Chapitre 4

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Les anciens soldats de Sylve se réunirent très rapidement autour de leur Capitaine. Ils souhaitaient tous s'assurer qu'ils allaient bien avant de pouvoir espérer trouver en lui des réponses à leurs doutes. Evan était celui qui les guidait, les conseillait et les motivait. Phil avait beau tenir aussi ce rôle, il n'était pas aussi imposant que l'homme. Mais ce dernier ne semblait pas au meilleur de sa forme. Il était sale, et sans aucun doute épuisé. Des cernes sous ses yeux formant des ombres grises venaient illustrer cette fatigue. Il était à demi allongé sur un reste de chariot brûlé, demandant d'un geste silencieux à ses coéquipiers de reculer. 

- je vous prierai de garder vos vielles odeurs corporelles répugnantes loin de moi. Vous êtes  tous écœurants...Gromela-t-il sèchement comme s'il incarnait un modèle de propreté. Il les dévisagea un par un vérifiant visuellement s'ils étaient tous en vie. 


- Où est Orens ? Questionna-t-il en fonçant les sourcils. 


- Il a été salement amoché par cette poutre, mais Iris et Amy l'ont soigné, expliqua Phil en désignant les intéressées du menton. 


- Où étais-tu ? Nous avions un plan ! Pour ce dernier tu étais mort, si tu n'étais pas arrivé nous serions parti sans toi... Dit  Amy d'un ton sec presque menaçant. Elle était appuyée sur un mur debout, à ses côtés Iris légèrement en retrait approuva ses paroles en secouant la tête pour acquiescer. Elle se tordait nerveusement les doigts, mais garda le silence. Evan se releva légèrement en grimaçant, il observa son amie, puis la jeune femme. Il n'avait pas  l'habitude qu'on s'inquiète pour lui.

- Je sais, vous auriez eu raison. J'ai eu un contretemps quand nous avons été séparés. J'ai dû adapter le plan. Le principal, c'est que je sois vivant, non ? 

Amy ne répondit rien, elle ne l'entendait pas de la même oreille, mais il était inutile de débattre avec cet homme. Il avait souvent réponse à tout. Elle était heureuse qu'il soit enfin parmi eux.


- Un contretemps ? Questionna Iris, intéressée par sa réponse. 

Il répondit en regardant le verre que venait de lui servir Elena. 


- Oui, un contre temps d'ordre privé, qui ne concerne aucun de vous. Maintenant, j'ai besoin de soin et de sommeil. Nous partons demain, soyez ponctuelle et propre.

Il désigna les vêtements plein de charbons qu'ils arboraient presque tous. Puis il se leva pour chercher un cabanon dans lequel il pourrait se reposer. Il n'aimait pas toute cette agitation autour de lui, il trouvait cela ridicule, mais ces officiers traitaient les leurs ainsi alors il l'avait accepté. Il s'en voulait presque de les avoir inquiété. 
Il trouva finalement un ancien dortoir presque entièrement conservé. Les lits n'avaient pas brûlé et les draps bien que jaunis n'avaient pas servi. Une fois à l'intérieur, il s'assit sur le premier lit faisant grincer le sommier. Son esprit enfin relâché, il laissa place à la douleur que son corps avait mise de côté. Il souffrait à plusieurs endroits. Il avait sûrement plusieurs côtes cassées, tout comme son poignet gauche et de nombreuses brûlures sur les jambes et dans le dos. De plus les brûlures infligées par Iris l'an dernier, à peine cicatrisées, s'étaient de nouveau fragilisées. Il entreprit de se déshabiller pour enfiler des vêtements de civil propres qu'il avait préparés à l'avance. Il ne supportait plus de porter cet uniforme, qui n'avait plus aucune signification pour lui.

- Besoin de quelque chose ? 

Sa voix, un simple murmure dans l'obscurité retenti derrière lui. Il s'attendait à la voir venir donc il ne fut pas surpris. Il s'empressa d'enfiler sa chemise en lin pour cacher ses blessures, mais il avait du mal avec son poignet. Elle s'en aperçut et vint l'aider sans attendre qu'il le demande. Ainsi, elle lui enlevait une humiliation de plus. Il laissa ses doigts agiles et délicats tirer sur la chemise pour l'ajuster sans une seule fois effleurer sa peau. 

- J'aurai pu le faire seul, dit-il sèchement. Il était idiot de réagir ainsi, mais il savait qu'elle ne le prendrait pas mal. 


- Je sais. Il va quand même falloir surveiller cela...Je peux ? 

Elle désigna son bras gauche bleu et enflé. Il lui montra sans hésiter, désirant son touché réconfortant. Elle l'observa fronçant légèrement le nez comme elle avait l'habitude de le faire en se concentrant. Il grimaça quand elle vint enfin poser un doigt sur lui. 

- Ce contretemps d'ordre privé aura tout de même failli avoir la peau du meilleur soldat de notre équipe. 

Il vit qu'elle était contrariée, mais il ne savait pas quoi dire pour la rassurer. En effet, il avait dû affronter les flammes et deux soldats coriaces des unités spéciales. Ces derniers avaient fini par s'écrouler ne faisant pas le poids face à son expérience du combat. Heureusement pour son équipe, c'est contre lui qu'ils s'étaient battus. Evan n'était pas stupide, ce qui la contrariait, n'était pas ses blessures. Elle n'aimait pas qu'il lui cache des choses. Cela ne lui plaisait pas non plus, mais il n'était pas certain de réussir sa mission personnelle alors il ne lui en avait pas parlé. Il ne souhaitait pas la décevoir. Il préférait qu'elle soit en colère contre lui, il savait accueillir cette émotion parce qu'il la connaissait bien.

Iris leva ses grands yeux noirs sur lui, le suppliant silencieusement de répondre à sa question informulée. Evan recula pour chercher le petit carnet qu'il portait toujours dans sa poche. Il y avait caché quelque chose de très précieux pour la jeune femme. Il sortit trois feuilles qu'il avait pliées en plusieurs fois pour les dissimuler et les protéger. 

- J'ai pensé que ça t'aiderait à assembler les pièces éparpillées de ton histoire.


Elle arracha les feuilles de ses mains en voyant son nom apparaître sur l'une d'elles. Mais elle ne lut pas par directement, se tournant de nouveau vers l'homme pour le fusiller du regard. 

- Tu as risqué de mourir pour ça ! Quel acte égoïste ! Mettre toute notre équipe à mal pour une histoire de passé...Je sais qui je suis aujourd'hui c'est le principal non ? Gronda-t-elle en passant une main tremblante dans ses cheveux. Elle relâchait toute la peur qu'elle avait accumulée ces derniers jours. La pièce se réchauffa instantanément. 


- Heureusement je suis votre supérieur et je peux me permettre de faire cela. Ça ne te rend pas folle de ne pas savoir ? Demanda-t-il en désignant les feuilles qu'elle tenait dans sa main droite. Elle fit un va-et-vient avec son regard entre les feuilles et Evan. Il comprit sans qu'elle ne soit besoin de le verbaliser qu'elle était terrifiée d'en apprendre plus sur elle. Il l'invita à s'asseoir sur le vieux matelas à côté de lui. Son bras droit vint sans hésitation entourer ses épaules puis attirer sa tête vers lui. Il en profita pour déposer un baiser sur le haut de sa tête humant son parfum familier. Même sale, elle sentait bon. Elle se laissa faire sans protester, fermant les yeux pour se laisser aller à cette étreinte rassurante.


- Bien sûr si tu ne veux pas les lire, tu peux toujours les brûler. C'est à toi de décider, je voulais simplement que tu aies le choix, Iris. 

- Merci... Mais s'il te plaît, ne recommence pas. J'ai cru mourir intérieurement en t'abandonnant. Je... Je ne veux plus ressentir cela. 

Il hocha la tête, elle se moquait totalement de ces bouts de papiers. Elle était encore terrifiée par l'idée de le perdre. Il n'était pas habitué à ce que ce sentiment soit réciproque, mais cela ne lui déplaisait pas du tout. Il avait appris à compter pour elle, mais aussi pour les autres membres de leur équipe. 

- Je vais faire de mon mieux. 

Elle posa les feuilles sur le lit avant d'enlever ses gants. Il comprit immédiatement ce qu'elle avait en tête et il la laissa faire.

- Ne bouge pas, ordonna-t-elle en posant ses paumes sur son torse. Elle prit soin de ne pas appuyer pour ne pas le blesser davantage. Elle souhaitait juste faire sortir de ses poumons toute cette fumée qu'elle sentait parasiter son corps. Il ne lui fallut que quelques secondes pour se concentrer, la faire sortir et s'évaporer.

- Tu fais ça à la perfection maintenant, remarqua-t-il fier d'elle. Il réussit à la faire sourire.

- J'ai eu un excellent mentor. Tu veux que je te montre mes progrès en guérison ?

Il secoua aussitôt la tête prenant un air sévère.

- Non...

- "tu sais bien que c'est dangereux..." ce n'est pas toi Monsieur le Capitaine, qui m'a toujours répète que la peur m'empêcherait d'avancer si je n'en faisais pas mon allié. Ce n'est pas toi Monsieur le Capitaine, qui m'a toujours répété que la peur m'empêcherait d'avancer si je n'en faisais pas mon allié. 


Il la repoussa n'aimant pas qu'elle le contredise. Il avait du mal à accepter qu'elle ne soit pas sous ses ordres dans leur relation, il ne pouvait ainsi pas la contrôler. La collaboration était leur seule façon de construire ensemble et de se mettre d'accord. Il avait aussi appris à faire abstraction de ses propres angoisses pour la laisser expérimenter par elle-même. Iris travaillait sur les mêmes points, ils étaient conscients qu'ils ne pouvaient se protéger continuellement au risque de s'étouffer. 

Résigné, il la laissa attraper son poignet.

Iris releva la manche de sa chemise. Sa peau était parsemée de bleu et de vert montrant une fracture assez grave. La jeune femme ne laissa rien paraître de son inquiétude et de sa tristesse pour ne pas énerver d'avantage son compagnon. Dans sa main elle concentra ses émotions afin d'allumer une petite flamme dont-elle se servirait pour régénérer l'os cassé. Enfin si elle y arrivait.




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