Chapitre 8 (première partie)

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Goldhand regardait par la fenêtre le long fleuve de la Vapeur Bleue qu’il traversait pour rejoindre l’Ouest de Saltship dans un petit taxi à vapeur. Le pont en métal robuste surplombait de sa hauteur les deux côtés de la ville avec les quartiers de l’Est enfumés dans la poussière des usines et les grandes tours de l’Ouest scintillantes en contrepartie.

Après quelques instants, la voiture déposait le détective avant de disparaître dans la circulation. L’Ouest était sans cesse en mouvement et les foules remplissaient les rues resplendissantes de la cité. L’imposant Jack était à présent dans un quartier résidentiel de l’Ouest et il cherchait avec entrain la demeure de la famille Abraham-Ford. Après quelques minutes il découvrait le nom sur une entrée et il frappa avec énergie contre la porte sculptée avant de prendre un cure-dent en attendant qu’une personne ouvre. Rapidement, des pas résonnaient avant que la demeure ne s’ouvre. Un majordome à l’air sévère ouvrait à Goldhand.

-Que souhaitez-vous, Sir ?

-Je souhaite parler à Monsieur et Madame Abraham-Ford.

-A quel sujet ?

-Leur fils.

L’homme en costume semblait intrigué et il demanda au détective d’attendre avant de partir précipitamment. Quelques minutes plus tard, celui-ci revint et invita l’homme à pénétrer la demeure.

-Vous pouvez rentrer, madame vous attend.

Jack craqua puis jeta son cure-dent avant de suivre le majordome qui dirigeait le détective vers un salon décoré et fleuri. Une femme se tenait dos aux deux hommes, face à une fenêtre menant sur la rue. Elle tenait un verre à la main et esquissait un geste pour que le majordome quitte la pièce afin de laisser les deux personnes converser. Enfin, la femme se retournait au-devant du détective et lui esquissait un bref sourire avant d’inviter l’homme à s’asseoir. Elle était habillée d’une robe pourpre et était soigneusement coiffé. Quelques bijoux qui valaient sûrement plus que tout ce que Goldhand possédait ornaient ses poignets et son cou. Elle avait un air sévère accentué par les quelques rides naissantes autour de ses yeux. Ne le lâchant pas des yeux, Jack s’installait sur un divan en face de la propriétaire des lieux.

-Votre mari n’est pas présent ?

-Il travaille à la banque de Saltship, dans le quartier du marin joyeux. A quelques kilomètres d’ici.

Un silence régnait à nouveau entre les deux personnes. De ses yeux perçant, Madame Abraham-Ford tentait de décrypter le personnage qu’elle avait en face d’elle. Jake profitait du silence pour sortir un cure-dent et le placer entre ses dents.

-Vous fumiez avant Monsieur Goldhand ?

-J’ai arrêté.

-C’est de là que vous vient cette manie du cure-dent ?

-Madame je viens pour vous parler de votre fils. Savez-vous…

-Je me fiche de lui, coupait la femme. Il nous a rendus malheureux à bien des égards. Il a en quelques sortes détruit ce foyer.

Les pas du majordome approchaient alors que celui-ci apportait un coffret et une bouteille d’alcool réputé. Il posait le tout avant de prendre à nouveau congé. La femme ouvrait la boîte, le tintement de ses bijoux accompagnant le geste. Le coffre proposait des cigarettes joliment décorées que Madame Abraham-Ford proposait au détective en tournant le coffre vers celui-ci. Sous l’appui du regard de celle-ci, Jack prenait une cigarette et avant de la porter à sa bouche, l’allumait grâce au feu que la maîtresse de maison offrait.

-Je sais pourquoi vous venez, Monsieur Goldhand. J’ai entendu parler de ces meurtres mystérieux. Il y en a d’autres et même de côté Ouest mais la plupart reste près du port. Je vais vous avancer dans vos recherches, celui qui tue ses personnes ne les choisis pas au hasard comme un banal serial killer. Mon fils comme moi-même sommes partisans du candidat Anthony Thaddeus Newton.

-Vous voulez dire que le meurtrier souhaite la défaite du candidat.

-Sans aucun doute.

-Cela va plus loin qu’une simple affaire de meurtre. C’est au-dessus de mes fonctions de détective.

-Allons, vous savez très bien que vous n’êtes pas qu’un simple détective.

Jack avait l’impression que cette femme en savait beaucoup trop sur lui. Il écrasait le cigare dans un cendrier à l’effigie du blason de la ville avant de se lever délicatement.

-Merci pour vos informations madame Abraham-Ford.

-Vous partez déjà Sir Goldhand ?

- Vous m’avez largement aidé. Au revoir madame.

-Vous savez pourquoi mon fils vivait comme un moins que rien à l’Est ?

Jack Goldhand s’arrêtait net dans son élan avant de dévisager la femme qui posait son verre de vin sur la table du salon. Elle s’approchait du détective jusqu’à se trouver à quelques centimètres de son visage. Jack apercevait de près les pupilles turquoise de l’étrange femme scintiller.

-C’était un drogué, cette fichu poudre de kraken. Il profitait de nous et ne faisait rien de ses journées exceptées sortir pour traîner dans des bas quartiers. Un soir, après une journée de beuverie, mon mari a décidé que s’en était de trop. Il a eu des mots durs et les deux en sont venus aux mains. Mon fils a fracassé la tête de mon mari contre un meuble. Il a ensuite déguerpi, complétement désemparé par la scène. Je n’ai eu des nouvelles de lui que par l’intermédiaire de connaissances.

Sans un mot, Jack Goldhand scrutait la femme avant de quitter la pièce et la demeure. En sortant, il découvrait un soleil se couchant derrière les grands appartements du quartier de la fortune pourpre.

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