La pomme d'Adam

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Adam ne réalise pas tout de suite ce qu’il se passe, trop occupé à regarder la fille grimper au rideau sur sa pine. Quand il veut la saisir pour reprendre le contrôle de la situation, il ne peut pas bouger ses bras au-dessus de sa tête. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Il tente de replier ses jambes, mais ses pieds sont bloqués. La furie continue à glapir sur ses cuisses. Il comprend.

– Putain, tu m’as attaché, connasse ! J’te jure que tu vas le regretter, espèce de salope en chaleur ! Détache-moi ! aboie-t-il, en envoyant de violents coups du bassin.

Ève aurait voulu profiter plus longtemps des derniers spasmes de plaisir, mais elle doit calmer l’homme avant qu’il n’ameute les voisins. Et comme d’habitude après l’orgasme, elle se sent encore plus affamée. Elle l’enjambe tandis qu’il tressaute sur le lit. Sa vulve coule sur le matelas et le long de sa cuisse. Elle s’en fout. Elle appuie sur l’interrupteur de la lampe de chevet et une lumière blanche se répand dans la pièce. Elle ouvre un tiroir métallique et en sort son couteau de chef. Ça aiguise sa fringale. Elle se tourne vers l’homme et pose la lame sur sa gorge en souriant. C’est la première fois qu’ils se voient aussi distinctement depuis leur rencontre dans le club. Dans ses pupilles de chasseur, elle regarde la rage céder la place à la peur. Elle aime ça.

– Qu’est-ce que…

– Tu sais que tu as été parfait, ce soir ? Un véritable enfoiré de queutard. J’ai pris mon pied, tu peux pas imaginer. Et maintenant j’ai une de ces dalles !

– Mais t’es tarée, ma parole ! Détache-moi !

Ève appuie le tranchant un peu plus fort sur sa gorge. L’homme se fige à nouveau.

– Hé, oh, t’oublies qui a le couteau, là. Il faudrait parler plus gentiment à la dame, tu ne crois pas ?

Ève voit briller une lueur d’espoir dans ses yeux. Il va faire le toutou mignon, elle le sait. Ça l’amuse.

– OK, OK. Déconne pas. Écoute, tu me détaches, je prends mes affaires et je me casse sans rien dire, j’te jure…

Ève soupire.

– Vous êtes tous les mêmes, hein ? Tu crois vraiment que je vais te laisser partir comme ça ? Elle se retient de rire. Mais vu que t’as assuré comme un étalon, je te propose un petit jeu... Si tu gagnes, je serai peut-être gentille avec toi.

D’une main, elle saisit deux pommes vertes dans la corbeille de fruits à droite de la lampe. Il la suit des yeux sans rien dire.

– Je sais pas toi, mais moi j’adore les pommes. Ça doit être mon prénom qui veut ça ! En tout cas, voilà ce qu’on va faire… Tu vas voir, je suis joueuse. On va chacun en prendre une dans la bouche, bien coincée avec les dents, et le premier des deux qui la croque et la fait tomber a perdu. D’accord ?

Sans lui laisser le temps de réagir, Ève positionne le fruit sur ses lèvres.

– Allez, ouvre la bouche. Plus grand. Voilà, c’est bien. Referme, mais pas trop ! Si tu la croques, c’est fini. Bon. À moi, maintenant.

Ève enfonce à son tour la pomme entre ses dents et la mord pour la tenir bien en place. Puis elle se lève le couteau à la main. Il est temps de préparer la découpe, se dit-elle, fredonnant du fond de la gorge.

Faisant le tour du lit, elle dégage les bacs de récupération métalliques de sous le matelas puis revient vers l’homme. De la salive blanchâtre dégouline de sa bouche. Sa pomme aussi commence à se ramollir, mais elle est confiante. Elle se penche vers lui.

– Hm hm ? articule-t-elle de la gorge.

Il répond d’une purée de mots inintelligibles et suppliants. Elle lit de la terreur dans ses yeux. Il était plus beau quand il se la jouait « chasseur », se dit Ève, mais elle sait d’avance qu’il sera tout à fait à son goût.

D’une série de gestes experts, elle découpe sa chemise, son jean et son caleçon et retire ses chaussettes. Le voilà nu comme un vers sur le matelas plastifié. Comme si la pomme ne suffisait pas, la vue de ce corps musclé la fait saliver de plus belle. Elle déglutit. Mais ce dont elle raffole par-dessus tout, c’est l’ornement de chairs entre ses cuisses.

Elle s’assoit sur le bord du lit et pose des yeux gourmands sur le sexe flasque qui coulissait en elle comme un piston, quelques minutes auparavant. En plus, il se rase les couilles, remarque-t-elle ravie, en saisissant les testicules encore chauds dans sa main. L’homme gémit.

Ève caresse le pénis mou pour en faire sortir le gland. Son estomac gargouille. Ses yeux pétillent d’envie. Elle approche son couteau. Elle n’en peut plus d’attendre.

Elle entend alors le son distinctif du « croquement », tandis que l’homme se met à hurler. Elle croque la pomme à son tour.

– Perdu ! s’écrie-t-elle, en lui tranchant la gorge.

Fini de jouer avec la nourriture, se dit Ève, il est grand temps de passer à table.

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