Une fois dans la chambre les policiers retirent leurs képis.

- Policier 1 : Bonjour Monsieur, Bonjour Madame.

- Papa : Bonjour monsieur l’agent.

- Policier 1: Nous nous excusons de nous immiscer ainsi dans cette charmante petite réunion de famille, mais nous allons devoir procéder à l'interrogatoire de votre fils.

- Papa : Pas de souci. Est-ce que je peux rester pour le soutenir ?

- Policier 1 : Oui c’est tout à fait possible étant donné que c'est un mineur. Par contre, je vous demanderai de ne pas interférer même si mes questions ou les réponses vous choquent.

- Papa : Aucun problème, chérie tu attends dehors ?

- Maman : Oui je préfère.

Maman sort et referme la porte derrière elle, je l’entends vaguement parler avec Jean et Marie mais ça ne dure que quelque instants : la discussion me concernant commençant, il ne m’est plus possible d'épier ce qu’il se passe dans le couloir. Le premier policier est sur le côté de mon lit et me regarde fixement. Tandis que le second policier prend une sorte de chemise cartonnée avec du papier, probablement pour noter mes réponses.

- Policier 1 : Désolé le début c’est simplement pour la paperasse, j’en suis navré.

- Moi : Pas de souci.

- Policier 1: Ton prénom et ton age?

- Moi : Pierre, j’ai 15 ans

- Policier 1 se tournant vers mon père : Ce monsieur est bien ton père ?

- Moi un peu surpris : Euh oui …

- Policier 1 : Es-tu capable de te souvenir des deux dernières semaines ?

- Moi fier : Oui.

- Policier 1 : Où étais tu durant les deux dernières semaines ?

- Moi : Sincèrement j’en ai aucune espèce d’idée.

- Policier 1 : Tu ne te souviens pas d'où tu t’es enfui ?

- Moi : Pardon monsieur mais je ne me suis pas enfui !

- Policier 1 : Ah bon ?

- Moi : Non j’ai été enlevé.

- Policier 1 : Oh mazette, et de quoi te souviens-tu ?

- Moi : Euh par où commencer…?

- Policier 1 : Est-ce que tu te souviens de celui qui t’a enlevé ?

- Moi cherchant dans ma mémoire: Je ne l’ai pas vu clairement, mais c'est un homme de forte corpulence, c’est sûr.

- Policier 1 : OK, d’autres détails physiques ? Il était grand ? Coupe et couleur de cheveux ? N'importe quoi qui pourrait nous aider à l'identifier.

- Moi réfléchissant : Il faisait grosso modo votre taille, et cheveux plutôt courts, par contre niveau couleur je dirais sombre. Je ne l’ai vu qu’une fois dans une pièce sombre.

- Policier 1 : Je suis obligé de te poser cette question, mais est-ce qu’on a abusé de toi sexuellement ?

- Moi rougissant : À proprement parler non.

- Policier 1 : Comment ça “à proprement parler” ?

- Moi très gêné : J’étais forcé de poser en sous-vêtement pour gagner de l’argent…

Mon père a les yeux ébahis devant cette révélation, j’ai vu qu’il était rassuré quand il a su qu’on n'avait pas abusé de moi. Mais la découverte de mes conditions de vie ne le laisse pas indifférent. Il se retient mais je le vois durement touché dans son rôle de père protecteur.

- Policier 1 : Et qu'est-ce qui t'y “forçait ” ?

- Moi : Si on ne le faisait pas on ne mangeait pas !

- Policier 1 : Qui c’est on ? Tu n'étais pas seul ?

- Moi : Non il y avait deux autres jeunes avec moi.

- Policier 1 : Tu connais leur nom ?

- Moi : Lucie et Philippe.

- Policier 1 : Et leur noms de famille ?

- Moi : Non désolé.

- Policier 1 : Est-ce que tu les connaissais avant ? Est-ce que tu connais leur âge ?

- Moi : Lucie a mon âge elle est dans le même lycée que moi.

- Policier 1 me coupant : Tu es à quel Lycée ?

- Moi : Jean Moulin.

- Policier 1 : Merci, et Philippe ?

- Moi : Philippe je sais juste qu’il a dix sept ans… mais je crois que j’ai un copain qui le connaît, mais je n’en suis pas sûr.

- Policier 1 : Tu peux me donner le nom de ton copain, qu’on lui demande ?

- Moi : Oui c’est Romain Jacquot.

- Policier 2 me tendant de quoi écrire : Tu as son adresse ?

- Moi récupérant le matériel et écrivant : Voilà je vous l’ai écrite. Je suis pas sûr du numéro par contre.

- Policier 2 reprenant le papier: Pas grave, ça nous aide beaucoup.

- Policier 1 : Est-ce que tu sais depuis combien de temps ils sont là bas ?

- Moi : Euh …. Lucie m’a dit qu’elle était là depuis déjà deux semaines et Philippe quatre ou cinq il me semble. Il m’ont dit ça au début de mon …….

Je tombe en larme juste avant de prononcer le fameux mot que je ne veux plus ni voir ni entendre….

- Policier 1 : Du calme c’est fini. Tu es en sécurité ici.

- Moi pleurant : Je sais mais ….

- Policier 1 rassurant : Courage tu as passé le plus dur.

- Papa : Euh vous pourriez le laisser souffler ?

- Policier 1 : Nous avons presque fini.

- Moi séchant mes larmes : D’accord.

- Policier 1 : Je suis désolé mais il faut que finisse ta phrase pour le rapport….

- Moi après un moment et avec beaucoup de difficultés : Il m’ont dit ça au début de mon emprisonnement….

- Policier 1 : D’accord, écoute on va arrêter pour aujourd'hui on a déjà pas mal d’éléments.

- Moi vidé d'énergie : Merci.

- Policier 1 : Tu as beaucoup de courage mon petit gars, c’est pas facile ce que tu as vécu.

- Moi : Merci

- Policier 1 : Merci à toi, je te souhaite un bon rétablissement. Nous ferons appel à toi à nouveau au besoin.

Les deux policiers s'apprêtent à sortir et invitent mon père à les suivre. Une fois à l’extérieur, ils échangent quelques mots.

- Policier 1 : Toute nos excuses messieurs-dames pour avoir cru à une fugue.

- Papa un peu remonté : Ça arrive à tout le monde de se tromper, mais nous vous avions dit que ça nous paraissait impossible.

- Policier 1 : Oui, oui mais nous avons une vague de fugues actuellement, donc on a cru à ça naturellement.

- Papa plus posé : D’accord.

- Policier 1 : Encore désolé pour le dérangement, mais c’est la procédure.

- Maman : Vous avez fini ?

- Policier 1 : Pour aujourd’hui oui, mais vu la situation nous aurons de nouveau besoin de Pierre ultérieurement.

- Maman inquiète: D’accord…

- Papa rassurant : T’en fais pas chérie, je suis au courant ça va aller.

- Maman : D’accord