Chapitre 2

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 Karine s’était ouvert la lèvre en prenant de plein fouet son appareil photo lors de la chute. Elle tâta de ses doigts pour constater les dégâts tout en se relevant. Mais cette fois, une chose l’effraya un peu plus encore. : les lampadaires s’étaient éteints.

 Le souffle court, Karine n’eut pas le temps de reprendre sa course et de vérifier son matériel, que la personne qu’elle avait vue un peu plus tôt se tenait désormais sous le moulin. Vu sa taille, il pouvait s’agir d’un enfant. La photographe ne sut si elle devait croire à des adolescents qui la tourmentait. Elle cria :

  • “ Filez de là, rentrez chez vous !”, la voix de Karine portait jusqu’au fond du champ. Elle n’était pas très rassurée et cela se sentait. Ses yeux restaient fixés sur l’ombre face à elle qui ne bougeait pas. Sa lèvre enflait, elle toucha du bout des doigts le sang qui se figeait à cause du froid. La photographe tenait précieusement son portable et son appareil contre elle. Elle fit un pas en arrière, attendant que l’enfant réagisse. Elle déglutit difficilement. Cet enfant la terrifiait plus qu’il ne le faudrait. Alors qu’elle s’y attendait pas, l’enfant courut vers elle et les hautes herbes s'agitaient une nouvelle fois. Un cri déchirant vibra dans ses oreilles et fit écho tout autour d’elle. Karine, terrorisée, se retourna pour courir le plus vite et le plus loin possible, traversant le champ et s’enfonçant vers la propriété agricole.

 Sa respiration désarticulée la faisait dérailler. Elle n’avait jeté un regard derrière elle et ne le souhaitait pas. Au bout de quelques minutes, elle freina sa course pour rentrer dans la première bâtisse qu’elle vit : la grange. La porte avait été arrachée et elle en profita pour se cacher derrière le mur à l’intérieur du bâtiment. Lâchant son matériel au sol, Karine se courba pour tousser et reprendre son souffle. Sa gorge lui faisait mal. Elle ne sut si c’était à cause de ses sanglots étranglés ou de son souffle coupé par la course et l’émotion. Elle prit une bonne inspiration. Désormais, elle avait chaud.

 La photographe reprit ses esprits et laissa échapper un petit rire :

  • “ Ils vont me rendre folle”, dit-elle en remettant ses cheveux en place. Alors qu’elle

essayait de relativiser cette situation particulière, elle risqua un regard vers l'extérieur. Personne. Et sur le côté, la maison abandonnée était calme. Karine secoua la tête. Des enfants l’avaient bien effrayée, ni plus ni moins. En revanche, la colère prit le dessus. Son appareil photo était intact. Par contre ...

  • “Merde mon portable !!” elle fouilla en vain le sol et ses poches... Rien. Karine avait bien perdu son téléphone durant sa course. Elle râla. Karine devait attendre le lendemain pour le rechercher. Cette nuit, elle n’avait aucune chance d’y mettre la main dessus …

 La photographe se préparait à sortir, lorsqu’elle entendit un couinement. Qu'est-ce que c’était ? Ces gosses n’étaient vraiment pas prêts à la lâcher… Elle sortit de sa cachette pour lancer :

  • “Vous m’avez bien eue ! C’est bon vous pouvez vous rendre !”.

 Sa voix se perdit dans l’obscurité. Une nouvelle fois, elle capta le bruit d’un couinement vers la maison.

  • “Ah ! Je vous ai vus ! Sortez maintenant.” Elle n’obtint aucune réponse.

 Bien évidemment, elle ne voyait pas grand-chose. Elle se permit, pour montrer qu’elle n’avait plus peur et qu’elle rentrait dans leur jeu, de porter à son oeil son appareil photo, mimant le geste. Elle hurla de terreur en abandonnant le matériel qui pendait autour de son cou. Affolée, ses yeux ne quittaient pas la porte d’entrée de la maison d’en face. Elle ne comprenait pas. A travers l’objectif, elle avait vu une poupée postée devant la porte principale. Une poupée qui avait désormais … disparu.

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