CHAPITRE XI – Thomas.

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  De retour à Orvault, à la villa, Viviane, après m’avoir embrassé, récupère sa voiture. Ça me fait drôle de la voir partir, je m’habituais à sa présence. Me voilà de nouveau seul, face à ma solitude.

  J’aperçois Pascal qui vient vers moi.

- Bonjour Pascal.

- Bonjour monsieur. Vous avez passé un bon séjour à Brocéliande ?

- Oui, nous avons eu un temps magnifique. Et ici tout va bien ?

- Je crois que nous avons de nouveaux pensionnaires.

- Ah bon ?

- Oui, suivez-moi.

  Nous nous dirigeons vers le noisetier. Avec surprise, j’y retrouve le petit rouquin que j’avais rencontré dans le bois de la Garenne. En me voyant arriver, il vient directement sur mon épaule me faire un câlin contre ma joue. Devant l’étonnement de Pascal.

- J’ai fait sa connaissance dans le bois de la Garenne. Il a dû me suivre et a décidé d’élire domicile dans notre noisetier.

- Si vous voulez, je peux lui construire un abri ?

- Oui, ça serait sympa. Tu m’as dit : « de nouveaux pensionnaires », qui d’autre est venu ?

- Une famille de hérissons. Elle niche sous le plancher de la cabane à outils.

- C’est une bonne chose, ils vont nous débarrasser des nuisibles, tel que les limaces.

  Force est de constater que la faune, de plus en plus, vient vers moi. Il faut que j’y porte un peu plus d’attention, je pense qu’elle peut m’aider à évoluer.

  Mercredi matin : je décide de passer au bureau déposer les documents concernant le contrat signé avec Edouard. Mon père est en réunion avec également René. Je dépose donc le dossier auprès de ma secrétaire, pour qu’elle le lui remette à sa sortie de réunion. Mon smartphone sonne, c’est Viviane.

- Bonjour petit lapin rose.

- Bonjour, Merwin ! S’il-te-plait, arrêtes avec cette histoire, ou je t’arrache les oreilles à notre prochaine rencontre.

- Ok ma chérie, je reconnais que je suis un peu lourd sur ce coup-là. Que me vaut le plaisir de ton appel ?

- Es-tu libre demain midi ?

- Oui

- Alors viens manger à l’appartement.

- D’accord c’est noté.

- Bisou.

- Bisou.

  Elle raccroche. Je pense que Dominique est curieuse de connaître le déroulement de notre séjour à Brocéliande et va me poser des questions.

  Onze heures dix, nouvel appel, cette fois c’est mon père.

- Je viens de voir le contrat que tu as signé avec Edouard Dutailly. Je dois reconnaître que tu l’as très bien négocié.

- Merci père.

- Lui avoir proposé d’acheter sa production de céréales, c’est une très bonne idée. J’ai décidé que ce contrat t’appartient, ce sera à toi de le gérer.

- Merci père.

- Donc, tous les bénéfices qui en sortiront seront à toi.

- C’est trop !

- Non Merwin, tu es l’héritier de la société, il est temps que tu aies plus de responsabilités.

- Merci pour votre confiance, je tacherai de ne pas vous décevoir.

  Je ne m’attendais pas à une telle réaction de mon père. Il va falloir que je gère cette nouvelle situation avec mon ami René.

  Une fois à table je préviens Mathilde de mon invitation pour demain. Cette après-midi je vais profiter que je suis seul pour étudier la métempsycose.

  Avec mon ami Brack, nous nous dirigeons vers le noisetier.

~ Désolé, ces derniers temps je ne me suis pas vraiment occupé de toi.

~ Pas grave, je ne me suis pas ennuyé.

~ As-tu appris autre chose avec Alizé ?

~ Non, pas vraiment, j’ai essayé de lui parler du tunnel, mais rien. Il n’a pas le droit d’en parler. Il m’a dit : « c’est à Merwin de le découvrir ».

~ Pour le découvrir, il faudrait que je puisse visiter le sous-sol du manoir. Je verrai la prochaine fois, si Edouard m’en laisse l’occasion.

  Nous arrivons au pied du noisetier.

~ Je vais faire de la méditation pour ainsi essayer de remonter dans mon passé. Veux-tu m’accompagner ?

~ Si tu me laisses ton esprit ouvert.

  Nous nous installons. Brack est en face de moi. Je commence à sentir l’influence de ma chevalière et de mon médaillon qui irradient une énergie apaisante. Le petit rouquin, descendu du noisetier, vient se lover entre mes jambes.

  La régression commence, je reprends le cours de ma vie où je l’ai laissée la dernière fois. Je rembobine mon passé. Je suis au lycée, c’est le printemps. Je vois un groupe d’ados, un peu plus vieux que moi. C’est la sortie des cours, ils se dirigent vers un petit bois. Curieux de voir ce qu’ils vont y faire, je les suis discrètement. Je les vois baisser leur pantalon et jouer avec leur zizi, je ne comprends pas vraiment ce qu’ils font, mais ça m’excite. Je répète ce petit manège les jours suivants. Un jour je n’en vois que deux, le troisième ne doit pas être libre. Tout à mon observation, je ne le vois pas arriver, il me prend par le bras et m’entraîne vers les deux autres qui remontent prestement leur pantalon.

- J’ai trouvé un espion, qu’est-ce qu’on en fait ? On lui coupe les couilles ?

  Celui qui semble être le chef du groupe s’approche de moi.

- Tu es bien curieux. Ça fait longtemps que tu nous espionnes ?

- …. Oui.

- Et tu aimes ça ?

- …. Oui.

- Tu as donc vu nos bites, alors maintenant tu vas nous montrer la tienne.

  J’ai la trouille, la gêne m’envahit, je sens que je rougis, mais je m’exécute.

- Pas mal…. Tu veux faire partie du groupe ?

- Oui…, mais moi je n’ai pas de lait.

  Ils éclatent de rire.

- Pas grave, tu veux du lait, alors tu vas nous traire.

  Avec eux j’apprends de nouveaux mots : sperme, éjaculation, masturbation…, mots que je vais examiner sur internet et qui vont m’en faire découvrir d’autres. A chaque sortie de Lycée, je suis émoustillé, nous nous retrouvons dans notre planque. Puis vient le jour de ma première éjaculation. Mes trois amis me donnent une tape dans le dos.

- Bienvenue dans le monde des hommes.

  Ainsi fut faite mon éducation sexuelle. Ce petit manège va durer jusqu’aux grandes vacances. Le groupe sera dissous. Je ne reverrai, qu’occasionnellement, mes complices, ceux-ci s’étant acoquinés avec des filles, entre temps.

  Cet épisode de ma vie m’a bien fait sourire, je décide d’en rester là pour aujourd’hui. J’ouvre les yeux, je m’aperçois que la petite famille hérisson est aussi présente. Je prends le petit rouquin dans ma main et lui fais une caresse.

- Merci pour votre présence les amis. Je vais vous laisser. A bientôt.

  Je me lève et me dirige vers la villa.

~ Brack, ce que tu as pu voir est intime, aussi je compte sur toi pour ne pas en parler.

~ Bien sûr. Faut reconnaître que tu avais de drôles de jeux.

~ Tu ne peux pas comprendre, nous les humains, avec les règles que nous impose la société, nous nous sommes éloignés de la nature.

  Je m’aperçois que nous avons passé plus de deux heures à remonter dans mon passé, temps que je n’ai pas vu s’écouler. Mais j’ai visionné plusieurs années, avant de m’attarder à mon passage à la puberté. J’ai presque parcouru la moitié de mon existence. A ce rythme-là j’arriverai à ma naissance en moins d’une semaine. Ma naissance…, j’appréhende cet épisode, je sens que ça ne va pas être facile, que je vais rencontrer des obstacles.

  Jeudi, jour de mon rendez-vous chez Viviane. Je ne sais pas pourquoi ? Mais ce repas je ne le sens pas. Bien sûr que j’ai envie de la revoir, mais c’est Dominique qui m’inquiète. Je me mets en route. En chemin, je m’arrête dans une confiserie pour acheter une boîte de chocolat, avec la bouteille de vin que j’ai prélevé dans ma cave, je pense que ça fera l’affaire.

  J’arrive avec un quart d’heure d’avance. Je sonne, cette fois c’est Viviane qui m’ouvre. On se fait la bise.

- Entre, débarrasse-toi.

  Je lui donne ma bouteille et ma boîte de chocolats.

- Merci, tu sais, on n’est pas obligé de se faire des cadeaux à chaque fois que nous nous voyons.

  Coté salle à manger, j’aperçois quatre assiettes. Viviane qui a aperçu mon regard vers la table.

- Dominique a invité une de ses relations.

  Je commence à pressentir une embrouille. Dominique sort de la cuisine et me fait la bise.

- Oui j’ai invité Thomas, un charmant garçon, qui travaille dans une animalerie. Je suis sûr qu’il va te plaire.

  On sonne, Dominique va ouvrir. Mon présentiment commence à se confirmer. Je sens que je vais passer une mauvaise après-midi.

  Je la vois faire la bise à un garçon, aussi sec qu’un bâton, grand : un mètre quatre-vingt-cinq, cheveux courts châtain clair, tirant presque sur le blond, vu la couleur de ses sourcils je pense qu’ils doivent être décolorés. Un menton triangulaire, un léger trait de khôl sur les paupières. Pantalon noir moulant, affublé d’une chemise bariolée, que des couleurs criardes. Je pense qu’il doit travailler avec des perroquets. Bref, il a tout pour plaire cet arlequin. Il fait la bise à Viviane et s’avance vers moi pour m’embrasser également. Je lui tends prestement la main afin d’éviter de me faire lécher. Dominique fait les présentations. Nous passons côté salon pour l’apéritif. Evidemment, je me retrouve avec lui sur la banquette. Une odeur sucrée de violette se dégage de ce clown. Si Obélix est tombé dans la marmite de potion magique, lui il a dû tomber dans un flacon d’eau de toilette. J’ose le sonder télépathiquement, je frise la nausée, il se voit déjà en train de faire l’amour avec moi. Je ne peux pas en supporter plus et bloque mes antennes pour ne plus avoir à subir ce genre d’images.

  Nous passons à table, évidemment, je me retrouve à côté de lui, Viviane me fait face. Durant tout le repas, je vois son pied qui essaie de se rapprocher, alors que le mien cherche à le fuir. Nous ne parlons que d’animaux, il faut reconnaître qu’il en connaît un rayon, les perroquets n’ont pas dû partager, -avec lui-, que les couleurs, mais aussi le caquetage. Ce qui m’énerve le plus, c’est son langage précieux de chochotte et ses manières efféminées. Tout ce que je déteste chez un garçon. Viviane, en face de moi, sent mon désarroi, elle essaie de détourner les regards langoureux de Thomas vers elle, sans grand succès.

  Nous passons au salon pour le café, même duo sur canapé. J’ai du mal à continuer à faire bonne figure.

- Vous resterez souper avec nous. J’ai récupéré un bon film que l’on pourrait voir ensemble.

  Notre perruche s’empresse d’accepter.

- Désolé, Dominique, je suis attendu chez mes parents, je dois passer la soirée avec eux. D’ailleurs, je vais y aller, il est presque quatre heures.

  Je me lève et commence à faire mes adieux. Je tends la main à Thomas.

- Ce fut un plaisir de vous rencontrer.

  Je fais la bise à Dominique. Viviane me raccompagne à la porte.

- Je suis désolé, c’était une idée de Dominique.

- La prochaine fois qu’elle me fait un coup pareil je la… (je ne trouve pas de mot).

  Viviane m’embrasse, m’évitant de sortir un mot que je pourrais regretter.

  Cette journée fut un cauchemar. Je n’en veux pas à Viviane qui s’est laissée entrainer dans ce plan foireux, mais à Dominique qui cherche à m’éloigner de sa compagne.

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