Suivez, soutenez et aidez vos auteurs favoris

Inscrivez-vous à l'Atelier des auteurs et tissez des liens avec vos futurs compagnons d'écriture.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
Image de profil de 426606300857163

Céline Bardau

Défi
Céline Bardau


  Un coup de feu brisa le doux silence de la nuit. La petite fille se lova sous les couvertures, tandis que ses parents, apeurés, observaient les événements à travers le mince vitrage de la chambre à coucher. Ses longs cheveux roux étaient étendus le long de son corps amaigri, à l'instant crispé par la peur. Elle ravalait silencieusement ses sanglots pour ne pas alerter son père. Elle ne pouvait libérer sa tristesse au grand jour. Tout cela est de ma faute, pensa-t -elle. De ma faute...
  Elle ajusta sa couette jusqu'à couvrir ses yeux émeraudes. Ses yeux coupables de tout les maux. Ses yeux responsables de leur peine, de leurs problèmes. Abolis. Punis.
Soudain, la voix de sa mère s'éleva au dessus du vacarme.
- Chérie, c'est l'heure de l'Emission.
Maladroitement, elle tapota la place vide à sa droite.
- Je ne veux pas, maman, murmura la petite dans un souffle désespéré.
- Tu n'as pas vraiment le choix.
- S'il te plaît...
A présent, des larmes salées coulaient le long de ses joues rougies. Elle était restée forte trop longtemps, difficilement, mais ses dernières barrières intérieures venaient de s'effondrer sans un bruit.
Contrainte à obéir, l'enfant s'installa devant la télévision qui flottait contre le mur.

  Le générique débuta, celui-là même qui rythmait ses journées depuis des mois. Ce sempiternel chant dont la signification échappait à son cerveau encore innocent. Ces images de barbarie intense, sanglante, entrecoupées de scènes de réconciliation. Elle ferma les yeux, serra les points.
- Au commencement, le monde n'était qu'imperfection. Le chaos y régnait, le peuple s'entre-tuait. Il n'y avait ni argents, ni emplois. Livré à lui même, il périssait peu à peu, indéniablement, et personne ne pouvait rien y faire... C'était sans compter la venue du Sauveur. Par son génie inégalable et sa force de persuasion, Hadolf Hitler a remanié le monde à sa façon. Un monde de perfection, destiné aux meilleurs d'entre tous.
La petite fille rouvrit ses yeux qui brillaient de rage.
- Maman, je ne peux pas... je ne veux pas... ce sont des menteurs...
La femme assise à ses côtés branla la tête de gauche à droit d'un air résigné.   - Par pitié, tais-toi.
A laide de sa main, elle démêla ses cheveux blonds, presque translucide.
- À sa mort, il passa le flambeau à son neveu, Niels Hitler. Il apporta la civilisation, la technologie, la richesse. Plus jamais le peuple n'eut faim. Il ne manquait de rien...

  Le ventre de l'enfant poussa des cris affligeants.
- Maman, pourquoi mentent-ils?  Maman ? Pourquoi j'ai faim, maman ?
Sa mère ne répondit pas. L'ignorance était son seul refuge depuis qu'était née cette fille qui les mènera inexorablement vers la mort. Tous. Un par un.
A l'écran, le présentateur vociférait toujours avec plus d'entrain son discours.
- Rien ni personne ne peut y mettre un terme. L'empire est puissant. Résistant. Incassable. Quiconque le défis se voit contraint de mourir. L'imperfection doit être éradiquée. L'empire allemand sera grand !

La porte de la chambre, pourtant exiguë, claqua bruyamment contre l'étagère qui s'effondra sur le parquet poussiéreux. Un homme en uniforme pénétra d'un pas décidé dans la pièce.    - Madame Henchliss, je sais que vous abritez sous votre toit une rebelle. Donnez-la nous et vous aurez la vie sauve.
Sans même un regard pour sa fille, sans même lever les yeux, elle murmura : - Allez-y.
12
10
0
2
Défi
Céline Bardau
   Écrire pour vivre, pour exister, voilà ma passion, mon bonheur, ce besoin insoupçonné qui se cache en moi, qui anime chaque fibre de mon être.  Comme la musique permet de vibrer à l'unisson des notes qui s'envolent dans les airs, les mots m'emprisonnent dans un univers où les rêves deviennent réalité, où tout devient possible, qu'importe les problèmes qui m'attendent en dehors de mes pages. Lorsque l'encre coule, lorsque mes doigts s'agitent sur les touches du clavier à la manière d'un pianiste, mon coeur, si frêle, si triste, bat en cadence. C'est une danse intime, un moment dont on ne parle pas, qui ne se partage pas, peu importe l'intensité des sentiments. Au fil des mots, le poids des regrets, des remords, de la honte et de touts ces pêchés que l'homme porte en lui, le poids disparaît, s'envole subitement, sans explication, aussi facilement qu'il était venu. Les points, les virgules et autres signes de ponctuation deviennent un hymne à la vie, qui crie,toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus fort, que la seule manière d'être libre, pour nous, passionnés d'écriture,  c'est d'exister à travers les mots auxquels nous donnons vie. 
4
3
0
1
Défi
Céline Bardau

(sur la chanson "All I need" de Within Temptation) 


Le ciel si lumineux
Disparait comme un mirage
Ne reste que le noir qui colore mon cœur
De toute sa splendeur
Peux-tu entendre mon cœur qui bat
A travers cette enveloppe de chair
Agonisant sous ton emprise
 
Epargne-moi
Cette déchirure
Lancinant mon corps fragile
Dévorant mon âme sans raison
Epargne-moi
Je suis si faible
Tu ne le vois pas
 
Souvenirs oubliés
Et nos rêves abandonnés
Qui s’envolent
Par une brise soudaine qui emporte tout
Peux-tu entendre mon cœur qui bat
A travers cette enveloppe de chair
Agonisant sous ton emprise
 
Epargne-moi
Cette déchirure
Lancinant mon corps fragile
Dévorant mon âme sans raison
Epargne-moi             
Que faire de nous ?
Il n’en reste plus rien
 
Je ferme les yeux
Mais je m’engouffre
Dans les profondeurs de ma tristesse
L’obscurité m’entraîne avec elle
Vers des lieux sacrés
Epargne-moi
 
Epargne-moi
Cette déchirure
Lancinant mon corps fragile
 
Epargne-moi
Cette déchirure
Lancinant mon corps fragile
Dévorant mon âme sans raison
Epargne-moi                         
Que faire de nous ?
Il n’en reste plus rien

Il n’en reste plus rien…
1
3
0
1
Céline Bardau

L’île trembla d’une seule voix lorsqu’une vague fracassante s’abattit sur sa côte. Outre les algues et résidus marins habituels, la mer déversa une forme humaine qui s’échoua, inerte, sur le sable blanc. Cette dernière respirait faiblement, les yeux clos, le teint pâle et le corps ruisselant de l’eau dans laquelle elle baignait quelques minutes plus tôt.
Une nouvelle déferlante déplaça la figure cadavérique qui, dans un effort prodigieux, remua la tête afin d’éviter le torrent qui fondait sur elle.
     Alors qu’elle reprenait doucement vie, un jeune homme qui pêchait son souper du soir l’observait de ses yeux bleus. La silhouette, aussi mortifiée soit-elle, lui semblait être une déesse. Ses longs cheveux noirs brillaient au soleil et son uniforme moulant dessinait admirablement ses courbes. Jamais il n’avait vu une femme aussi belle.
Il abandonna son activité et s’avança près de sa remarquable découverte. Avec une tendresse à peine contenue, il la plaqua contre son torse et s’aventura dans les profondeurs de l’île, prêt à tuer quiconque s’approcherait de son trophée.

     Le soleil déclinait dans le ciel quand la jeune fille se réveilla enfin. Couchée sur une paillasse en herbe de dernière qualité, elle ne voyait rien de ce qui l’entourait. Une odeur fétide montait dans ses narines et un goût métallique emplissait sa bouche.
-          O’tawo na ? s’enquit une voix derrière elle.
Elle sursauta, inconsciente de l’endroit dans lequel elle se trouvait. Son esprit embrumé ne lui permettait de plonger dans ses souvenirs que pour des cours instants. Des flash-backs lui parvenaient de son subconscient : de l’eau, une tempête et un tumulte général qui s’élevait dans l’obscurité. C’est alors que l’horreur de la situation la frappa de plein fouet. Le bateau avait coulé dans l’océan déchainé, entrainant le corps de ses parents avec lui.
-          O’mana shi ?
L’homme qui avait prononcé ces mots s’agenouilla face à elle et la dévisagea avec inquiétude. La jeune fille ne savait que répondre. L’inconnu parlait-il seulement sa langue ?
-          Où suis-je ? se renseigna-t-elle d’une voix tremblante.
-          Ile de nous. Toi être morte sur la plage.
Elle accueilli douloureusement la nouvelle. Une larme coula le long de sa joue et vint s’écraser sur la main de son sauveur qui lui caressait délicatement le visage. En dépit de la peur qu’il lui inspirait, elle ressentait un sentiment de plénitude à ses côtés. Peut-être était-ce dû à ses yeux bleus étincelants qui lui rappelait tant ceux de son père.
-          Quel est nom de Déesse ? demanda le jeune homme, articulant chaque mot avec soin.
-          Je m’appelle Marie.
-          Moi Ahoté. Fils de chef Tribu.
Ainsi, pendant les jours qui suivirent, Marie en apprit bien plus sur ce peuple sibyllin que bien d’historiens diplômés. Ses appréhensions s’étaient complètement envolées. La perte de ses parents lui paraissait si lointaine, presque irréelle, qu’elle ne ressentait plus qu’une pointe de nostalgie à leur évocation. Ce lieu semblait bercer dans une aura de magie qui l’empêchait d’abandonner ses habitants pour retrouver sa vie.

     Cependant, la routine dans laquelle la réfugiée se complaisait depuis son arrivée prit brutalement fin. L’été s’achevait sur l’île abandonnée, emportant avec lui les derniers rayons de soleil. La sécheresse s’était abattue sur cette civilisation dépendante de la pluie. Non seulement les jarres entreposées à l’orée de la forêt demeuraient vides, mais les réserves d’eaux maigrissait elles aussi dangereusement.  
C’est pourquoi, quand les premières gouttes frôlèrent le sol desséché du campement, les femmes se hâtèrent d’aller en récolter. Marie se joignit à la partie, heureuse de pouvoir finalement se rendre utile.
Le voyage fût long et éprouvant, le chemin dangereux et les pentes glissantes. A de nombreuses reprises, il s’en fallut de peu qu’elle ne se brise la cheville. Elle ne put s’empêcher d’admirer ces femmes fortes et courageuses qui n’hésitaient pas à risquer leur vie pour se procurer de quoi nourrir leur famille.
Ils arrivèrent finalement à un promontoire d’où l’on pouvait admirer l’étendue de la côte. Une rivière aux flots déchainés s’écoulaient entre des arbres gigantesques. A quelques pas seulement de cette dernière s’érigeait une grotte, sombre et délabrée.  
-          Marie, appela la doyenne du groupe dans sa langue natale, va chercher les pots vides et apporte-les ici.
La jeune fille s’exécuta rapidement. Aussitôt s’engouffrait-elle dans l’antre qu’une obscurité menaçante la foudroya. Une chape de plomb semblait recouvrir les lieux. Elle s’aventura à tâtons vers le centre de la grotte, longeant le mur pour ne pas trébucher. Les yeux plissés, elle tentait d’apercevoir les récipients qu’elle était venue chercher.  
Or, ce fut tout autre chose qui attira son attention. Un faible rayon lumineux s’infiltrait à travers la paroi rocheuse et éclairait un caillou de la taille de son poing. Ce dernier était parfaitement poli et de minces arabesques couraient à sa surface.
Marie s’en saisit précautionneusement, le déposa dans le creux de sa main et l’observa de plus près. Sa légèreté l’impressionnait, de même que sa forme : d’un ovale parfait, la pierre semblait avoir été taillée par la main d’un homme.
-          Tout se passe bien, Marie ? s’inquiéta son aînée, tout en s’engageant dans la tanière.
-          Oui, ne t’en fais pas. C’est juste que… je ne trouve pas les jarres.
Lorsque la vieille femme franchit les quelques pas qui les séparaient encore, Marie se hâta de déposer la gemme dans sa besace en cuir. Bien que des centaines d’éclats de roches tapissaient le plancher de la région, sa raison l’incitait à ne pas divulguer sa trouvaille. « On ne sait jamais ce que je pourrais en tirer », spécula-t-elle intérieurement, déjà convaincu d’attirer la convoitise des petits marchands du village.
-          Dépêche-toi, le soleil se couche déjà ! Nous ne pouvons pas traîner plus longtemps, les enfants ont besoin de liquides pour étancher leur soif.
Plongée dans un monde de gloire et de richesse, la jeune fille effectua le trajet du retour dans un profond mutisme.
0
1
0
4
Vous êtes arrivé à la fin
0