3. Urgence - 2/2

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De petits rires. Non, plutôt des gloussements étouffés dans une main. J'émerge doucement du sommeil et entre-ouvre une paupière. Penchés au-dessus de moi, les Soldats ricanent dans leur paume comme lorsqu'ils préparent un mauvais coup bien tordu. J'essaie de me relever et ce n'est qu'à ce moment que je le sens : mon dos est collé au torse de Noah et son bras m'entoure la taille.

Oh non. J'ai dormi sur le canapé avec Noah Ray. Merde. À en croire sa respiration régulière, il dort. Chelsea et Dwayne sont encore en train de ricaner en nous regardant. En tentant d'enlever délicatement le bras qui m'enserre la taille, je jette un coup d'œil à l'horloge murale. Remerde. Si on ne se grouille pas, les petits vont arriver en retard. Je n'y tiens plus et je me dégage vivement de Noah, ce qui a pour mérite de le réveiller.

- Salut.

Pour toute réponse, je grogne. Je n'apprécie pas trop son sourire aujourd'hui. En plus, je n'ai pas mon quota de sommeil alors je risque d'être de mauvaise humeur. Je me lève rapidement. Ni le temps de me changer - je porte toujours mes habits de la veille - , ni celui de manger. Au moins, je peux compter sur les morfales que sont Dwayne et Chelsea pour avoir déjà englouti leur petit-déjeuner sitôt sortis du lit. J'attrape mon sac et mes clefs tandis que Noah en est encore à s'étirer. Je pousse les Soldats dehors et me dirige vers l'arrêt de bus au bout de l'allée. Cependant, Lorsque nous arrivons, je vois le bus s'éloigner au loin. Noah nous propose de nous emmener et j'accepte d'un hochement de tête. On n'est pas à ça près.

Après avoir déposé les Soldats à l'école dans son véhicule noir, Noah m'accompagne au lycée. Le trajet se déroule en silence, alors que j'essaie en vain de trouver quelque chose d'intelligent à dire. En claquant la portière de la voiture de Noah, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche.

Sam : Urgence A

Merde. L'Urgence A, on l'a mise en place avec Alex et Sam pour les problèmes qui font couler les larmes en flot continu. Rendez-vous sous les gradins, Alex pleure. C'est que signifie ce message.

- Bye. Et merci beaucoup...

Je plante Noah là et cours vers le terrain de foot. Je l'entends crier mon prénom derrière moi mais je ne me retourne pas. Alex est plus importante qu'un lycéen perplexe. En plus, il ne peut pas venir avec moi sous peine de rompre notre contrat.

Quand j'arrive sous les gradins, je trouve Alex sanglotant dans les bras de son frère. Je ne pose pas de question. Elle se livrera toute seule quand elle se sentira prête. En attendant, je la serre fort dans mes bras pour qu'elle sente ma présence. J'essaie de desserer ses doigts crispés autour de son téléphone. Entre deux reniflements, j'arrive à comprendre l'essentiel :

- Elle se marie samedi... Son fiancé à l'âge de Papé...

Mon père étant son grand-père, on utilise le surnom Papé pour parler de lui. Il a beau être mon paternel, Alex le connaît bien mieux que moi. Il ne s'est jamais intéressé à la petite bâtarde qu'il a eu avec une danseuse et chanteuse française célèbre de vingt ans sa cadette, Léanor de Bogny, dont il n'a même pas assisté à l'enterrement. À vrai dire, moi non plus, je n'ai jamais cherché à m'intéresser plus que ça à lui. Tout ce que je sais de lui provient de mes neveux et nièces.

- C'est son patron... Il est arrière-grand-père...

- Chut...

- Elle se marie samedi...

Elle continue de marmonner cette phrase en sanglotant contre mon épaule déjà trempée.

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