Quand ça tourne au drame...

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Je ne comprendrai jamais cette ironie du sort. Comment il est possible de changer, et comment je me sens tributaire de mon coeur qui n'en fait qu'à sa tête. Cette seconde rencontre où je suis arrivée bouleversée. Il a vu mon trouble, certainement. J'étais devant lui, et j'avais un autre visage qui s'imposait à moi. Je l'écoutait, et l'écho de cette phrase que mon oreille avait arrachée dans l'air de ma course brutale résonnait à la place de sa voix: "Je te pardonne".

J'essayais de m'habituer, à son visage que j'avais tant langui pendant ces dix-huit jours, mais qui m'apparaissait différemment, barbu et timide...

Je repassais dans mon esprit cette première impression, ces présentations, cette première rencontre si agréable. On avait tant à se dire, on riait à chaque demi-mot, je sentais qu’il avait aimé être assis là en face de moi. J’avais réalisé l’étendue de ses connaissances, sa réflexion, et je m’étais dit : « pour une fois ! ». Pourtant, à ce moment là, j'étais trop troublée. J'étais mal à l'aise. Je n'arrivais pas à me détacher de ce que je venais de vivre, même si je savais que c'était ce qu'il fallait faire.

J’avais les yeux qui se fermaient, la chaleur qui me faisait presque suffoquer. En face de moi, il se penchait bizarrement, et il me semblait voir d’autres personnes que jamais je n’aurais imaginées en face de moi en rencontre. Peut-être l’effet de ma fatigue, de ce retour en arrière si brusque juste avant. Oh, pourquoi faut-il toujours que les choses s'enchaient avec tant de coincidences? Pourtant, j’aimais l’entendre, sa conversation était agréable. Il voulait prolonger, je le sentais à son aise. Ou peut-être aussi mal à l’aise à cause de moi, je ne sais pas. Quand enfin on est sortis à l’air libre j’ai senti ma respiration se fluidifier, je me suis sentie mieux.

J’avais honte par rapport à moi, à lui, à tout ça. Je sentais qu’il se projetait « quand nous… » et j’avais moi-même besoin de me projeter. Me dire que ce ne serait pas ça me figeait. C’était impossible, il fallait que ce soit ça. Mon pauvre cœur éprouvé avait vécu trop de tumulte, de soubresauts dans la mer agitée de la vie. Pourtant, j'étais ailleurs...

Nous avons marché en direction des tuileries, et là il s'est arrêté. Il a planté ses yeux sombres dans les miens.

"Eden, je ne te sens pas. Si tu veux qu'on abrège, on peut. Je ne veux pas être indiscret, mais tu m'as l'air troublée. "

Je me suis raidie. Je ne savais pas quoi dire. J'ai senti son regard insistant.

Alors je ne sais pas ce qui m'a pris. Comme une idiote, j'ai éclaté en sanglots.

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