11 mois plus tôt

Il y avait en elle cette lumière toujours présente qu'elle pouvait animer ou calmer en fonction de ses émotions. Elle devait la contrôler pour ne plus blesser les personnes qu'elle aimait sans le vouloir. Elle n'avait pas d'autre choix. Elle devait donc rester concentrer, ne pas perdre de vu son objectif et surtout garder le contrôle.

- Tu n'y arrives toujours pas...après un mois ! Grogna Phil en regardant la flamme de la bougie, qui n'avait même pas tremblé. Iris sursauta, ce qui éteint la bougie immédiatement. Elle fusilla du regard le jeune homme.

- Tu ne m'aides pas en me mettant la pression. J'ai quand même l'impression de progresser.

Elle désigna la bougie éteinte encore fumante. La flamme se ralluma aussitôt lorsqu'Iris posa sa main sur la cire chaude. Elle entendit son partenaire souffler avant de s'asseoir. Il était nerveux, toujours en colère et sans arrêt derrière elle. Son objectif était de partir retrouver son frère rapidement. Ils ne pourraient avoir un ordre de mission que lorsque la jeune femme aurait prouvé le total contrôle de son pouvoir. Ils avaient reçu l'un des juges envoyé par le conseil. Il avait apporté avec lui un document stipulant qu'Iris ne devait quitter sous aucun prétexte le camp. Ainsi deux nouveaux officiers, soldat de l'unité du gouvernement, étaient chargés de la surveiller. Elle devrait aussi rencontrer sous peu les membres du conseil et la présidente. Evan en apprenant cela avait tapé du poing sur la table, montrant son total désaccord. Il avait essayé de plaider l'urgence d'agir pour protéger le pays, la dangerosité du sorcier nommé le voyageur et de l'armée d'humain qu'il avait asservi. Personne n'avait entendu son appel à la mobilisation, l'urgence étant de renforcer la défense de Sylve et non l'attaque et l'investigation.

Iris était donc bloquée au camp 19 tout comme son équipe. Elle s'entraînait seule, ne souhaitant pas l'aide du Capitaine. Elle n'arrivait pas à faire abstraction de son procès, c'était plus fort qu'elle. Il n'avait d'ailleurs pas insisté. Phil était de toute façon présent pour la pousser à s'ameliorer. En le voyant démuni, Iris vint s'asseoir à côté de lui. Elle posa une main sur son genoux, mais il s'écarta.

- Je vais y arriver, je te le promet, murmura-t-elle en cachant la tristesse que lui procurait son geste de recul. Le jeune homme haussa les épaules et dans son regard elle pu lire une incertitude qui lui déplus. Il n'avait pas confiance en ses capacités.

- Je vais sûrement accepter la proposition du Capitaine, tu n'es pas capable de contrôler ton pouvoir. Il s'agit de la vie de mon frère, déclara-t-il.
Iris baissa la tête, mais ne protesta pas. Elle n'avait pas besoin de lui rappeler le danger que représentait une mission clandestine en dehors des frontières. Il en avait conscience.

- Je te fais confiance pour revenir en vie, dit-elle simplement en se relevant avant d'essuyer discrètement une larme roulant sur sa joue. Phil le remarqua, mais il ne fit rien pour la consoler. Il n'en avait ni l'envie, ni la force parce que son âme était tout autant brisée.

Il partit quelques jours plus tard avec Amy, pour une mission qui dura une semaine. Ce qu'ils découvrirent anéanti un peu plus l'espoir de retrouver un jour Al et de le ramener. En effet, ils n'eurent pas à sortir les armes, parce que les camps 24 et 25 étaient totalement déserts. Les sorciers n'avaient laissé aucune traces.

Le silence était pesant sur le camp. Les légères conversations des déserteurs ne suffisaient pas à briser ce calme et cette attente interminable. Evan n'avait toujours pas donné signe de vie, même après trois jours. L'espoir de le voir revenir s'amenuisait avec le temps. Louis et Amy avaient décidé de parcourir la carte afin de déterminer un itinéraire simple et sécurisé. Leur objectif était de prendre contact avec le pays situé dans les montagnes. Ils avaient conscience que la communication et les relations avec Sylve avait toujours été compliqué, mais ils avaient bonne espoir d'être tout de même accueilli. Ils ne pourraient jamais agir comme ils le souhaitaient avec leur petite équipe, il leur fallait des armes, et des effectifs en plus.

- Nous partirons dans deux jours, Orens sera capable de voyager, décréta Amy à ses camarades lors du repas du soir. Un silence suivit, parce qu'ils savaient que partir signifiait qu'ils abandonnaient Evan. Le feu au centre de leur ronde s'intensifia d'un coup produisant des flammes hautes d'au moins un mètre. Phil posa sa main sur celle d'Iris afin de la reconnecter à l'instant présent. Personne ne fit de remarque, mais la petite assemblée s'écarta du feu ne souhaitant pas recevoir de braise.

- Je sais que cela vous rend triste, mais nous devons continuer. C'était notre pacte. Il ne s'agit plus de nous mais de milliers de vie.
Rappelez-vous de notre objectif, c'est la seule chose qui compte pour le moment.

Personne ne répondit mais leur silence signifiait qu'ils étaient d'accord.

- vous savez quoi, ça me manque de ne pas me faire traiter de gamin incapable, déclara Orens de son lit.

Sam, Elena, Louis et Iris étaient présents autour de lui. Ils avaient pris l'habitude de passer leur nuit ensemble. Un léger rire s'éleva parmis les présents.

- Si tu veux je peux y remédier, rétorqua Elena, elle reçu un coup de pied de la part de son camarade.

- Vous pensez qu'on rentrera un jour à Sylve ? Demanda soudain Sam. Pour une fois, elle ne parlait pas beaucoup semblant inquiète et préoccupée. Louis renifla bruyamment, il était sûrement celui qui avait le plus perdu dans leur fuite. Il ne regrettait rien, mais partir sans faire ses adieux à sa grand-mère avait été un déchirement. Sa compagne remarqua une larme brillante et discrète humidifier sa joue, elle se rapproche aussitôt de lui posant sa tête sur son épaule.

- On reviendra, déclara Iris d'un ton ferme. Elle regarda chacun de ses camarades dans les yeux cherchant à leur faire comprendre que Sylve resterait leur pays. Ils allaient simplement tenter de le préserver.

- J'aime ton optimiste, mais je te rappel que tu ne seras jamais vraiment la bienvenue là-bas, lança Elena en regardant distraitement le sol noirci.

- Elena !

- Quoi ? C'est vrai non ? A part la brûler vive, la séquestrer et la craindre, les sylviens n'ont rien fait pour elle. Ça me pose question...pourquoi vouloir sauver un pays, qui te néglige autant ?

- Elena ! Répéta Orens plus fort en lui donnant un coup avec ses pieds. Il grimaça aussitôt tout en guettant la réaction d'Iris. Elle resta calme, observant simplement la jeune femme.

- Je ne sais pas, j'ai décidé que la vie de milliers de personnes étaient plus importantes que leurs représentations de moi. J'ai aussi eu peur de moi-même pendant un moment...je ne peux en vouloir à personne, répondit-elle d'une voix douce, détachée mais sincère. Elle avait l'air d'y avoir beaucoup réfléchie, mais sa décision était prise depuis longtemps à présent. Elena se contenta de cette réponse haussant les épaules.

- De toute façon, ce pays est à reconstruire. Si le peuple découvre la vérité...un soulèvement aura lieu et sera le bienvenue.

Tout le monde acquiesça, le pays de Sylve était une structure fragile s'appuyant sur plusieurs principes très instables. Il suffisait que l'un d'eux soit bancal pour que tout s'écroule. Les sorciers n'étaient pas leur seuls ennemis.

- Et toi Elena ? Tu viens d'où ? Demanda Louis poliement.
Elle ne mit que quelques secodne à répondre, racontant son enfance dans la petite aristocratie du camp 2. Elle avait vécu parmis les figures les plus importantes et puissantes du pays. Elle avait ainsi pu se rendre compte que leur gouvernement n'était qu'une bande d'incapables se cachant derrière des hauts statuts. C'est pour cela qu'elle avait, contre l'avis de ses parents prit ses fonctions dans l'armée. Elle souhaitait découvrir la réalité des habitants vivant aux frontières. Du camp 2, les sorciers semblaient être une menace lointaine, mais pourtant si dangereuse. Elle avait expérimenté elle-même le danger qu'ils représentaient.

Le petit groupe ne tarda pas à s'endormir après avoir échangé durant des heures. Ils s'écroulèrent de fatigue ne prenant même pas la peine de rejoindre leur couchette respective. Iris sombra dans un sommeil toujours marqué par la présence de cauchemar qu'elle n'arrivait pas à relier entre eux. Elle savait que le seul moment où elle ne pouvait pas contrôler son pouvoir était la nuit dans des rêves. Elle avait prit l'habitude de dormir seule, pour ne blesser personne. Cette nuit ne fit pas exception, elle était recroquevillée dans un coin isolé de la pièce.
Phil fit irruption dans la pièce au beau milieu de la nuit les faisant tous sursauter. Iris se réveilla brutalement faisant dégager du sol une légère fumée qu'elle dissipa rapidement. Elle observa son camarade surexcité.
Il leur offrit un grand sourire, soulagé.

- Tu as intérêt à avoir une bonne raison de nous réveiller sinon je te pète les dents, grogna Sam en se dégageant de l'étreinte de Louis.

- Evan est rentré.