’un filet de sang s’écoulait de sa cheville.

Il pressa la plaie avec la paume de sa main, dans une tentative vaine d’arrêter les saignements. Le rouquin dû se résoudre à poursuivre sa route, les dents serrés.

Nas avait souvent entendu dire que, sous le coup de adrénaline, le corps humain pouvait dépasser ses limites. Mais il ne pensait pas que c’était aussi vrai. Poussé par la peur d’être définitivement perdu, et de mourir de faim ou autres causes tout aussi joyeuses auxquelles il préférait ne pas penser, il avait marché plus longtemps qu’il ne l’avait jamais fait dans sa vie d’adolescent.

Après que le soleil soit avancé dans sa course, il s'installa au creux des racines d'un arbre, tout contre son tronc. Nas essuya son front recouvert de sueur d'un revers de main. Ses pensées tourbillonnaient dans son esprit, et il avait du mal à réaliser que quelques heures plus tôt il était encore avec ses camarades.

Il déposa son sac à ses pieds et en vida méthodiquement le contenu de ses mains moites. Il avait la désagréable impression de baigner dans ses habits puants, et chacun de ses muscles semblaient avoir donnés leurs maximum. Ses cheville étaient couvertes d'égratignures dues aux plantes à épines qui semblaient se cacher partout, sans oublier les quelques sangsues qui lui avaient arrachés un gémissement. Quand il y réfléchissait, il savait qu'il n'était pas fait pour une vie d'aventure.

Le contenu de son sac offrait un maigre sursis à son estomac. Il en avait sortis un demi sandwich, reste du pique nique de ce midi, quelques morceaux de papaye que lui avait fourni sa mère en guise de dessert, son imperméable, la trousse de secours ainsi qu'une grenade; trouvaille dont il c'était réjouis au point de laisser son imagination le représenter en sauvage vivant dans la jungle et chassant pour se nourrir. Absurde. C'était malheureusement le seul fruit qu'il ait pu cueillir, les autres se trouvant sur des branches plus élevées, hors de portée.

Il engloutis entièrement le demi sandwich, et prit quelques morceaux de fruits. Il conserva précieusement le reste dans une boîte en plastique que le rouquin s'empressa de ranger dans son sac.

Nas constata avec dépit l'état de ses réserves d'eau. Une demie gourde après ce semblant de repas. Il lui faudrait expressément trouver un point d'eau. Restait à savoir où passer la nuit. Rien que de penser à tout les prédateurs nocturnes qu'abritait cette forêt lui donnait des sueurs froides. Il ferma les yeux et s'appuya la tête contre le tronc de l'arbre afin de réfléchir posément.

Il laissa malgré lui son esprit divaguer dans les tréfonds de son imagination, stimulée par les évènements récents. Cela faisait 6 ans qu'il n'avait pas revu la civilisation, mais il avait survécu. Il était devenu fort. La nature l'avais endurci, et il était respecté. Il organisait des camps de survie avec ses amis et leur transmettait ses connaissances. N'importe quoi. Encore une rêverie sans queue ni tête.

Plongé dans ses pensées, il ne remarqua pas la silhouette qui descendait de l'arbre. Pas plus qu'il ne le vit poser son regard sur lui, ni se positionner en face, bloquant ainsi toute issues et le confinant entre le tronc, les deux racines qui en partaient et l'animal.

Il ouvrit enfin les yeux. Ce qu'il vit le fit sursauter à tel point qu'il lâcha sa boussole. Devant lui se tenait un félin aux pattes imposantes et musclées, toutes griffes sorties, aux yeux jaunes luisant d'un éclat malsain, à la longue queue battant furieusement l'air et aux côtes saillantes. Un jaguar.

L'animal semblait affamé, et prêt à passer à l'attaque à en juger par ses babines retroussées dégoulinantes de salive, ses oreilles couchées vers l'arrière sans compter son ossature qui se dessinaient sous son pelage doré. C’était presque irréel ; les jaguars ne s’approchent d’ordinaire jamais des humains.

Le jeune garçon fut parcouru de frissons incontrôlés, incapable de faire le moindre geste. Un survivant de la jungle hein ? Le félin fit un pas. Sa respiration s'accéléra et se fit saccadée alors qu'il se plaquait vainement contre l'arbre. Tout son sang quitta son visage pour irradier ses membres. Il était prêt à détaler le plus vite possible. Il serait déjà loin si il avait une issue possible. Le jaguar banda ses muscles pour sauter et se projeta dans les airs alors que Nas passait en revue toutes les possibilités qui s'offraient à lui. Il ferma les yeux le plus fort possible. Il lui fallait une idée ! Mais il n'eut pas le temps d'en trouver.

La flèche partie.

L'animal tomba.

Et c'est là qu'il la vit.

Elle.

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