Chapitre 14

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Plic. Ploc.


Le ciel assombri déversait ses larmes qui créaient des mares et nourrissaient les plantes. Le sol durci se transformait en boue, les feuilles tombaient doucement sur le sol le recouvrant lentement. Un grondement retentit. L’orage était arrivé. La nuit tombait depuis quelques minutes, la lune dansait entre les nuages n’allant jamais au devant de la scène.


Plic. Ploc.


Aspasia marchait dans l’immense jardin de la propriété des Perfides, les pieds nus, un sourire enfantin collait sur le visage tandis qu’elle sautait dans les marres. Des rires cristallins résonnaient mais l’adolescente ne s’en souciait pas, elle se contentait simplement de sourire. Tous les événements des précédents jours semblaient s’être évaporés de son esprit alors qu’elle profitait de cette soirée.


Plic. Ploc.


Une rabasse tombait. Le son de la pluie formait un chant cantabile qui faisait bondir son cœur pluviophile. Aspasia s’arrêta près du tombeau des Perfides, un éclair illuminant brusquement le ciel pendant quelques secondes. Son air enfantin s’évapora, l’adolescente étouffa un cri en reprenant contrôle de sens, ses yeux cessèrent d’être gris et revinrent bleus.


Plic. Ploc.


L’esprit avait quitté son corps ayant siphonné son énergie. Les voix cessèrent net. Le silence se fit, légèrement brisé par le son de la pluie et les grognements du tonnerre. Les animaux se turent d’un coup. Un danger rôdait autour de la propriété des Perfides. Les épouvantes de la nuit s’étaient éveillées, Aspasia sentait déjà la nuit blanche venir.


Plic. Ploc.


Une tentacule jaillit de nulle part, s’enroulant autour de sa cheville droite puis la tira violemment, son corps bascula à l’avant et s’étala brutalement sur le sol mouillé. Aspasia se tourna et se figea à la vue de la forme humanoïde se tenant à quelques mètres d’elle : elle avait trois bras de chaque côté dont les doigts étaient au nombre de deux; sa tête était ovale et masqué par une masse de cheveux noire, un liquide noirâtre sortait de ses orbites qui fixaient sa proie.


Pli-


Aspasia hurla. Un liquide inconnu avait été injecté dans son corps par le biais de sa cheville, il se répandit facilement et rapidement paralysant l’adolescente dans une pure agonie. Ses cris résonnaient et fracturaient le silence des morts, ces derniers observaient sans faire le moindre geste celle qui avait été choisi. La jeune fille commença à se débattre, elle agrippait le sol, ses ongles s’enfonçant dans la terre, cherchant un objet tranchant avec ses yeux tandis que la douleur la faisait crier et épuisait sa voix. Rien. Frustrée, elle saisit la tentacule avec ses dents et mordit. La créature rugit.


-oc


Elle repéra une tronçonneuse abandonnée en face de la cabane du jardin là où son père avait rangé tous les outils de bricolage et jardinage. L’adolescente se précipita rapidement et saisit l’engin. La créature jaillit, ses tentacules formaient un dôme autour d’eux, hurlant des mots qu’elle comprenait en dépit que ce ne soit pas une langue qu’elle connaissait. Aspasia démarra la tronçonneuse et se jeta sur le monstre en relâchant un cri de guerre. L’engin traversa le corps de l’entité, découpant des morceaux d’une substance inconnue, le sang ou du moins un liquide grisâtre se répandit sur l’herbe tandis que des organes tombèrent dans une bouillie sanglante.


  • Venez bande d’enfoirés ! rugit Aspasia, la rage brûlant ses veines. Que je vous défonce votre gueule de merde !

Les Perfides contemplaient la scène de guerre, remarquant les ennemis de la Balance jaillissant de leurs prisons pour tenter de renverser les choses, d’anéantir l’Univers.


Les morts se levaient, hypnotisés par les ennemis de la Balance, accompagnaient les créatures dont le nom échappait généralement aux humains. Les feuilles mortes et les brindilles se craquaient à leur passage. Ils se dirigeaient tous vers un seul endroit : le manoir des Perfides où Aspasia, armée jusqu’aux dents, les attendait.


La rousse se situait debout au centre du jardin où les fleurs brillaient donnant un aspect esthétique à la propriété, elle tenait une tronçonneuse dans les mains, une grande pelle était accrochée dans son dos. Dès qu’ils l’apercevaient, ils se mettaient à courir vers Aspasia, prêts à la déchirer avec leurs dents pourries. Les Perfides entouraient Aspasia, lui donnant de la force et de l’énergie pour affronter les vagues d’ennemis.


La nuit avançait. La pluie s’intensifiait. Le tonnerre grognait. La lune avait fini par disparaître. Aspasia était sur ses gardes, le regard brûlant de rage, une conséquence des derniers événements de sa vie. Tout le stress et la peur qu’elle avait ressenti ces derniers jours s’étaient transformés en colère.


Des tentacules jaillirent de la forêt, Aspasia les esquiva avec facilité et les découpa une à une, arrachant des cris à leurs propriétaires. Les morts débarquèrent une fois de plus, dégoulinant de boue et de sang, tous hurlant et gémissant, ils couraient vers Aspasia qui se tenait prête. Elle transperça des torses et poitrines, découpa la peau verte voire grise sur les bords qui était couverte de cloques et boutons, trancha des membres aussi facilement que du jambon et décapita à plusieurs reprises des morts. Ces derniers tombaient et jonchaient le sol au beau milieu d’une bouillie sanglante et de cadavres en morceaux dont une odeur horrible s’y dégageait.


Il faisait encore noir quand tout redevint silencieux. La pluie et l’orage avaient déjà cessé. Au centre d’une marée sanglante, composée de cadavres et tentacules raides, se tenait la figure épuisée d’Aspasia, les vêtements couverts de boue et de sang, le corps froid et blessé.


L'adrénaline retomba. Aspasia frissonna, sentant le froid caresser ses vêtements trempés. L’adolescente se hâta à l’intérieur de la demeure, tremblant de froid, claquant les dents et pestant contre les créatures de l’horreur.


Bon travail, Aspasia.


La voix neutre de la bâtisse retentit dans le crâne de l’adolescente alors qu’elle se dirigeait vers la salle de bain du premier étage. Une pile de vêtements était déjà prête lorsque la jeune fille ouvrit la porte de la pièce. Fermant la porte derrière elle, Aspasia se pencha et ouvrit le robinet de la baignoire. Il était tard, le matin se levait dans une à deux heures. Par la suite, l’adolescente enleva ses vêtements ruinés et entra dans le bain chaud.

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