CHAPITRE XII – Cancer.

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  Je passe une mauvaise nuit, je fais un cauchemar. Je suis avec Thomas. Il est couvert de plumes multicolores et me fait la cour. Je me transforme en chat sauvage et lui vole dans les plumes, j’en ai plein la gueule elles ont un affreux goût de violette.

  Le temps est couvert, la journée ne s’annonce pas folichonne. Ablutions faites et petit déjeuner pris, je sors rejoindre mon ami Brack.

~ Salut Brack.

~ Salut Merwin.

~ Dis donc, j’ai l’impression que tu as atteint ta taille adulte et même que tu la dépasses. Si ça continue tu ne pourras plus entrer dans la voiture.

~ Tu penses que j’ai un problème ?

~ Non… ! On en parlera avec Dominique, quand elle cessera de m’inviter à fréquenter des perroquets.

~ Des perroquets ?

~ Laisse tomber, tu ne peux pas comprendre. Allons rejoindre le noisetier, j’ai peur qu’il pleuve dans peu de temps.

~ Ok, tu vas encore aller te promener dans ton passé ?

~ Oui…. On peut dire ça.

  Une fois installé sous le noisetier, Brack allongé devant moi, le petit rouquin entre les jambes, je me concentre. Cette fois je m’arrête vers mes dix ans, période qui me rappelle plein de bons souvenirs. Je suis avec mon grand-père paternel, nous nous promenons dans les bois. C’est avec lui que j’ai découvert énormément de choses concernant : la flore et la faune. C’est le début du printemps. Nous nous arrêtons devant un noisetier, il en coupe une branche pour m’en faire un bâton de marche. Délicatement, il découpe des motifs dans l’écorce qui, en cette période de l’année, est très tendre. Fier de son travail, il me le donne.

- Merci papy, il est joli.

  En le prenant j’ai une sensation de bien-être, déjà à l’époque, mon arbre totem avait une influence sur moi.

- Tu vas bientôt avoir dix ans, je vais te faire un cadeau.

  Il me tend un magnifique couteau suisse. Il est rouge avec sa petite croix blanche caractéristique. Je suis aux anges, c’est la première fois que j’ai un canif à moi. Je saute au cou de mon grand-père pour le remercier. Il m’explique ses différentes fonctions : un tire-bouchon, un poinçon, un décapsuleur, une petite lame et une autre plus grande.

- Attention mon grand, tu dois être prudent avec. Sinon je te le reprends.

- Oui papy, je te promets de faire attention.

  Ainsi équipé de mon bâton et de mon canif nous continuons notre promenade, qui a pour but de trouver des champignons. D’ailleurs ce jour-là, nous rentrerons bredouille.

  Avec lui j’apprends à identifier les plantes, les arbres, à reconnaître le chant des oiseaux, à les repérer. Quand nous tombons sur un habitant de la forêt nous l’observons en silence. Mon grand-père est très proche de la nature et il a su m’inculquer cette passion. Je lui en suis très reconnaissant aujourd’hui.

  Le meilleur moment de cette sortie, c’est quand nous nous arrêtons pour manger le casse-croute que nous a préparé mamy : jambon beurre avec cornichons, gourde de jus d’orange pour moi et petite bouteille de vin pour papy. Nous les sortons de mon petit sac à dos Spiderman (mon héros préféré du moment) et de la musette en toile kaki de mon grand-père. Nous nous installons sur un tronc couché.

- Ecoute…, c’est le chant d’une fauvette. Regarde le châtaignier, elle est sur une branche à droite. Tu la vois ?

- Oui.

  Tout à l’écoute du gazouillis mélodieux de notre fauvette nous savourons notre sandwich.

- Regarde, Papy, une petite souris près de la pierre devant.

- Non Merwin, ce n’est pas une souris, regarde elle a un museau pointu, c’est une musaraigne.

  Je lui jette une boulette de pain, elle prend la fuite. Deux minutes plus tard je la vois revenir et discrètement avancer vers la boulette en nous surveillant. Nous restons immobiles, elle la prend et part avec.

  Je fais un saut d’un mois environ vers le futur et je retrouve un épisode de ma vie, que j’avais oublié. Je suis en train de sculpter l’écorce d’un bâton avec mon canif. La lame glisse et se plante dans mon index gauche. J’ai une estafilade d’au moins huit millimètres, c’est douloureux, j’ai du mal à me retenir pour ne pas pleurer. J’enveloppe mon doigt de ma main droite. Si papy voit que je me suis blessé avec le canif il va me le reprendre, je ne veux pas que ça arrive, non je ne me suis pas blessé, comment lui cacher ? Papy voyant qu’il y a un problème vient vers moi.

- Que t’arrive-t-il ? Mais tu saignes, fais-moi voir !

  Mes larmes commencent à couler, je ne puis plus me défiler. Je lui montre mon doigt blessé. A mon grand étonnement, la plaie a disparue, il ne reste plus qu’un petit point rouge.

- Ce n’est pas grave, comment tu t’es fait ça ?

  Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé, étant à proximité de ronces, je lui réponds :

- Je me suis piqué avec une épine.

  Il sort de sa musette une petite trousse de secours.

- Je vais te nettoyer ça et on va mettre un pansement.

  Déjà à l’époque j’avais ce don de guérisseur. Comment ai-je pu oublier cet épisode de ma vie ?

  Autre fait, que mon voyage dans mon passé, me remémore : mon grand-père aimait jardiner. J’étais attentif à son travail dans le potager, il décida donc de me confier un mètre carré du jardin, carré que je délimitai avec des pierres. Quand il semait des graines, il m’en confiait quelques-unes. Quand il plantait des salades il m’en donnait deux à repiquer. Je passais mon temps à surveiller ce petit lopin de terre, à arracher les mauvaises herbes qui voulaient le squatter, à éloigner les limaces et les escargots qui voulaient transformer mon carré en restaurant. Je m’émerveillais de voir pousser mes plantations.

- On peut dire que tu as la main verte.

  Je regardais avec étonnement ma main.

- Papy, elle n’est pas verte ma main.

  Ma réflexion le fit sourire.

- Avoir la main verte c’est une expression imagée, cela veut dire : que tu as le don de faire pousser n'importe quoi, que tu en as la maîtrise.

- Quand je serai grand, je serai jardinier.

- Tu ferais un bon jardinier, les plantes sentent que tu les aimes et pour te faire plaisir elles poussent et sont vigoureuses.

  Je sens une goutte d’eau sur mon front, il commence à pleuvoir, j’arrête ma séance de méditation et me dirige vers le préau pour me mettre à l’abri.

~ Comme tu as pu le voir, j’avais déjà mes dons en moi, dès mon plus jeune âge.

~ Oui tu m’impressionnes. Plus tu voyages dans ton passé, plus je te découvre.

~ Comment ai-je pu oublier ces souvenirs ?

~ Tu n’étais pas prêt pour les comprendre et en saisir l’importance.

  L’épisode de la blessure avec le canif et celui avec le cutter, durant mon aménagement dans cette villa, me confirme bien mon don de guérisseur. Don, que j’ai également utilisé pour soigner un lapin et une biche.

  Une question m’inquiète. Qui, dans mon entourage, va développer un cancer ? Est-ce mon père, ma mère ou alors René ? Il faut que je me penche sur la lecture du livre que m’a donné Edouard. Vu le temps, qui risque d’être à la pluie pour le reste de la journée, je ferais bien de me mettre à la lecture. Il est presque midi, je rentre me mettre à table.

  Il est seize heures quinze, le téléphone sonne, c’est Viviane.

- Tu es disponible pour venir manger demain à l’appartement.

- Désolé, mais je n’ai pas envie de rencontrer un autre animalier de Dominique.

- Non, non, on sera que tous les trois.

- Alors je te propose de venir chez moi.

- Bon d’accord, c’est important que l’on se voit.

- Comment important ?

- Oui on en parlera demain. Bisou.

- Bisou.

  Elle raccroche. Important ? Que me réservent-elles encore ? Je préviens Mathilde pour demain. Et je passe le reste de l’après-midi dans mon livre sur le cancer.

  Samedi 11 juin : J’accueille Viviane et Dominique.

- Désolée pour jeudi, je reconnais avoir tout foiré, d’ailleurs Thomas m’en veut.

- Ouais, tu as vraiment merdé. Un conseil occupe-toi de tes fesses et laisse les miennes tranquilles.

- S’il vous plaît, on n’est pas venu pour se disputer. Dominique s’excuse, alors on oublie.

  Nous prenons l’apéritif sur la terrasse. L’atmosphère commence à se détendre.

- J’ai une question à te poser. Toi qui es vétérinaire, que penses-tu de Brack ?

- Il a quel âge ?

- Huit mois.

- Un doberman est adulte à environ dix-huit mois, sa taille varie de soixante-dix à soixante-douze centimètres.

- Donc sa taille n’est pas normale ?

- Non, on peut dire qu’il a dépassé la taille adulte. S’il continue à grandir, bientôt tu vas pouvoir t’en faire une monture.

- Est-ce que je dois m’inquiéter ?

- Non !... Il est en parfaite santé. C’est même un cas très intéressant, tu devrais le faire concourir.

- Certainement pas…, je n’ai pas envie d’en faire une bête de foire…Qu’aviez-vous, de si important, à me dire ?

- Demain Dominique part, pour quinze jours, pour un séminaire dans le Var.

- Donc, tu vas venir habiter à la villa pendant cette période d’absence.

- Oui … Sauf, bien sûr, si tu n’es pas d’accord.

- Voyons… Mon petit ami n’étant pas disponible, je pense que c’est faisable.

  Nous passons à table, j’en profite pour prévenir Mathilde.

  La journée se termine paisiblement, nous regardons un film, Viviane prend possession de la cuisine pour nous préparer le souper. Toutes deux passent la nuit à la villa. Le départ de Dominique est prévu dimanche après-midi.

  Nous l’accompagnons à la gare. Une fois le train parti, nous rentrons. Viviane semble triste, tandis qu’intérieurement je suis content ; quinze jours à passer avec ma fiancée.

- Merwin, il faut qu’on parle !

- Oui…, de quoi ?

- De Ker Ambrosus Lailoken.

- Le manoir d’Edouard t’a marqué à ce point ?

- Oui ! Et surtout le pendentif qu’il m’a donné…. Il doit être ensorcelé.

- Comment peux-tu affirmer une telle chose ?

- Si je dors avec je fais toujours le même rêve ; je vois cette fille à qui il a dû appartenir. Si je l’enlève, avant de me coucher, je ne fais pas ce rêve.

- As-tu découvert le nom des personnages de ton rêve ?

- Non… ! Il y a toujours ce tunnel, ce château et ce personnage, celui du portrait, qui m’accueille. Ah, il y a aussi un cheval, qui ressemble à Alizé, mais lui il a un losange blanc sur le chanfrein. Et toi, tu fais aussi le même rêve ?

- Oui, ça m’arrive. Je suis dans le château et semble être le maître des lieux.

- Nous sommes envoutés par les bijoux que nous a donnés Edouard. Si je dors sans, bizarrement il me manque.

- Tu en as parlé avec Dominique ?

- Non…. Je ne veux pas qu’elle me prenne pour une folle ou qu’elle s’inquiète. J’ai l’impression que tu en sais plus que moi sur les personnages de nos rêves.

  Elle est très perspicace, je ne vais pas pouvoir, tout le temps, lui cacher la vérité.

- Disons que j’ai ma petite idée, mais il me manque des éléments. Je t’en parlerai quand je serai sûr de moi.

- Je vois…, tu penses que notre rencontre n’est pas un hasard ? Et qu’Edouard joue un rôle dans cela ?

- Oui…. Il faut que j’éclaircisse ce mystère avec lui.

  Elle n’est pas idiote. Je suis sûr qu’elle doit sentir que je luis cache quelque chose. Il faut que je trouve une solution, je ne voudrais pas qu’il y ait des tensions entre nous.

  La soirée se passe dans une ambiance bon enfant. Avec Viviane nous faisons des crêpes, puis nous regardons un film. Je me sens bien avec elle, j’ai l’impression de vivre une vie de couple. Je lui passe, timidement, un bras autour des épaules, elle ne me repousse pas, au contraire elle pose sa tête sur mon épaule. Nous ne disons rien mais je sens que nous nous comprenons.

  Vingt-deux heures trente, il est l’heure d’aller au lit. Viviane me suit dans ma chambre.

- Tu as l’intention de dormir avec moi ?

- Pourquoi ça te dérange ?

- Non, pas du tout.

- Pour Mathilde, ça sera plus plausible, tu n’es pas d’accord ?

- Comme toujours, tu as raison, ma chérie.

- Hé oui, mon chéri. Ne t’inquiète pas, j’ai un pyjama qui devrait te plaire.

  Dormir ensemble me remplit de joie, joie qui semble partagée. Je sens que je m’attache de plus en plus à elle et que je commence à être jaloux de Dominique. Elle part dans la salle d’eau se préparer. Elle revient revêtue de la combinaison achetée à Paimpont, combinaison qui a subi des transformations : plus de pompon blanc aux fesses, plus de capuche, jambes coupées au niveau des genoux et manches au niveau des coudes.

- Je vois que tu as gardé ton pyjama de Brocéliande.

- Oui, mais j’ai fait des transformations, comment le trouves-tu ?

- Pas mal, je ne te connaissais pas des talents de couturière. Mais j’avoue que je t’aimais bien en petit lapin rose.

  Pour toute réponse, elle me jette son oreiller en pleine figure. Je m’enfuis dans la salle d’eau pour me changer. Après nous avoir souhaité une bonne nuit, nous laissons le marchand de sable œuvrer.

  Lundi 13 juin, huit heures. Je me réveille, mon petit lapin n’a pas changé ses habitudes, il est lové dans mon dos. Je sens qu’elle se réveille.

- Bien dormie ma chérie ?

  Elle recule.

- Excuse-moi, si je te colle, ce n’est pas volontaire.

- Moi qui croyais que c’était parce que tu m’aimais, je suis déçu.

- Mais…, et puis zut.

- Tu sais, ce n’est pas souvent que j’ai une chaufferette pour me réchauffer le dos.

- Alors pour toi je suis une chaufferette, tu sais ce qu’elle va te faire la chaufferette ? Elle va te chauffer les oreilles.

  Nous nous chamaillons une dizaine de minutes. J’éprouve de la joie dans cette chamaillerie. Après avoir enfilés nos peignoirs, nous rejoignons la cuisine pour nous préparer un petit déjeuner. Mathilde arrive avec des croissants.

- Ce midi, je déjeune avec mon père, puis cette après-midi, j’ai un rendez-vous avec Patricia, ma gynécologue.

- Je vais en profiter pour m’occuper de Brack.

- Mathilde, désolée pour le désordre dans la chambre. Ce matin, Merwin, a fait une crise d’adolescence. (Dit-elle en souriant).

- Ne l’écoutez pas, c’est plutôt le contraire !

  Ça fait sourire Mathilde.

- Ce n’est pas grave, ça fait du bien de voir un peu d’ambiance, dans cette maison.

  Viviane partie, je rejoins Brack.

~ Salut Brack, nous avons un peu de temps devant nous, allons rejoindre le noisetier.

~ Tu veux continuer ta régression ?

~ Oui j’ai hâte de savoir qui j’étais avant ma naissance.

~ Tu n’as pas peur de tomber sur quelqu’un que tu n’aimerais pas ?

~ Si c’est celui de mes rêves, non.

  Arrivés devant notre ami de méditation et après un câlin avec le petit rouquin, je prends la position du lotus. C’est reparti pour un voyage dans mon passé.

  Je recule jusqu’à mes premiers pas. Je titube entre mon père et ma mère, qui s’émerveillent de me voir marcher. Je découvre le langage mes premiers mots n’ont rien d’académiques : maman, pipi, caca, bobo. Je revois le bonheur de mon père qui me serre dans ses bras le jour où je prononce le mot magique « papa ».

  Je continue ma régression, je suis sur le ventre de ma mère, mon père coupe le cordon ombilical. Arrive le moment de l’accouchement, je n’arrive pas à continuer, je stoppe brutalement, me voir sortir du vagin de ma mère me fait rougir et m’insupporte. J’ouvre les yeux, Brack me regarde.

~ Désolé mais là je fais un blocage, pourtant il va falloir que je passe ce cap.

~ Ce ne sont que des choses naturelles, vous les humains vous êtes trop sensibles.

~ Je sais, je suis trop prude. Edouard m’avait prévenu qu’il y aurait des moments difficiles, maintenant je sais de quoi il parlait.

  Le petit rouquin me fait un câlin contre mon cou. Je le prends dans la main et le caresse pour le remercier de sa sollicitude.

  Nous retournons vers la villa, j’essayerai de nouveau cette après-midi. Il est à peine onze heures, j’en profite pour me replonger dans la lecture du livre d’Edouard sur le cancer.

  Quatorze heures, je retourne vers le noisetier. Je pose les mains sur son tronc pour me ressourcer. Je sens son énergie bienfaisante se déverser en moi. Mon ami j’ai besoin de ton aide pour franchir le cap difficile de ma naissance, merci pour l’aide que tu pourras m’apporter. Je reprends le rituel où je l’avais laissé ce matin.

  Je peste, je n’arrive pas à passer ce cap. Je fais une pause après chaque tentative.

~ Ne laisse pas tes émotions t’envahir.

~ Plus facile à dire qu’à faire.

~ Je vais essayer de t’aider. Mais accroches-toi.

~ Merci.

  Je reprends la position. Brack m’observe, je sens une intensité bienveillante dans ses yeux. Je commence à revoir ce passage difficile, je sens que je vais décrocher, une force me pousse brutalement. Je me retrouve dans le ventre de ma mère. C’est Brack qui a dû intervenir. J’ai enfin franchi la barrière. Je baigne dans un liquide, j’entends les battements du cœur de ma mère, ça m’apaise. Je sens autour de moi l’amour que me portent mes parents. Je continue ma régression, je quitte le ventre de ma mère et me retrouve dans un espace vide, tout est blanc, un blanc lumineux, intense, malgré son intensité je ne suis pas aveuglé. Est-ce donc le lieu où l’on se retrouve lorsque l’on meurt ?

~ Merwin Viviane arrive et apparemment elle a un problème.

  Je quitte ma méditation. Une fois debout je vois Viviane venir vers moi, elle est en larme, elle se jette dans mes bras.

- Que t’arrive-t-il ma chérie ?

- J’ai un cancer.

- Ce n’est pas grave, on va s’en occuper.

- Comment pas grave ? C’est un cancer du sein, et on va devoir m’amputer. Comment peux-tu dire que ce n’est pas grave !

- Calme toi, on ne va rien t’amputer !

- Pourquoi tu es docteur ? (Me dit-elle en colère)

- Non, je suis guérisseur.

- Quoi !!... Tu te fous de moi ?

- Non…, je suis sérieux.

- Alors prouve-le ! (Me dit-elle avec arrogance)

- Quand tu te seras calmée. (Lui dis-je, avec douceur, en la serrant dans mes bras)

- Excuse-moi.

- Je comprends ta colère, mais il faut que tu me fasses confiance.

- D’accord, je suis prête.

- Rentrons à la villa boire quelque chose, il faut que tu sois détendue, ensuite on s’occupe de ton cancer.

  Nous rentrons, Viviane semble se calmer. Nous sirotons un thé glacé. Je vois qu’elle a envie de parler, mais qu’elle se retient.

- J’ai beaucoup de révélations à te faire. Sois patiente. Je sens que tu veux me poser des questions, ne te retiens pas.

- Il y a longtemps que tu es guérisseur ?

- Lorsque ce don s’est révélé, j’avais dix ans.

- Et tu as soigné beaucoup de monde ?

- Non…, je n’ai pas envie que mon don soit révélé. J’ai soigné Pascal qui s’était fait mordre par un chien. La biche de Brocéliande avait une patte cassée, je m’en suis occupé, c’est pour ça qu’elle vient me voir quand je suis au manoir.

- Tu as d’autres dons ?

- Oui…. Arrêtons les questions, je te promets de tout te révéler. Occupons-nous d’abord de ton problème. Allons dans la chambre.

  Une fois dans la chambre, je lui fais enlever son corsage et son soutien-gorge, je ne peux m’empêcher de rougir.

- Merwin, sois moins timide, tu as déjà vu des seins, ce n’est pas la première fois quand même.

- Oui je sais mais…

- En plus ils ne sont pas terribles, ils sont petits.

- Ils sont parfaits, de toute façon je ne suis pas attiré par eux.

  Elle prend ma main et l’amène sous son sein gauche.

- Ils ne vont pas te mordre, tu sens la petite boule en dessous ?

- Oui…, je la sens. Allonge-toi sur le lit.

  Je me mets à genoux et tends les mains vers son sein et tâtonne pour bien localiser sa tumeur. Je sens son sein qui durcit, apparemment le contact de mes mains lui font de l’effet.

- Tu as les mains chaudes.

- Viviane, s’il te plait, ne dit plus rien, tu me perturbes, il faut que je me concentre.

- D’accord je me tais.

- Ferme les yeux, détends-toi, relâche la tension qu’il y a dans tes muscles. Pense à ton pendentif, il est chargé d’énergie, il peut nous aider.

  Je sens son énergie qui vient s’additionner à celles de mon médaillon et de ma bague.

- Ton cancer ressemble à une petite pieuvre, de la taille d’une noisette, il a des tentacules qui s’étendent. Visualise-le... Les tentacules commencent à bouger, à se rétracter... Tu sens un petit tiraillement, ils sont en train de se retirer, de se ratatiner, de se dessécher... Ne te crispe pas, reste détendue.

  Je commence à sentir de la fatigue, je transpire. Il faut que je tienne ! Je commence à m’attaquer à la tumeur. Le temps s’écoule lentement, mon énergie commence à s’épuiser. Je devrais arrêter et reprendre plus tard. Non, il faut que je réussisse, sinon elle risque de ne plus avoir confiance en moi !

- Ta tumeur commence à se dégrader, tes cellules l’attaquent et prennent sa place… Tiens bon, elle se résorbe, disparaît.

  Je n’en peux plus, mes forces me lâchent, je sens que je sombre. Je tombe dans les pommes…. Je reviens à moi, un linge humide me couvre le front, Viviane est penchée au-dessus de moi.

- Merwin, comment te sens-tu ? Tu veux que j’appelle un docteur ?

- Non surtout pas, j’ai épuisé mon énergie. Excuse-moi, j’ai présumé de mes forces.

- Tu m’as fait peur… Apparemment mon cancer a disparu.

- C’est une bonne chose.

- Dis-moi ce que je peux faire pour t’aider, tu es tout pâle.

- Fais venir Brack.

- Brack ?

- Oui il peut m’aider. Couvres-toi avant s’il-te-plait.

  Elle semble décontenancée devant ma demande, elle remet son soutien-gorge et son corsage et part l’appeler.

  Brack arrive et s’allonge près de moi.

~ Excuse-moi, mais j’ai besoin que tu me donnes un peu de ton énergie, j’ai trop abusé de la mienne, en soignant Viviane.

~ Oui je sais, tu as vaincu son cancer. Tu aurais dû le faire en deux ou trois fois.

~ Oui, je sais, ce n’est pas raisonnable ce que j’ai fait, mais je ne voulais pas la décevoir.

~ Tu aurais pu en mourir.

~ Tu vas m’aider, avec Viviane, à rejoindre le noisetier.

  Le peu d’énergie que m’a communiqué Brack me permet de me lever. Je fais une pause j’ai la tête qui tourne. Viviane me soutient.

- Tu veux un café ?

- Pas tout de suite, j’ai d’abord besoin de prendre l’air. Allons vers le noisetier.

  Tout en prenant appuis sur Brack et Viviane nous progressons lentement vers le noisetier. Arrivé devant, je me laisse tomber à genoux et pose mes mains sur son tronc. Viviane croit que je refais un malaise.

- Ne t’inquiète pas, le noisetier est mon ami, il va m’aider.

  Ne comprenant pas, elle préfère ne rien dire. Mon ami, j’ai épuisé mon énergie, j’ai besoin de ton aide. Je sens une force bienfaitrice me pénétrer, je reste ainsi cinq minutes. Je retire mes mains tout en le remerciant. Le petit rouquin est sur mon épaule à me faire des câlins, devant l’air étonné de Viviane.

- Tu as repris des couleurs. Je vois qu’il n’y a pas que les biches qui sont tes amis.

- Je te présente petit rouquin, il s’est installé dans le noisetier.

  Je lui tends l’écureuil, qu’elle prend délicatement et le caresse.

- Je vois qu’il t’a adopté.

- Tu as d’autres amis ?

- Oui…, viens voir.

  Je lui présente la famille hérisson qui se laisse approcher. Je récupère dans l’abri à outils une poignée de graines pour Viviane et une pour moi. Nous retournons vers le noisetier, je tends la main ouverte avec les graines. Les mésanges, qui nous observaient, viennent picorer dans ma main.

- Tend ta main, sans faire de gestes brusques.

  Elle s’émerveille de voir les mésanges venir manger dans sa main. Après cet interlude nous retournons à la villa nous préparer un café.

- Appelle Patricia, pour un rendez-vous demain. J’aimerai que tu fasses un contrôle pour être sûr qu’il n’y a plus rien. Mais surtout ne parle pas de moi. Tu peux lui dire que j’ai fait appel à un ami guérisseur, qu’il a accepté de te soigner, mais qu’il refuse de se faire connaître.

- Avec ton don tu pourrais te faire une fortune.

- Non, quand on a ce don ce n’est pas pour se faire de l’argent, mais pour aider les gens. Si tu le fais dans un but lucratif, ton don, tu le perds.

  Elle appelle Patricia qui lui donne un rendez-vous pour demain matin.

- Maintenant si tu me faisais tes révélations.

- J’ai une meilleure idée on se fait à manger et, après le repas, on s’installe dans un fauteuil et on papotera.

- Ok chef.

  Elle se dirige vers la cuisine.

- Je me sers un whisky, tu veux quelque chose ?

- Oui mon chéri, je veux bien un porto.

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