La grande peur

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— J’ai deux amoouuurs !

Chantait Radio Londres.

— Jean, Jeaaann ! Éteins cette putain de radio, on va se faire choper un de ces quatre…

— Mais que tu es fatigante ma Jeanne ! Les alliés ont débarqué en Normandie et chez nous dans le Var..

— Mais ils sont encore là les frisés. Il paraît que dans le centre de la France ils ont brulé tout un village ces salauds !

— Mais arrête d’avoir peur… Hier ils étaient à Brignole ; ils cavalent comme des lapins, tu leur mets une plume au cul ils sont à Berlin le temps que tu te retournes.

— Mais tu débloques mon pauvre J… Tu as raison, ils se barrent. La guerre est finie, la guerre est finie…

Partout dans le bourg résonnaient La Marseillaise et l’internationale. On s’embrassait on dansait . Aux cris de joie répondaient des cris de colère et des insultes. Libres de penser et de parler, ils en profitaient. Ils n’auraient jamais osé avant .

— Salauds, pourris…

Le drapeau honni qui flottait sur la mairie depuis quatre ans était déjà à terre ; tout était permis désormais.

Un avion survola le village,

Il vira sur une aile et…

Tous ici les craignaient. Les Stukas qui volaient en rase-motte, repéraient, dépassaient et alors qu’on les croyait passés, revenaient...Gare à celui qui n’avait pas plongé assez tôt.

Le chasseur entamât un impeccable demi-tour il ne fit pas mine de piquer du nez comme un Junker nazi, mais prenait son virage tranquillement pour saluer les badauds rassemblés. C’était peut-être un piège, ou bien c’était les alliés.

— C’est un Américain, il n’y pas de croix gammée sur la queue, putain un amerloque, Vouaaais !

Le cri de victoire repris par tout un peuple fut coupé net.

Un Tatatata, venu de derrière la colline… ils n’étaient pas loin ces barbares, ils étaient encore dangereux.

Le P-47 Thunderbolt partit en vrille, une fumée blanche accompagnait sa chute

Bang, bang, bang, Baoooum…

— Il s’est écrasé dans les gardis, le pauvre !

— j’ai vu un parachute, le pilote n’est pas mort.

— Allons le récupérer…

Le mouvement de foule fut rapidement inversé. Le cantonnier courrait essoufflé de la ou il travaillait il avait une vue privilégiée sur la route principale. Il gesticulait criait visiblement épouvanté.

— Arrêtez, ils reviennent, les boches reviennent, il y a une colonne en bas, une jeep deux blindés et un camion...

— Vite, il faut se cacher, ils vont bruler le village !

Et dans un même élan, tous ceux qui partaient sauver ce pauvre pilote américain firent demi-tour.

— A la glacière, dans la grotte !

— Non, ils viennent par Le Logis, ils nous prendraient avant qu’on y arrive…

— Dans le parc, la grotte de belle-vue...ils ne nous y trouveront jamais.

Ainsi fut fait. En deux temps ,trois mouvements, la totalité des habitants, qui courant, qui marchant, se hatérent vers cette bienveillante cachette.

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