Sur la rue de Rivoli

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Mon coeur a chaviré. C'est comme si le temps s'était arrêté, ou qu'il avait brusquement remonté son cours, pour me faire oublier tout ce qui s'était passé entre temps, tout le chemin parcouru. Des passants nous dépassaient, se retournaient. Le drame planait au dessus de nos tête pendant une longue éternité.

Puis il a détaché son regard. Il a plongé ses yeux juste à coté de mon visage, comme s'il craignait de me le dire en face, et m'a dit "si tu savais!"

Au son de sa voix, j'ai sursauté, et mon sac est tombé à terre. Nous étions sur la rue de Rivoli, sous les arcades du troittoir couvert. Je me suis baissée, sans rien dire.

Puis je me suis relevée. J'avais le coeur noué, un énorme noeud qui montait douloureusement.

J'ai planté mon regard dans le sien et lui ai dit, d'une voix blanche: "Pardon".

Je le lui avais déjà dit, il y avait peut-être huit mois de cela. Mais quand le mot est sorti de mes lèvres je me sentis mieux. J'ai vu qu'il me regardait intensément, alors j'ai porté les yeux sur moi, sur la robe que je portais. Je me suis mordue les lèvres, car elle m'a rappelé d'un coup des souvenirs.

Jai fait volte face d'un coup. J'avais le coeur qui battait trop fort. Trop de choses me sont revenues à l'esprit. Me pencher pour lui servir le café, et rencontrer ses iris bleus fluo... Me retrouver face à lui, le lendemain de la demande, sur le banc de ce square, et me laisser rassurer, par un soir d'été qui souffle entre les arbres de Paris...

J'ai eu à ce moment là un grand doute, et tout ce qui s'était passé ces derniers jour a fondu comme neige au soleil. J'ai marché, marché, le laissant planté là.

J'ai juste entendu son pas, et le son de sa voix m'interpeller. Il me rattrapait par derrière...

"Eden, je te pardonne!"

Je me suis retournée. Je l'ai vu se découper sur la foule derrière, son si beau visage ravagé par l'émotion.

"Merci ai-je dit, éperdue. Je, je...

Je ne savais pas quoi dire. Il était trop près de moi. J'aurais voulu sauter dans ses bras.

"Merci, ai-je répétée. Et j'ai commencé à courir.

Je me sentais comme si j'avais volé quelque chose qui ne me revenait pas, comme si ce pardon était sorti de ses lèvres comme ravi. Les souvenirs m'étaient remontés à la surfaces comme de vieux démons qui réaffleurent, je me sentais à la fois soulagée par ce merci, et à la fois une voleuse. J'avais l'impression de ne pas mériter ce que j'avais reçu.

J'ai remonté la rue de Rivoli jusqu'à l'hôtel Westin, où lui m'attendait.

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