276, allée du champ du frêne...

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J'ai vécu huit ans là-bas. Et comme son nom l'indique, ça ne ressemblait pas vraiment à une rue comme on les imagine dans les villages ou les hameaux. Ni même une allée quand on y pense, puisqu'elle se terminait en cul-de-sac dans la cour gravillonnée de ma maison. Et en dépit du numéro de mon adresse, il n'y avait aucune autre demeure riveraine de cette allée, juste des champs et des bosquets à perte de vue, et un ruisseau qu'on entendait couler au loin. Le plus proche de nos voisins habitait à 276 mètres de chez nous, sur un chemin adjacent dénommé Luisandre, mais notre "quartier" était tellement clairsemé que nous étions artificiellement associés à d'autres lieux-dits pour former le hameau de Ver Lu Pi Thiou - contraction de Vernet, Luisandre, Picolet et Thioudet.

Le cadre était on ne peut plus campagnard, la plupart des habitations de mon "quartier" étant des fermes, encore en activité ou rénovées par quelques citadins en mal de nature. Mes parents étaient de ceux-là, et la mère de mon meilleur ami de l'époque, sis à quelque 800 mètres de chez nous (notre second plus proche voisin), l'était tout autant. Le calme olympien de ce "bout du monde" n'était que rarement perturbé par le beuglement des vaches, que mon chien se plaisait à taquiner régulièrement, ou le bruit d'un quelconque tracteur. Rien d'autre, mis à part quelque "étranger" venu se perdre par erreur dans notre impasse, et utilisant le chemin de terre qui jouxtait notre propriété pour faire demi-tour.

J'en ai passé, du temps à arpenter mon allée à vélo, pour retrouver mon pote chez lui, me rendre au collège situé à 3 kilomètres de là, ou à l'arrêt de bus tout aussi éloigné pour me diriger vers le centre-ville de l'agglomération toute proche.

Et puis vinrent les tractopelles et les bulldos, tous ces engins voués à défigurer mon allée pour y faire traverser une rocade de contournement "urbain". Désormais, il me fallait franchir deux intersections très passantes et faire un immense détour pour gagner la maison de mon pote. Ver Lu Pi Thiou n'existait plus, le chemin de Luisandre non plus, trop morcelé pour conserver son unité paysagère d'antan.

Adieu les jolis souvenirs champêtres, nous déménagerons quelque temps plus tard pour un ailleurs plus anthropisé mais où personne ne pourrait plus subtiliser le coin de nature éternelle qui y subsistait.

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