Rencontre fatale

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Ces jours froids m'ont refroidie. Je suis pressée d'aller me réchauffer à la lumière de ses yeux, de son regard bienveillant et plein de lumière, de son sourire charmeur et charmé. Cela, bien qu'il ne s'agisse que d'une seconde rencontre, d'habitude banale. Mais, au fond de moi je me dis, "et si c'était la bonne seconde rencontre?"

Peut-être est-ce le temps, mais chaque seconde de ces dix-huit jours m'ont fait bouillir d'impatience. Et aussi, tourner et retourner tout ceci dans ma tête. Je me prends par moments à redouter de pouvoir m'engager ainsi, puis je me dis: mais pourquoi penser à s'engager maintenant? On n'est qu'à une rencontre de plus, rien ne t'engage. Mais au fond de moi, je sais déjà que je ne lui dirai jamais non. Ca peut pas ne pas être lui, et je n'ose pas y penser à la petite éventualité qu'il me dise non. Rien que d'y penser me fait mal.

J'ai repris le métro jusqu'au centre de Paris. Je m'étais trop arrangée pour un temps aussi désert, j'ai eu droit à des réflexions et des regards trop insistants dans le métro. Une angoisse sourde est née en moi, celle d'en avoir fait trop et de lui déplaire du coup.

Je suis sortie sur la rue de Rivoli, et j'ai eu un pincement au cœur en passant sur la petite place "palais royal musée du Louvre", celle où j'avais vécue tant d'autres choses. En même temps, j'ai gonflé mon torse en me disant "je préfère être maintenant", avant qu'un sursaut de culpabilité ne m'en empêche.

J'ai préféré descendre du métro plusieurs stations avant notre point de rencontre, pour laisser mon cœur se détendre au son de la marche, car je me sentais crispée. Trop de pensées se disputent en moi, trop d'inquiétudes inavouées. J'avance en regardant les boutiques autour de moi, le monde dans la rue me détend. Les familles qui sortent ensemble, tous ces flâneurs qui se croisent, cette fébrilité dans laquelle je me fonds m'aide à relâcher la tension qui s'est accumulée en moi.

Soudain, j'ai tout mon être qui se fige. Je me fixe et un grand blanc se fait dans ma tête. Des palpitations me prennent, et je sens mon cœur battre trop fort. Une chaleur s'empare de mes jambes, les rendant faibles et vacillantes.

Là juste en face de moi, comme un revenant. Oui, c'est bien lui, sa démarche nonchalante, son regard rêveur, son écharpe autour du coup, ses mains dans les poches. Que dis-je son regard rêveur? Son regard qui s'est figé d'un coup car, en cette même fraction de seconde, il m'a aperçue. Il m'a vue, et si peut-être vingt mètres nous séparent, il m'est impossible de faire demi tour ni de le berner et de faire comme si je ne l'avais pas vu. Depuis le mois de juin, quand cette histoire s'était si douloureusement terminée, je ne l'avais pas vu, et je pensais qu'il en valait mieux ainsi.

Je ne pourrais jamais décrire le tsunami qui s'est emparé de moi à ce moment là, ni celui que j'ai lu dans son regard outremer alors qu'inexorablement on se rapprochait l'un de l'autre. Je n'arrivais pas à réfléchir, à faire quoi que ce soit, tant j'étais submergée. D'un coup, tant de choses que j'avais enfouies au fond de moi ont émergé à nouveau et m'ont envahie furieusement.

J'ai senti son regard comme un laser qui ne me quittait pas. Qui me transperçait et m'empêchait de penser, de réagir. Arrivé à ma hauteur, il s'est arrêté, et comme une automate je l'ai imité. Tout le bon sens me disait d'avancer, mais je ne pouvais pas. J'étais tétanisée. Je n'arrivais pas à me détacher de lui, à sortir un son de ma bouche.

J'étais comme envoutée par ces yeux qui ne se détachaient pas de moi, jusqu'à ce que je réalise qu'ils étaient brillants de larmes.

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