Chapitre 3

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Chapitre 3

 Ce ne pouvait être vrai. La gorge nouée, elle resta stoïque. Elle n’avait pas rêvé. A travers son appareil photo, une poupée s’était tenue debout devant elle, une balafre sur la joue. Comme si elle avait été recousue. L’instant d’après, elle avait disparu.

  • “Je vais devenir folle … bordel” il y avait de quoi … Alors qu’elle commençait à croire à l’impensable, le vent se leva de nouveau pour ouvrir comme par magie la porte d’entrée de la maison principale. Karine sentit une goutte de sueur parcourir sa nuque. Le souffle coupé, elle se raidit. Il n’était plus question d’enfant désormais. Elle se savait prise au piège de quelque chose … ou de quelqu’un. Ou alors elle avait perdu l’esprit. Elle ne voulait pas croire à cette dernière théorie. Ce n’était que le début de cette longue nuit, la photographe le savait. Comment et pourquoi ? Tout simplement parce-qu’à l’intérieur de cette maison, elle entendait la sonnerie de son téléphone portable …
  • “Ok, ok, ok”, dit-elle sans avoir bougé un seul orteil. C’était plus que bizarre, de l’ordre du paranormal. A part si réellement, quelqu’un avait récupéré son portable pour le mettre dans la maison. Puis la poupée, la porte qui s’ouvrait, le couinement … tout cela lui donnait le tournis. Il devait y avoir une explication. Et elle se devait de la trouver. Sans plus attendre, Karine prit son courage à deux mains entre peur et motivation, doute et certitude, elle passa le pas de la porte d’un pas lent et mal assurée.

 L’intérieur était sombre, elle n’entendit que le bruissement du vent et sa respiration. L’air était chargée en humidité, bois et poussière. Elle déglutit en tournant la tête sur le côté gauche où s’ouvrait une salle déserte. Devant elle, trônait un escalier. Une sonnerie. Son portable. Karine fut surprise et s’arrêta net.

  • “Ce n’est pas mon imagination. Ce n’est pas mon imagination ...”. L’évidence était là, la personne voulait qu’elle monte pour s’enfoncer un peu plus dans la baraque. Son premier pas fit grincer la marche. “Et merde … putain de merde !” Karine s’énerva puis eut une idée. Elle saisit son appareil photo pour activer le flash. Ce dernier illumina la pièce et un couinement retentit. La lumière montrait des marches d’un certain âge. Elle voulait continuer son ascension. Son objectif était de récupérer son portable, d’appeler son mari ou les flics avant de quitter cet endroit, définitivement.

 Arrivée en haut, ses muscles se contractèrent. Elle était vraiment dans une sale situation. La photographe s’était mise dans le pétrin et cette angoisse commençait à bouffer le moral. Elle toussa discrètement. Personne n’avait mis les pieds ici depuis des lustres et la poussière la prenait à la gorge. Plusieurs chemins s’offraient à elle par des couloirs étroits. Au fond du premier à droite, s’ouvrait une salle de bain. Dans le silence le plus total, elle fit un pas en avant ne sachant quelle pièce choisir pour rechercher son portable. C’est alors qu’une porte grinça. Légèrement. Puis … elle claqua dans un grand fracas assourdissant ! Karine cria en reculant. Elle chuta dans les escaliers dans un vacarme de tous les diable. Sa tête heurta les dernières marches et sa hanche lui fit un mal de chien.

 Alors qu’elle tentait de se relever, sa vision devint floue à cause du choc. Elle sentit un liquide couler sur sa tempe. Elle tenta d’ouvrir les yeux, le coeur au bord des larmes. Mais ce qu’elle vit, la traumatisa à vie. Penchée au-dessus d’elle, une sorte de poupée aux yeux globuleux rouge sang, montrait des dents de scies aiguisées comme de l’acier. Des morceaux de chair étaient collés à ses canines. De la chair … de la vieille chair. Elle couinait et riait. Son noeud papillon ressemblait à deux couteaux entrelacés. Sa robe blanche était tâchée de sang. Un sang séché depuis des années. Elle s’agita et bondit sur Karine en une fraction de seconde. Comme un chien enragé, elle enfonça ses griffes acérées dans le manteau de la photographe, réussissant à atteindre son pull, le trouant et s’enfonçant plus profondément. La poupée griffa encore et toujours jusqu’à déchirer sa chair. La peau restait collée entre ses griffes et le sang se faisait plus présent sur sa robe et sur ses mains de petite poupée défigurée.

 Karine hurla en se débattant comme une folle. Chaque coup de griffe sur sa peau était comme un coup de couteau dans l’estomac. Elle finit par asséner à la poupée diabolique un coup de pied au visage qui la fit valser de l’autre côté du mur avant qu’elle ne disparaisse.

 Dans un état lamentable, Karine essaya de se relever en appuyant une main ensanglantée contre le mur. Les larmes voilaient sa vue mais elle fit un rapide constat : sa poitrine saignait et les griffures étaient profondes. Elle laissa échapper plusieurs râles en compressant les plaies avec son pull déchiré. S’aidant toujours du mur tout en boitant, Karine prit la direction de la porte d’entrée mais cette dernière resta fermée. Elle s’acharnait sur la poignée en hurlant à plein poumons “LAISSEZ-MOI TRANQUILLE, LAISSEZ-MOI RENTRER !!”. Sa voix se perdit dans les sanglots et elle recula en continuant à crier “ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE !!”.

 Karine se retourna, les mains calées sur sa poitrine, son appareil photo toujours autour du cou. Elle vit les escaliers et s’en éloigna de peur que la poupée réapparaisse. Impossible d’ouvrir les fenêtres, c’était sans issue. Et sans trop savoir où elle allait, la photographe prit la seule direction qui se présentait à elle … Celle de la cave.

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