Chapitre 4

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Chapitre 4

 Elle souffrait énormément. Mais Karine ne faisait pas partie de ces femmes se laissant faire. Elle avait un fort caractère et ferait tout pour s’en sortir. Pour le moment, elle devait se rendre à l’évidence : ce qui se passait ici, dépassait la simple logique. Non, elle n’était pas folle. Son sang était réel, ses blessures aussi. Comment ne pas y croire ? Elle devait faire face à ce cauchemar, en pleine nuit.

 Se plaignant de ses blessures, la photographe se trouvait désormais dans la cave. Face à elle, une grande porte en bois dominait et la surplombait de deux mètres. Karine remarquait qu’elle devait être à l’époque condamnée. En effet, de grosses planches en bois en forme de croix s’étaient légèrement fracturées. Elle ne sut si c’était à cause du temps ou … si elle avait été forcée. La réponse se trouvait peut-être à l’intérieur car elle pouvait y pénétrer. Ce qu’elle fit avec précaution. Grâce au halo de lumière de son flash, elle se laissa guider. La surprise, une fois à l’intérieur, fut aussi surprenante .. qu’effroyable.

 La pièce ne faisait pas plus de 10 m². Des chaises étaient dispersées dans un angle avec tout autour … des poupées aux différentes émotions. Celui qui en avait la phobie aurait pu mourir de crise cardiaque sur place. Karine retint son souffle. Elle avait peur qu’une de ces poupées se réveille pour lui infliger plus de dégâts. Le pull de la photographe était collé par son sang séché. Elle ne pouvait détacher sa main droite de la pression qu’elle exerçait sur sa poitrine. Mais au lieu de remonter et d’utiliser ses dernières forces pour ouvrir la porte ou les fenêtres, Karine se sentit comme attirée par cette pièce. Elle renfermait sûrement plus que des poupées pour avoir été condamnée.

 A sa gauche, se trouvait une table couverte d’anciens manuscrits, des journaux presque tous en lambeaux. Elle vit des cierges, de la cire fondue. Elle s’avança vers cette table et renversa de sa main libre les documents. Certains atterrirent au sol avec légèreté. Le temps avait eu raison de ces papiers. Soudain, la photographe mit la main sur ce qui ressemblait à un journal de bord. Elle l’ouvrit nerveusement tout en léchant sa lèvre au goût de fer. Elle passa en revue les pages. Elles étaient écrites à la main. Une écriture assez fine, arrondie. Karine tourna les pages jusqu’à la dernière. Au verso, il y avait des ratures. Des traces de stylos qui s'étaient enfoncées profondément dans le papier. Karine lit alors le recto encore lisible :

18 juin 1982 :

Elles m’appellent. Elles m’ont toujours appelée. Comme un véritable chant de sirène. Sauf qu’aujourd’hui, j’ai réalisé. J’ai été manipulée. J’ai été forcée et je vais les perdre si je continue à les écouter. Nous étions venus ici pour créer notre propre production. Nous avions une belle vie, une belle famille. Je me dois d’être là pour ma famille. Mes fils sont toute ma vie. Nous devons quitter cet endroit. Je dois les abandonner. Et dire que je les avais trouvées dans une brocante. Ils ne comprenaient pas mais moi je comprenais tout.

Du moins, je le pensais. Aujourd’hui, je vois les choses différemment. Je crois qu’elles m’ont fait du mal mais je n’en suis pas sûre. J’ai été une mère pour elles. Elles souhaitent que je le reste mais j’ai déjà ma famille. Malgré que je les ais punies dans la lumière car elles aiment trop l’obscurité. Elles ne le supporteront pas. Pas encore. Je dois me sauver, nous sauver. Pardonnez-moi. Ce ne sont que des objets. Des objets avec une âme mais sans coeur. Je pense que … j’ai été manipulée. Je vais m’en sortir, je vais mieux. Avant qu’elles ne s’en prennent à eux. Alors nous partirons pour ne plus jamais nous retourner. Qu’elles le comprennent. Et qu’elles me laissent libre dans mes actes et mes paroles. Je vais bien et je sui ***”.

Ainsi s’acheva sa lecture.

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