Rewind

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    Le petit appartement était sobrement éclairé par la vieille télévision cathodique posée sur une petite table contre le mur, son coupé. Le corps inanimé d'un homme baignait dans la lumière changeante au fil du film qui passait à l'écran, un mauvais policier au budget réduit. La pièce était assez petite, juste de quoi poser un fauteuil, une table basse et une télé en laissant un passage vers la salle de bain ridiculement étroite. L'homme, dans la quarantaine, était avachi dans le vieux fauteuil en cuir défoncé d'où sortait du rembourrage jauni par le temps et de la bière renversée, des ressorts rouillés par endroits transperçaient le cuir ça et là... Il portait une vieille chemise sale et un jean déchiré et taché de cambouis, son état laissait penser qu'il n'avait pas vu sa douche depuis un certain moment. Des bouteilles de bières et d'alcools fort style vodka et whisky bas de gamme trônaient aux pieds du fauteuil ; il était visiblement ivre mort. Une magnifique pièce du puzzle de la déchéance humaine... La cassette qui tournait dans le vieux lecteur se termina et s'éjecta automatiquement après un rembobinage bruyant. L'écran ne diffusait alors plus qu'une neige blanche, vestige visible du big-bang, ainsi que le motif du haut-parleur vert coupé. La pièce devint alors un peu plus lumineuse, découvrant la cuisine de l'obscurité. La petite cuisine américaine, séparée du «salon» par un bar jonché de bouteilles vides, était presque aussi restreinte que ce dernier, équipée d'une table en désordre et d'une seule chaise collée au plan de travail lui aussi en désordre. Quelque chose se mit alors à vibrer dans le gros sac de sport jeté sur la table...

          Un masque effrayant était posé à coter représentant un visage au menton carré , à la bouche souriante exhibant de nombreuses petites dents acérées ainsi que des orbites noires et rondes. Celle de droite donnait l'impression de pleurer des gouttes de sang provenant d'un large flot dégoulinant du front tandis que celle de gauche était traversée par une large cassure semblable à un éclair. Le nez quant à lui était remplacé par une sorte de branche coupé court et fendue. La fermeture entre-ouverte du sac laissait dépassée le canon d'un fusil terminé par un cache-flamme dentelé lui donnant l'apparence d'un requin gueule ouverte. L'objet dans le sac vibra une deuxième fois pendant un instant puis s'arrêta. Peu après le téléphone fixe posé sur le petit bar séparant la cuisine et le salon sonna bruyamment.

"- Putain de téléphone!" bougonna l'homme en émergeant. Il se leva et tituba en se dirigeant vers le bar pour répondre au téléphone.

"- Allô?..." La personne de l'autre coté du téléphone raccrocha sans dire un mot.

"- Colporteur de merde...Maintenant c'est eux qui te raccrochent à la gueule..." s'étonna t-il en commençant à retourner vers son fauteuil pour se recoucher et décuver quand il entendit l'autre téléphone vibrer dans le sac.

"- Merde! Bane!" Dit il en accourant vers le sac. Il sortit délicatement les différentes armes à feu du sac puis le retourna afin de faire tomber le reste de son contenu sur la table. Le téléphone glissa d'une des poches intérieur et tomba au milieu des chargeurs de fusil et de pistolet. L'homme l'attrapa et pris l'appel juste avant le dernier vibrement de l'appareil.

"- Dallas! Ça fait quatre fois que je t'appelle! Obligé d'appeler sur ton fixe! Tu as de la chance que j'utilise le logiciel de cryptage." hurla la voix au téléphone. Dallas l'éloigna de son oreille afin d'éviter les vociférations de l'homme à l'autre bout du fil.

"- Bonjour Bane.

Bane soupira et pris un temps avant de reprendre.

 - Bonsoir Dallas...J'ai un casse à te proposer , un gros coup. Mais il va me falloir une réponse très vite , on a seulement trois semaines pour la préparation" répondit Bane. Il était assez nerveux au téléphone , ce qui ne présageait rien de bon en général.

"- Qu'est ce que tu racontes? On a fait des casses avec à peines quelques jours de préparations , on est large...Rappelle plus tard c'est pas le moment.

 - C'est urgent , on parle du coffre de la Banque Nationale de New York.

 - Attends , attends... Quoi ? Ta bu Bane ? On peux pas braquer ça.

 - On parle de plus de 200 millions de dollars en liquide Dallas." Finit il par dire sèchement.

          L'atmosphère devint lourde et un long silence s'installa. Au bout de quelques secondes Bane soupira à nouveau dans le téléphone mais Dallas parla avant lui.

"- Impossible. Non seulement on peut pas le faire mais en plus une banque peut pas mettre autant d'argent dans un même coffre , tu devrais revoir tes informateurs.

 - Sauf dans le cas où quelqu'un viendrait faire un dépôt en cash temporaire , le temps de faire une transaction ou pour une escale... Et c'est pour ça qu'on doit se dépêcher."

Nouveau silence. Dallas avait les yeux plantés dans les orbites vides et obscures de son masque , perdu dans ses pensées.

"- Développe." finit il par lâcher mollement.

"- Salvatorini doit aller faire quelques emplettes à travers le pays , New-York est sa première escale , il déposera tout le contenu de son porte-monnaie à la Banque Nationale et partira trois jours plus tard.

 - Salvatorini ?! Tu te fous de moi Bane ? Il à déjà faillit nous tuer tout les deux !

 - Justement , ce serai une belle revanche , j'ai déjà des idées , il n'y aura  pas de risques , enfin normalement...Il me faut juste mon équipe.

 - Non ,non. C'est trop compliqué...Cette banque à été braquée une seule fois y'a cinquante ans. Aujourd'hui avec tout le bordel informatique même Houdini ou Copperfield pourrai pas y entrer. C'est impossible. Et en plus l'argent de Sal... Cette fois ce sera sans moi vieux... Je suis pas suicidaire désolé.

 - Attends , avec cet argent tu pourrai aider ta fe..." Dallas raccrocha avant que Bane ne puisses finir sa phrase. Il fixa le téléphone avant de perdre son regard dans le vide.

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