Mort-vivante

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Nuit claire. Une lune pleine. Ses rayons de vie percent l’obscurité. Se reflètent sur une surface opaque, tranquille et silencieuse. De l’eau noire. Une mer agitée comme un mort. Pleine de néant. Puis, soudain, un bruit inaudible. Une chute lente. Un cri faible.

La femme tombe du ciel dans l’eau profonde. Disparaît sous la surface pour ne jamais plus reparaître. Elle glisse comme une ancre vers le fond marin. Son corps est raide et pâle. Il éclaire l’eau de sa noirceur. Un spasme traînant qui a trop traîné agite la légère masse. Qui s’anime. Ouvre une paupière. Puis l’autre. Découvre son châtiment. Lance un hurlement silencieux. Mais seule l’eau sourde l’entend.

La femme est horriblement belle. Resplendit de toutes ses ténèbres. Elle semble le fruit inavouable d’une sirène et d’un démon. Sublime et terrible, pure et diabolique. Son visage est celui d’un ange défiguré par une goule, celui d’une goule bénie par un ange. Deux yeux sombres aux reflets lumineux. Sa bouche ressemble à une fleur enduite de cendres. Une chevelure pareille à une méduse céleste. Elle est la mort, et donc, la vie.

Elle s’agite mollement. Aussi légère que du plomb, elle tente vainement de remonter, de retrouver la mort. Ses bras fins solides comme des poutres brassent le vide. Partagent le néant un long instant. Calmement, elle panique. Sa bouche s’ouvre sur un nouveau cri. Puis se ferme. L’eau vibre de sa détresse. La créature tente d’inspirer la vie, mais n’aspire qu’à la mort. Ses cheveux l’entourent d’une aura méphistophélique. Mais son hideuse beauté ne la sauvera pas de ce paradis funeste.

Surgies de nulle part, des mains apparaissent. Agrippent faiblement les pieds de l’être en détresse. Puis les tirent, emportant la femme avec. Vers le bas, vers la fosse sans fin sans fond. Elle rue. Donne coups de pieds et de poings. Ses attaques ne touchent que du vide. Les mains qui l’emmènent n’existent pas. Heureuse de désespoir, sa bouche s’agrandit sur un sourire de tristesse et des bulles s’en échappent. Puis tombent, pesantes.

La créature tourbillonne fixement, s’agite immobilement. L’eau l’emporte au ciel. La fin débute, le début se termine.

La vie la prend, la mort la quitte.

Elle naît.

Dans un cercueil.

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